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PortraitZaha Hadid disparaît avant de réaliser son Grand Théâtre de Rabat

31.03.2016 à 17 H 30 • Mis à jour le 31.03.2016 à 17 H 53 • Temps de lecture : 4 minutes
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L'architecte irako-britannique est décédée aujourd'hui à l'âge de 65 ans. Elle avait été choisie par Mohammed VI en 2010 pour la réalisation du Grand Théâtre de Rabat. Un projet qui devait être achevé en cinq ans et qui n'est toujours pas sorti de terre.

L’architecte irako-britannique Zaha Hadid est morte à l’âge de 65 ans, victime d’une crise cardiaque, a annoncé son cabinet. « C'est avec une grande tristesse que Zaha Hadid Architects confirme que Zaha Hadid est décédée subitement à Miami tôt ce matin. Elle souffrait d'une bronchite contractée plus tôt cette semaine et a eu une crise cardiaque pendant son traitement à l'hôpital », a indiqué son cabinet dans un communiqué. Jusqu’à la fin des années 90, l’architecte née à Bagdad en 1950 n’avait, pourtant, quasi rien construit.


Après ses études à Londres et un passage par l’OMA de Rem Koolhaas, elle a multiplié les concours perdus et donné des cours. Ses premiers projets étaient de superbes peintures à l’huile, avec des formes et des couleurs tirées des constructivistes russes et de Malevitch. Mais on avait quelque peine à distinguer le bâtiment.


Une architecture morphologique

Son premier projet construit fut la caserne de pompiers de Vitra près de Bâle. L’architecture de Zaha Hadid se situait hors de tous les schémas habituels. Déconstructiviste, elle reprenait les morphologies de la nature, évitait les angles droits. Elle était hybride et évolutionniste, en rondeurs baroques, libérée des contraintes euclidiennes... et donnait bien du fil à retordre aux ingénieurs.


En 2015, Zaha Hadid recevait la prestigieuse médaille d’or décernée par l’Institut royal des architectes britanniques (RIBA). VISUALNEWS


Figure majeure de l’architecture, elle est la première femme à avoir remporté le prix Pritzker – le « Nobel » d’architecture – en 2004. En 2015, elle recevait la prestigieuse médaille d’or décernée par l’Institut royal des architectes britanniques (RIBA). « Zaha Hadid est une force formidable et influente à l’échelle mondiale en matière d’architecture », avait alors souligné Jane Duncan, la présidente du RIBA, qualifiant son travail d’« extrêmement expérimental, rigoureux et exigeant ».


Avec les progrès de la construction par ordinateur, tout devint permis et l’imagination de Zaha Hadid ne connut plus de contraintes techniques. Parmi ses réalisations les plus marquantes figurent le MAXXI, le Musée national des arts du XXIe siècle à Rome, ou la piscine olympique de Londres. Elle a également conçu le tremplin de saut à ski d’Innsbruck en Autriche, les opéras de Canton en Chine et de Cardiff au Pays de Galles, ou encore la tour du troisième groupe de transport maritime mondial CMA-CGM à Marseille, en France. On trouve ses créations partout dans le monde, de Bakou à Cincinnati, de Rome à Séoul. Elle devait superviser la construction du stade olympique pour les JO de Tokyo en 2020 mais son projet, jugé trop onéreux, a été abandonné.


Le Grand Théâtre de Rabat orphelin

En 2010, l’architecte superstar avait été choisie par Mohammed VI pour la réalisation du Grand Théâtre de Rabat pour plus de 120 millions d’euros. « Je suis vraiment honorée d'être choisie par Sa Majesté le Roi [Mohamed VI, ndlr] pour accomplir cette mission. C'est un projet très important, vu sa situation stratégique où se joignent tous les monuments et sites, ainsi que les deux médinas de Rabat-Salé », avait confié Zaha Hadid à la presse locale. Rares sont ceux qui savent pourtant qu'aucun concours n'avait été organisé pour ce projet. Hadid avait été repêchée par le roi après avoir été recalée du concours pour la réalisation du CasaArts, remporté par Christian de Portzamparc avec Rachid Andaloussi.


Vue d'artiste de la scène principale du Grand Théâtre de Rabat. URBANSCENERY


D'un design moderne et d'une architecture audacieuse et aérienne, le style de cette infrastructure est principalement caractérisé par une propension pour les entrelacs de lignes tendues et de courbes, les formes pointues et la superposition de plans. Une conception voulant épouser les méandres du fleuve Bouregreb, mais qui rappelle furieusement les plus récentes réalisations de l’architecte dans les pays du Golfe.


Vue d'artiste du Grand Théâtre de Rabat aux courbes épousant les méandres du fleuve Bouregreg séparant Rabat de Salé. ZAHA HADID ARCHITECT


Il aura fallu plus de quatre ans après la signature de la Convention avec l’Agence du Bouregreg chargée de la réalisation du projet pour que les premiers terrassements débutent. Le bâtiment voulu par Hadid aurait du être achevé au bout de 56 mois. Un retard consécutif aux déboires d'Emaar dans la vallée du Bouregreg, dont le pilotage a été depuis confié et assuré par Wessal, le fonds dirigé par Yassir Zenagui.


La disparition de Zaha Hadid pourrait cependant changer la donne, à moins que Mohammed VI ne décide de maintenir le projet comme l'avait fait François Mitterrand pour la Grande Arche de la Défense à Paris dont l'inauguration a lieu en 1989, deux ans après la mort de son architecte, le danois Johan Otto von Spreckelsen.


Avec Agences

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