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PortraitMoi, Samira, seule femme agent de joueurs de football du monde arabe

14.07.2016 à 19 H 19 • Mis à jour le 14.07.2016 à 19 H 19 • Temps de lecture : 5 minutes
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En plein mercato d’été, Samira El Abdi, 41 ans, est la seule femme au Maroc et dans le monde arabe à investir le monde du football en tant qu’agent de joueurs, conseillère sportive et organisatrice de tournois. Parcours d’une femme qui refuse de meubler le banc de touche.

Si le football se féminise depuis quelques années, les dirigeants et les métiers liés à ce sport saturé de testostérone font encore de la résistance. Au Maroc, il a fallu attendre 2008 pour qu’une femme fasse sauter ce verrou. Il s’agit de Samira El Abdi. Cette mère de quatre enfants a quitté un poste peinard dans une société de services montée avec son mari pour une intrusion dans le milieu des footeux. « Je suis venu au football via le droit. Après la naissance de mes deux premiers enfants, j’ai repris mes études de droit. En 2007, l’université d’Oujda lance un cycle supérieur en droit, économie et management du sport. Je n’ai pas hésité une seconde à me lancer », se souvient Samira. Un placement qui va s’avérer très fructueux au moment où notre football est en pleine mutation.


Balle au centre

Pourtant, le rapport de Samira au sport remonte à une vague pratique de l’athlétisme pendant son adolescence. Alors qu’elle revient sur les bancs de la faculté de droit en 2007, les dirigeants de la Mouloudia Club d’Oujda (MCO), alors en seconde division, se lancent dans une restructuration du management du club pour préparer son retour en division d’élite. Pour réussir ce virage, le MCO fait appel à Samira El Abdi pour occuper le poste de directeur général du club. Une première au Maroc. Travailleuse infatigable, Samira écume les formations organisées par la Fédé et la FIFA. « Ca m’a permis de bien comprendre la structure et l’organisation des clubs de football au Maroc et d’en définir les besoins urgents », explique-t-elle. Son premier constat est amer : nos clubs n’obéissent à aucune règle de management et souffrent d’un déficit abyssal en ressources humaines. Forte de sa formation juridique combinée au management du sport, Samira est aux premières loges au moment du lancement du chantier de la professionnalisation du football en 2010. Elle participe ainsi au comité de la Fédé chargé de préparer le statut et le transfert des joueurs ainsi que les cahiers des charges permettant aux clubs d’obtenir le statut de club professionnel. Un travail qui va taper à l’œil des clubs du Big Four de la Botola Pro qui font appel à ses services pour auditer leur fonctionnement.


Propulsée dans le milieu du football, Samira prend ses marques et se lance dans un métier à la réputation sulfureuse et synonyme de prédation : agent de joueurs. PJD.MA


Madame Mercato

 Propulsée dans le milieu du football, Samira prend ses marques et se lance dans un métier à la réputation sulfureuse et synonyme de prédation : agent de joueurs. « Depuis 2010, la FIFA est très regardante sur l’organisation de ce métier dans le monde entier et pousse les fédérations à mettre de l’ordre dans les transferts des joueurs. En 2012, j’ai passé l’examen pour obtenir la licence d’agent de joueurs organisé par la FIFA au Maroc », se rappelle-t-elle. Sur les 80 candidats, ils ne sont que huit à être shortlistés dont Samira qui décroche la première note. Quand elle ouvre son cabinet de consulting sportif, elle est au four et au moulin. Elle développe un solide réseau au sein des clubs et organise de façon sporadique des tournois. « Au début, je recevais de CV et des vidéos de joueurs d’Afrique subsaharienne et d’Amérique du Sud qui ne savaient pas que j’étais une femme. Au fil des contacts et des négociations, ils sont agréablement surpris », lance-t-elle tout sourire. En matière de football, inutile d’essayer de lui poser une colle pour prouver votre virilité. Elle a trouvé une astuce. Consciente de la limite de son bagage technique pour déceler les bons joueurs, elle n’hésite pas à se faire coacher par des professionnels qui connaissent les secrets du football et disposent du flair nécessaire. « En plus du visionnage d’interminables vidéos des joueurs, j’ai développé également un réseau de recruteurs dans les stades des quartiers ainsi que les clubs des divisions amateurs », ajoute-t-elle.


Bulle spéculative

Son premier placement en Botola Pro sera le milieu du terrain Abdelkader Kadi, qui se fera du MCO au Difaâ d’El Jadida (DHJ). Samira, découragée par le manque de professionnalisme et l’anarchie qui règne dans le marché des joueurs au Maroc, se spécialise dans les transferts des joueurs subsahariens vers les championnats du Moyen-Orient. « Dans les pays du Golfe, le marché est mieux structuré et la règlementation très stricte. Il ne suffit pas de commercialiser un joueur, il faut faire le suivi pour gérer également sa carrière et son image », précise-t-elle sans fournir plus de détails sur les montants des transferts et les joueurs de son écurie. Secret industriel ! Pourtant, les montants des transferts au Maroc sont astronomiques comparés aux qualités techniques des joueurs et au niveau du championnat, « il s’agit d’une tendance inflationniste dictée davantage par la spéculation et la multiplication des intervenants que par la performance et le talent des joueurs », analyse-elle. Elle en donne pour exemple l’absence d’outils techniques et statistiques pour évaluer les joueurs : heures de matchs, d’entraînements, dossiers médicaux détaillés…En clair, au Maroc les président ou membres des comités de clubs, les entraîneurs et même certains joueurs font partie de la chaine de commercialisation des joueurs, dopant de façon artificielle les montants des transferts dont le joueur ne touchent souvent qu’une partie. Une situation qui ne vas pas durer puisque la FIFA a décidé qu’à partir de 2017, la FRMF sera dans l’obligation de fournir la liste des agents agréés qui doivent à leur tour déclarer les transactions et les montants des transferts réalisés. « Cela va permettre aux agents de s’organiser pour mieux défendre les intérêts des joueurs et avoir une représentativité au sein de la fédération  », explique Samira, dont l’une des activités principales consiste à défendre les joueurs devant la commission des litiges de la Fédé. « Notre football est en pleine structuration et les femmes doivent faire partie de ce changement » conclut-elle.

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Par @HichamMood
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