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Note de veilleLe Palais fait savoir son exaspération envers Abdelilah Benkirane

21.07.2016 à 13 H 02 • Mis à jour le 21.07.2016 à 14 H 21 • Temps de lecture : 4 minutes
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Un bref article paru hier sur le site de Jeune Afrique révèle que l’entourage royal est mécontent des sorties du Chef du gouvernement, tantôt fustigeant l’administration qui favoriserait ses adversaires du PAM, tantôt faisant état d’indiscrétions sur ses échanges avec Mohammed VI.

Avertissement, on ne peut plus clair. Le Palais a fait savoir son mécontentement envers le Chef du gouvernement, dont l’attitude exaspère. C’est du moins ce que révèle le site de Jeune Afrique, qui cite un proche du souverain, sans pourtant le nommer.


L’attaque est frontale. Abdelilah Benkirane « se comporte en opposant le week-end venu, lors des réunions et meetings du PJD », alors que dans d’autres circonstances, il encense le roi à tout va, lui jurant une fidélité absolue, même si ce dernier décidait de l’envoyer au cachot, selon les termes effectivement tenus à maintes reprises par l’homme fort du PJD. Déclaration jugée « particulièrement irresponsable », par l’entourage royal, ajoute JA.


Benkirane joue sur deux tableaux

Depuis quelques temps, le Chef du gouvernement a repris ses vieilles habitudes pour fustiger ses adversaires politiques du PAM, le parti fondé par le Conseiller royal Fouad Ali El Himma et dirigé depuis peu par Ilyas El Omari, récemment porté à la présidence de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima. On se rappelle des « crocodiles » et autres « démons », dont il qualifiait « l’Etat profond » à son début de mandat, accusant sans fard l’entourage royal et l’appareil sécuritaire d’entraver sa politique.


La conjoncture de pré-campagne électorale pousse Benkirane, porté par une popularité certaine, à jouer sur deux tableaux : Il use de son statut de Premier ministre, dont les médias scrutent faits et gestes, pour porter des coups de canifs à ses rivaux.


La ligne jaune a été franchie, selon le Palais, lorsque Benkirane, allié avec un parti de l’Istiqlal entré en dissidence ouverte, a incriminé le ministère de l’Intérieur de vouloir baliser le terrain au PAM en vue du scrutin législatif d’octobre.


Autre sujet d’agacement, les libertés prises par le Chef du gouvernement dans ses petites révélations accordées à la presse sur les conversations qu’il a en privé avec le Souverain. Une attitude qui tranche avec ses prédécesseurs qui n’ont jamais fait état de telles confidences, et qui ravit forcément le public, avide de secrets de Cour.


Une image d’émancipation boostée sur Internet

Benkirane a bien compris dans sa stratégie de communication tout feu, tout flammes, que laisser entendre qu’il a l’oreille du roi dans une sorte d’attelage fait de complicité et de partage de pouvoir, ne pouvait que renforcer son statut de premier Chef de gouvernement émancipé après la valorisation de la fonction par la Constitution révisée de 2011. L’armée numérique du PJD mobilisée sur les réseaux sociaux, en a fait, sans surprise, un puissant vecteur d’image pour son champion.


Jusqu’ici, la conviction partagée était que cette nouvelle donne au cœur du pouvoir était le signe d’un assouplissement des règles, une sorte de modernisation sous contrôle, où les rôles de chacun étaient savamment répartis. Au Chef du gouvernement une image rénovée d’homme d’Etat qui agit et parle librement jusqu’à évoquer ses échanges téléphoniques avec le roi, au Chef de l’Etat, l’arbitrage sur les dossiers stratégiques, au-dessus de la mêlée politique.


Cette porte entrouverte a manifestement occasionné des dérives, selon le Palais, qui décide de mettre le holà au caractère taquin de Benkirane. « Sa Majesté n’apprécie pas que l’on divulgue le contenu de ses entretiens, encore moins celui de ses gestes privés » – allusion à la « révélation » par Benkirane d’un présent offert à sa mère par le roi après un déplacement à New York - une montre -, précise JA. Une indiscrétion faite lors d’une veillée avec la presse à Tanger durant le mois de ramadan, largement commentée sur les réseaux sociaux. Le message se veut limpide, le patron de l’Exécutif se doit à une absolue réserve protocolaire et de bienséance.


Brider Benkirane, pipoliser le roi

Le court article du magazine panafricain n’est pas signé, et l’identité du témoin qui parle derrière les murs du Palais, dont on souligne la proximité avec le Souverain, est soigneusement anonymisée. Deux indications qui indiqueraient, selon les initiés, qu’il s’agit d’une réplique royale convenue à travers un canal que l’institution monarchique utilise à l’occasion parmi son arsenal de communication.


Le couperet interpelle cependant, au-delà des enjeux politiques qui nécessiteraient éventuellement de la part du cabinet royal, selon l’interprétation de JA, que le PJD soit ramené sur un pied d’égalité avec les autres formations à moins de trois mois des législatives. Vouloir brider le tempérament de tribun de Benkirane en invoquant la discrétion, est perçue comme contradictoire avec la tendance à pipoliser le roi sur les réseaux sociaux, comme le fait avec un art consommé, cette même communication royale à travers notamment le compte Facebook du jeune Soufiane El Bahri. Il est toujours difficile à celui qui a ouvert la boîte de Pandore de la refermer.

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Par @MarocAmar
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