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Anti-terrorismeAbdelhak Khiame : « Ce sont nos services qui ont permis de localiser Abaaoud »

25.09.2016 à 16 H 05 • Mis à jour le 25.09.2016 à 16 H 30 • Temps de lecture : 4 minutes
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Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire français Le JDD, le très médiatique patron du BCIJ déroule la stratégie anti-terroriste du Maroc depuis les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca. Il revient sur ceux de Paris et réaffirme que ses services ont été à l’origine de la localisation d’Abdelhamid Abaaoud, un de leurs commanditaires. Une thèse précédemment contestée par Paris.

La stratégie marocaine de lutte antiterroriste est « le fruit d’un long processus entamé après les attentats de Casablanca en 2003 », a affirmé le directeur du Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ), Abdelhalk Khiame, dans un entretien publié par l’hebdomadaire français Le Journal du Dimanche (JDD), soulignant que « la méthode marocaine repose sur l’anticipation ».


« Nous arrêtons les personnes avant de passer à l’acte. Ceux qui reviennent d’un foyer de tension sont systématiquement arrêtés, interrogés et encourent des peines de cinq à dix ans de prison », a précisé le patron du BCIJ, notant cependant que « nous n’intervenons que sous la supervision du parquet ». Il a aussi indiqué que l’Etat mène une politique mutlidimensionnelle qui englobe aussi les aspects religieux et socio-économiques, rappelant que la plupart des jeunes impliqués dans les attentats de 2003 venaient de régions marginalisées.


Une aide marocaine tue par la France ?

Khiame a, dans ce sens, noté que l’Etat les a « revalorisés », insistant sur l’importance du travail de déradicalisation. Evoquant les actions menées par le royaume pour contrer la stratégie de Daech, le directeur du BCIJ a souligné que le Maroc est et a été toujours « un rempart contre les terroristes et il est donc une cible ». « Mais nous nous sommes toujours adaptés au changement des stratégies des organisations », a-t-il dit, faisant savoir que le pays a réagi à temps en démantelant « beaucoup de cellules qui envoyaient des volontaires s’entraîner dans des foyers de tension pour qu’ils reviennent commettre des attentats ici ». Ces cellules ont essayé de s’adresser « aux cellules dormantes à l’intérieur du pays. Enfin, elles ont envoyé des étrangers ici. Nous avons réagi à temps », a-t-il avancé.



Il a en outre abordé la coopération sécuritaire avec les autres pays dont la France notamment en matière d’échange de renseignements, faisant savoir que les services marocains ont fourni les renseignements qui ont permis de localiser, Abdelhamid Abaaoud, l'un des commanditaires des attentats de Paris, « à partir d’informations obtenus au Maroc », a-t-il déclaré.


Lire aussi : Qui est Abdelhamid Abaaoud, le belgo-marocain, suspect n°1 ?


A l’époque des faits, une source sécuritaire avait affirmé au Desk que le Maroc a informé Paris de l’intention de Abdelhamid Abaaoud de mener « une opération de très grande envergure visant le quartier d’affaires de La Défense ». « C’était le but de cette cellule de Saint-Denis. Nous leurs avons précisé qu’il ne s’agissait pas d’une planque de repli, mais d’un lieu de projection où étaient en attente des membres d’une cellule dormante » avait expliqué la source.Une thèse souvent défendue par Rabat qui avait cependant été mise en sourdine par la France.


Abdelhamid Abaaoud, un des cerveaux présumés des attentats de Paris tué le 18 novembre 2015 lors d'un assaut de sa cache à Saint-Denis. AFP


Dès le 18 novembre 2015, jour de l'assaut contre la planque d'Abaaoud, des sources sécuritaires marocaines avaient déclaré à la presse nationale et internationale que le Maroc a aidé les services français dans leurs investigations afin de démanteler la cellule terroriste de Saint-Denis, où Abdelhamid Abaaoud a été tué. Des conversations téléphoniques entre Hasna Aït Boulahcen, cousine d'Abaaoud tuée lors du raid, et ses proches résidents au Maroc, interceptées par le Renseignement marocain, ont été plus tard évoquées par une source sécuritaire au Desk. Une version jamais évoquée par la France qui a à maintes reprises soutenu que le fugitif avait été localisé grâce à une triangularisation de son téléphone alors qu'il errait dans Paris, puis grâce au rôle d'un témoin clé.


La version des services marocains avait été éclipsée par le rôle clé d'un témoin proche de Hasna Ait Boulahcen qui dit avoir rencontré le 15 novembre Abdelhamid Abaaoud dans un buisson à Aubervilliers et avoir discuté avec lui des attentats de Paris et de futures attaques. Quelques heures plus tard, cette femme avait contacté la police, relate le JDD. Abdelhak Khiame ne croit pas à cette version de l'histoire : « Vous croyez sincèrement qu'Abaaoud, alors qu'il était recherché, allait parler à cette fille des nouveaux attentats qu'il s'apprêtait à commettre ? Allons… Ce sont bien nos services qui ont fourni les renseignements qui ont permis de le localiser, à partir d'informations obtenues ici, au Maroc », affirme-t-il au JDD.


Quelques jours après le carnage de Paris, Le Desk révélait un autre versant de cette chasse à l'homme : Yassine, le frère d'Abdelhamid Abaaoud était détenu à la prison de Salé. Son interrogatoire a très probablement servi à remonter la piste des commanditaires des attaques de Paris, notamment la cellule de Saint-Denis, ce que l'anti-terrorisme marocain n'a jamais commenté. Le 6 mai, la chambre criminelle de 1er degré chargée des affaires de terrorisme près l’annexe de la Cour d’appel à Salé le condamnait à deux ans de prison ferme pour « apologie du terrorisme » et« non dénonciation de crimes terroristes ».

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