Trafic de drogueLes premiers détails de la saisie record de cocaïne au large des côtes marocaines
Le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ) avait annoncé dimanche l’avortement, au large des côtes de Dakhla, d’une des plus grandes et dangereuses opérations de trafic de drogues dures, dans le cadre d’une opération d’envergure menée avec la Gendarmerie maritime et la Marine royale chargées de la surveillance des eaux territoriales.
L’opération a permis la saisie d’ 1, 230 tonne de cocaïne soigneusement emmaillotée dans plusieurs ballots d’une valeur de 2 milliards de dirhams. Selon les informations obtenues auparavant par le BCIJ, la cargaison initiale était de 2, 575 tonne. Le laboratoire de la police scientifique de la DGSN qui a réalisé des tests sur la marchandise a conclu qu’il s’agissait d’une drogue « pure et très puissante ».
« Le volume et la nature de l’opération montrent le niveau des défis sécuritaires auxquels fait face le Maroc pour ne pas devenir un point de transit et une destination principale du crime organisé transnational et un passage privilégié du trafic de drogue international », estiment les enquêteurs (...) Il s’agit de bandes criminelles très dangereuses qui opèrent avec les narcos d’Amérique centrale », précisent-ils. Toutefois, aucun lien avec des réseaux ou des intérêts terroristes, ni avec le Polisario n'a été établi, comme l’avait suggéré certains articles de presse.
La drogue dure provenait d’un des pays latino américains avant d’être embarquée dans les eaux territoriales au large de la ville de Dakhla à bord d’un bateau de pêche enregistré sous le nom ZHAR2 série B 634, a précisé le BCIJ dans un communiqué, ajoutant que le propriétaire du bateau fait l’objet de recherche pour une affaire similaire. La cargaison qui a été transbordée dans une embarcation légère a été interceptée en haute mer alors qu'elle tentait de rejoindre les côtes marocaines.
Le BCIJ a souligné que cette opération d’envergure intervient sur la base d’informations sécuritaires précises et de données recueillies lors de la surveillance des cartels de drogue qui tentent d’exploiter la position stratégique du royaume pour en faire un point de passage de leurs activités criminelles. « Les trafiquants ont voulu éviter les radars disposés au sud de l'Espagne en passant par le sud du Maroc et faire du pays une étape transitaire », explique une source au sein du BCIJ.
Les premiers éléments de l’enquête ont permis l’arrestation de l’instigateur de cette opération et le propriétaire du bateau et révélé que les deux mis en cause, qui ont des antécédents judiciaires dans le domaine du trafic de drogue, exploitent des sociétés d’exportation de poissons comme une couverture et façade à leurs activités criminelles. Selon le site Goud.ma, l’un des complices du réseau serait le fils d’un colonel de l’armée marocaine. Une information qui n’a toutefois pas été confirmée par le BCIJ.
En tout, « 16 personnes, d'âge adulte et avoisinant pour certains la cinquantaine, ont été interpelées, que ce soit à bord du bateau qu’au Maroc. Deux à Agadir et deux autres à Tanger. C'est une bande transnationale qui opère à travers le Maroc avec le soutien logistique des trafiquants de chira qui connaissent parfaitement les routes pour faire traverser les drogues vers l'Europe », explique la source.
Début septembre, la police judiciaire d’Oujda avait fait une découverte, jusque-là tout aussi inédite au Maroc : un laboratoire de traitement de cocaïne a été démantelé dans la région de Béni Drar (20 km d’Oujda). Outre les équipements ultra-modernes pour la transformation de la drogue, les forces de l’ordre auraient saisi 200 kg de cocaïne pure, permettant à cette installation de produire une bonne tonne de poudre prête à la consommation.