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Blocage gouvernementalAbdelilah Benkirane : « s’ils refusent, je saurais quoi faire »

10.03.2017 à 04 H 01 • Mis à jour le 10.03.2017 à 17 H 27 • Temps de lecture : 5 minutes
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Réuni avec le secrétariat général du PJD, le chef du gouvernement désigné a de nouveau confirmé l’impasse totale des négociations menées avec Aziz Akhannouch refusant formellement la participation de l’USFP et de l’UC. Le parti de la lampe évoque de nouveau « une tentative de putsch contre la volonté du peuple »

Ambiance pesante au secrétariat général du Parti de la justice et le développement (PJD) réuni jeudi en fin de soirée au siège central du parti à Rabat. Alors que le blocage gouvernemental est parti pour boucler ses six mois, Abdelilah Benkirane a pris la parole pour insister une nouvelle fois sur son choix d’une coalition gouvernementale formée sur la seule base de la majorité sortante. Il a ainsi clairement appelé à l'exclusion de toute tractation avec l'UC et l'USFP selon plusieurs sources concordantes.


Finie donc l’avancée de la dernière chance par laquelle il avait tenté de couper la poire en deux avec son rival Aziz Akhannouch, président du RNI qui avait pour sa part exigé que l’USFP soit intégré au gouvernement en considération avait-il affirmé à Ifrane, de « son poids historique » et de son « rôle dans la défense des intérêts suprêmes de la nation ». Benkirane avait auparavant cédé du bout des lèvres à l’option d’inclure l’UC de Mohamed Sajid, mais cela n’aura pas été suffisant pour aboutir à un consensus.


Attaques frontales des alliés du RNI

A la veille de la tenue de cette réunion du secrétariat général du PJD, Driss Lachgar avait pilonné Benkirane l’accusant d’être le seul responsable de cette situation politique inédite, affirmant même qu’il était grand temps de lui dire « ça suffit ». Mohamed Sajid avait de son côté critiqué la manière dont le chef du gouvernement appréhende cette responsabilité, obligeant Benkirane à revenir sur son éventuelle inclusion.


Face à ce refus frontal, au sortir du conclave, Benkirane a déclaré à la presse : « s’ils refusent, je saurais quoi faire », agitant encore une fois le spectre d’un renoncement, une attitude de rupture qu’il cultive depuis des mois.



Dans une allocution filmée datée du 5 novembre, mais rendue publique le 14, le chef du gouvernement désigné y donnait déjà ses directives au Conseil national du PJD. Commentant ce qu’il avait désigné par « une tentative de putsch » menée par « certains partis qui avaient pour projet de soumettre un mémo au roi au lendemain des élections pour élaborer une coalition sans le PJD » et « la désignation au perchoir dans la foulée d’un président de la Chambre des représentant avant même la constitution d’une majorité », Benkirane avait affirmé « Ils allaient tout renverser, quelle majorité j’aurais pu constituer dans ces conditions ? », évoquant pour la première fois l’option du renoncement : « Je serais allé auprès de Sa Majesté pour lui dire qu’ils ont fait leur majorité, je n’ai plus à la constituer, clap de fin (…) Toutes leurs manœuvres ont échoué, Dieu soit loué ».


Un sacrifice évoquée de longue date

Benkirane avait indiqué une seconde fois et de manière plus directe l’éventualité qu’il puisse renoncer à briguer un second mandat à la tête du gouvernement le samedi 11 janvier à Bouznika, de nouveau devant le Conseil national de son parti réuni en session ordinaire. Alors qu’il affirmait que les consultations étaient toujours de mise, Benkirane évoquait « des choix alternatifs », indiquant cependant « ne pas vouloir d’élections anticipées ». Réfutant toute éventualité de voir l’USFP dans le futur gouvernement, il avait dit : « si c’est nécessaire, le PJD est prêt à sacrifier même la présidence du gouvernement ».


Le 12 février, Benkirane remettait cette option sur la table : « Si nous n’arrivons pas à former ce gouvernement, les citoyens ne nous en tiendront pas rigueur ». Ils constateront selon lui « qu’un individu ou un parti a tenté de défendre leurs intérêts tandis que d’autres les ont dévoyés ».


Le PJD et le PAM arrivent en tête des résultats du scrutin du 7 octobre selon le nombre de voix. MAP


Avec le comité central de la jeunesse du PJD réuni une semaine plus tard au centre Moulay Rachid de Bouznika, le message de Benkirane à ses troupes était toujours le même : « J’attends désormais le retour de Sa Majesté. Si j’ai d’ici-là constitué un gouvernement, je le lui présenterai, sinon je lui en ferai part », a-t-il dit, laissant entendre qu’au-delà ce serait au roi de prendre les devants.


La presse anti-PJD évoque une fin annoncée

La presse anti-PJD dans sa livraison de ce vendredi 10 mars le cloue au pilori, parlant même, à l’image d’Al Ahdat Al Maghribiya, d’un chef de gouvernement « isolé dans l’attente d’une réponse de la direction politique du RNI et malmené par l’intifada de l’UC et de l’USFP ». De son côté Assabah décrit un PJD au bord de l’implosion affirmant que des figures du parti ont « prévenu Benkirane de toute tentation de remettre les clefs, signe avant coureur de la fin du chef de gouvernement désigné ».

 

La réaction du parti de la lampe a été immédiate. Dans un premier article publié sur le site du parti, il est fait mention d’un « front du blocage » qui « complote dans l’ombre déçu de n’avoir pas pu mettre en œuvre son putsch contre la libre volonté des votants ». Un second nie formellement que des cadres du parti pousseraient Benkirane à s’exprimer devant le peuple avant de rendre son tablier.


Selon les informations du Desk, au niveau sécuritaire de l’Etat, la situation est suivie avec davantage d’acuité pour parer à toute éventualité. « Une analyse de l’évolution du discours de Benkirane est étudiée avec précision », explique une source autorisée, qui à l’instar de la presse anti-PJD croit savoir que le « dénouement est fatalement proche que le veuille ou non le chef du gouvernement ».


Sollicités sur la dernière petite phrase mystérieuse de Benkirane, les responsables du PJD se refusent à tout commentaire, la consigne ayant été donnée pour « ne pas donner du grain à moudre aux adversaires ». Seule certitude pour le parti islamiste : le tempo qui imposerait que le retour d’Aziz Akhannouch soit le signal d’une fin annoncée « n’a aucune crédibilité ».

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