ONU-SaharaGuterres reçoit en catimini le Polisario en présence de Ross

Le statut de Christopher Ross, Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Sahara occidental demeure incertain. Alors que son mandat se termine officiellement le 31 mars, des informations avaient fuitées concernant sa démission prématurée.
Si le porte-parole adjoint de l’ONU Farhan Haq était, début mars, toujours évasif sur son départ imminent affirmant qu’il « demeurait toujours à son poste », le chef du Département des affaires politiques de l’ONU, Jeffrey Feltman, avait affirmé à Inner City Press (ICP) que celui-ci « avait soumis sa lettre de démission pour effet immédiat à Antonio Guterres », confirmant une dépêche de l’AFP du 6 mars, ainsi que les informations exclusives de TSA sur son départ avant l’expiration de son contrat le 31 mars.
Mais le 17 mars, Antonio Guterres mettait à jour son agenda pour y inclure dans l’après-midi une rencontre avec Brahim Ghali, le chef du Front Polisario. Le journaliste Matthew Russell d’Inner City Press s’est posté dans le hall du Conseil de sécurité de l’ONU pour surveiller les allers et venues menant au bureau du secrétaire général.
Aucun read-out sur la teneur de la rencontre
A 16h45 heure locale, il y a croisé la délégation du Polisario escortée vers les ascenseurs par…Christopher Ross. Russell a pris une photo de la scène et l’a tweetée sur le compte d’ICP tout en demandant au porte-parole de Guterres, Stéphane Dujarric, de faire un read-out sur la rencontre. C’était sans compter la présence d’un diplomate marocain qui se trouvait sur les lieux et qui a alerté le superviseur de la sécurité pour éloigner le journaliste…
On #WesternSahara, it's 6 hours after @AntonioGuterres met Polisario, no read-out. #Periscope soon https://t.co/TkhTs3JQH9 pic.twitter.com/PsaI8ukcdR
&mdash Inner City Press (@innercitypress) March 18, 2017
L’entourage du nouveau secrétaire général des Nations Unies demeure très fébrile sur la situation qui prévaut au Sahara. Stéphane Dijarric n’a pas fait de read-out non plus de l’entretien téléphonique entre le roi Mohammed VI et Antonio Guterres du 24 février quittant la salle de presse sans répondre aux questions de la presse, se contentant de dire qu’il s’agit d’une « situation diplomatique délicate ».
Le casse-tête des 16 membres de la MINURSO
Idem aussi concernant les 16 fonctionnaires onusiens de la MINURSO qui n’ont jamais pu retrouver leur poste au Sahara après l’expulsion de la mission par Rabat en mars 2016, alors que le Maroc, par la voie de son ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar, avait affirmé que le contingent de maintien de la paix avait « retrouvé toute sa plénitude de ses fonctions ».
ICP avait divulgué une lettre à ce propos adressée le 15 février par Hervé Ladsous, sous-secrétaire aux Nations Unies pour les opérations de paix à Dimitri Samaras, représentant des fonctionnaires onusiens faisant état de « cette situation regrettable qui impacte la vie et la carrières des membres de la MINURSO », situation ajoute la missive non résolue malgré les efforts consentis par le Département des opérations de paix (DPKO) et le DFS pour « restaurer leur totale fonctionnalité ».

Selon ICP, l'ancien chef de la sécurité de la MINURSO, Lihong Shen, a été réaffecté au Soudan du Sud, mais Dujarric a éludé la question en affirmant « qu'il n'avait pas accès aux dossiers du personnel ni être au courant des réaffectations ».
Des entretiens pour la reprise de négociations ?
La présence de Ross auprès de la délégation du Polisario, qui comprenait outre Brahim Ghali, M’Hamed Khedad, coordinateur avec la MINURSO, Ahmed Boukhari, représentant du Front à l’ONU, Mouloud Said, représentant du Polisario à Washington, Abdati Abrika, conseiller personnel de Brahim Ghali, Jeffrey Feltman, et Maria Louiza Viotti, chef de cabinet d’Antonio Guterres, soulève de nombreuses interrogations, d’autant que le Polisario a refusé de donner une suite favorable à l’appel du secrétaire général de l’ONU de quitter la zone tampon de Guerguerat.
Selon des sources algériennes, les entretiens ont concerné la situation qui prévaut à la frontière avec la Mauritanie, les modalités éventuelles de reprise des négociations directes avec Rabat après l’échec des rounds de Manhasset, la décision de la Cour européenne de justice sur l’Accord agricole Maroc-UE et le procès des « 25 de Gdim Izik ».
Interrogé par Matthew Russell, Christopher Ross a confirmé qu'il s'agissait d'explorer les moyens nécessaires à une reprise des négociations indiquant toutefois la persistance de blocages... (sonore ci-après).
L’information sur le départ de Ross confirmée par Jefferey Feltman n'avait-elle pour seul but que de tranquilliser la partie marocaine à la veille de la tenue en avril d’une réunion décisive du Conseil de sécurité à l’occasion de laquelle un nouveau rapport du secrétaire général de l’ONU devrait être rendu public ?