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Au 4e vendredi : le pouvoir algérien engage une course contre la montre

15.03.2019 à 08 H 03 • Mis à jour le 15.03.2019 à 13 H 06 • Temps de lecture : 4 minutes
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Cette journée de vendredi s’annonce décisive pour l’avenir du mouvement de contestation en Algérie et, au-delà, pour la pérennité du régime. Pour ce dernier, l’urgence est de trouver le moyen de calmer la colère, jusqu’ici inextinguible, de la rue

L’urgence pour le pouvoir est de freiner la montée de la colère populaire, jusque-là inexorable. Une grande journée de mobilisation contre le prolongement du 4e mandat de Bouteflika est annoncée pour ce vendredi 15 mars et les autorités savent qu’il leur sera difficile de trouver une autre carte à abattre si des millions d’Algériens sortent encore dans la rue, comme ils l’avaient fait la semaine passée et celle d’avant.

Les mesures annoncées par le président Bouteflika dans sa lettre du 11 mars n’ont, semble-t-il, pas convaincu grand monde qu’il est temps de mettre fin à la contestation, et avant de tenter quoi que ce soit d’autre, le pouvoir s’efforce d’abord de les expliciter et de convaincre de sa bonne foi.

Une offensive de charme est menée depuis la soirée de lundi et confiée non pas aux habituels porte-voix du régime que sont les chefs des partis de l’Alliance et ceux des organisations de masse, sans doute définitivement morts politiquement, mais à des personnalités qui, sans être de nouveaux visages, ont gardé un minimum de crédibilité.

Ramtane Lamamra, nommé lundi au poste de vice-Premier ministre créé dans l’urgence, est depuis sur tous les fronts. Le soir même, il accorde une interview à RFI, ce mercredi, il a longuement défendu sur la chaîne III de la radio le bien-fondé de la feuille de route présidentielle, et, demain, il sera de nouveau face à la presse en compagnie du premier ministre Noureddine Bedoui.

L’autre ancien-nouveau visage rappelé par le pouvoir dans le feu de la crise, c’est le diplomate Lakhdar Brahimi. Dans un long entretien accordé ce mercredi à l’ENTV, l’ancien ministre des Affaires étrangères a démenti les rumeurs sur la santé du président qu’il semble connaître assez bien, et accessoirement celle qui l’annonce comme le timonier de la future conférence nationale.

Pour la conférence annoncée par Bouteflika, il l’a qualifiée d’opportunité historique qu’on doit tous saisir. Mais pour convaincre l’opinion que le président ne cherche pas qu’à gagner du temps, c’est Lamamra qui fait le gros du travail, fort de son expérience dans le règlement des crises dans le continent noir.

Lamamra a apporté son vécu mais aussi une nouvelle stratégie, semble-t-il. En tout cas un nouveau langage qui contraste avec ce qu’on a entendu jusque-là.

Alors qu’Ahmed Ouyahia mettait en garde que l’État savait maîtriser la rue et rappelait qu’en Syrie aussi ça avait commencé avec des roses, le nouveau vice-Premier ministre dit qu’il faut « respecter tous les manifestants » et que l’Algérie ne répétera pas les erreurs de la Syrie de Bachar Al Assad et de la Lybie de Mouammar Kadafi. « Nous ne ferons pas les erreurs de la Syrie et de la Libye », a-t-il rassuré. Comprendre : le pouvoir ne vas pas réprimer les manifestations pacifiques, comme l’avaient fait les régimes syrien et libyen, ce qui a précipité leur pays dans le chaos.

Le pouvoir a engagé une course contre la montre pour faire accepter la nouvelle proposition de Bouteflika. Ce jeudi, Lamamra sera de nouveau face à la presse pour un autre exercice d’explication. Cette fois, même Bedoui sera de la partie. Le jour même, la composante du nouveau gouvernement devrait être dévoilée. C’est une autre carte maîtresse sur laquelle le pouvoir compte pour au moins convaincre un maximum de gens de rester chez eux, à défaut de mettre fin aux manifestations.

Lamamra a parlé ce mercredi à la radio de « changements substantiels » et de visages qui devront partir. Mais là aussi, la marge de manœuvre est réduite. Les personnalités indépendantes jouissant d’une réelle aura ne pouvant pas engager leur crédibilité en accompagnant un pouvoir peut-être en fin de vie, il ne restera que le réservoir du corps des walis et autres fonctionnaires. La rue ne risque pas de beaucoup apprécier.

L’offensive de charme du pouvoir semble aussi destinée aux partenaires étrangers du pays qui montrent des signes successifs d’impatience. Plus que la rue, le temps est son adversaire premier. D’autant que la crise économique qui frappe le pays depuis 2014 ne cesse de s’aggraver, réduisant les marges de manœuvres du gouvernement, pour lancer des réformes et prendre des décisions impopulaires. Ce jeudi 14 mars, il aura une journée supplémentaire pour convaincre.

La journée de vendredi s’annonce décisive pour l’avenir du mouvement populaire et, au-delà, pour la pérennité du système. D’autres images au moins aussi impressionnantes que celles qu’on a vues le 8 mars pourraient contraindre le pouvoir à faire des propositions plus réalistes.

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