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TerrorismeKhiam: des attentats similaires à ceux du 16-Mai étaient en préparation

11.09.2020 à 14 H 08 • Mis à jour le 12.09.2020 à 09 H 21 • Temps de lecture : 5 minutes
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Démantelée le 10 septembre, la cellule terroriste « la plus dangereuse jamais défaite par le BCIJ » prévoyait, selon les premiers éléments de l’enquête dévoilés à la presse, d'agir avec des kamikazes et des bombes à clous. Autant d'éléments qui rappellent les précédents de 2003 à Casablanca et 2011 à Marrakech, selon Abdelhak Khiam qui a détaillé le profil des 5 extrémistes arrêtés à Témara, Skhirat, Tiflet et Tanger

Lors d’une conférence de presse tenue ce 11 septembre au Bureau Central des Investigations Judiciaires (BCIJ), le patron du « FBI marocain », a été d’emblée catégorique sur les intentions de la cellule d’extrémistes démantelée la veille dans plusieurs localités du pays : « Elle me rappelle les évènements de Casablanca en 2003 », a tranché Abdelhak Khiam. Celui-ci était accompagné du porte-parole de la DGSN, Boubker Sabik, qui a ajouté qu’on peut très bien parler « de la cellule la plus dangereuse jamais démantelée par le BCIJ », insiste-t-il.


Le 10 septembre, tôt dans la matinée, plusieurs opérations ont été menées simultanément dans quatre villes : Tifelt, Skhirat, Temara et Tanger. A l’issue de ces opérations, dont certains pans ont pu être filmés par la presse conviée, 5 personnes ont été arrêtées. Les suspects ont été placés en garde à vue à la disposition de l'enquête judiciaire menée sous la supervision du parquet afin de déterminer l'ensemble des ramifications et liens éventuels du réseau terroriste. Dans le viseur de ce réseau de ces « extrémistes », des personnalités civiles et militaires mais aussi des sites sensibles, avance le BCIJ. Aucun détail cependant concernant ces éléments n’a été fourni.


Que  comptaient-ils faire ?

En quoi cette cellule était-elle particulièrement dangereuse ? Les preuves saisies par les éléments du BCIJ permettent d’indiquer que les extrémistes arrêtés, et qui s’apprêtaient à faire allégeance à l’organisation dit de « l’État islamique », selon l’enquête, prévoyaient également de se faire exploser à l’aide de ceintures explosives. Autrement dit, il s’agit donc de kamikazes. Une première depuis les attentats du 16 mai 2003 et celui avorté de 2007 à Casablanca. Trois vestes pour ces opérations ont été saisies et présentées à la presse par le BCIJ.


Les vestes explosives saisies lors du démantèlement de la cellule du 10 septembre. SOUFIANE SBITI / LE DESK


De plus, d’après l’équipe scientifique du BCIJ, les matières chimiques retrouvées chez les terroristes permettraient de fabriquer quatre bombes. Les matériaux saisis rappellent également ceux utilisés pour l’attentat terroriste de l’Argana à Marrakech en avril 2011. Le colis piégé à l'époque déposé par Adil el-Atmani dans le café de Jamaâ el-Fna comportait des substances explosives, des morceaux de métal et des clous. Il à est noter, comme le rappelle Abdelhak Khiam, que ces matières et matériaux sont disponibles à la vente libre et ne nécessitent pas un budget conséquent. « On peut parler ici d’autofinancement », explique le patron du BCIJ au Desk.


Les produits chimiques présentés à la presse. SOUFIANE SBITI / LE DESK


Qui sont-ils ?

Dans chaque attentat ou projet d’attentat, les profils de leurs auteurs sont particulièrement intéressants à analyser. Ils permettent de renseigner sur les réseaux, leurs liens et les raisons les ayant poussés à se radicaliser à envisager de passer à l’acte.


Dans le projet d’attentats avorté le 10 septembre, nous avons affaire à 5 personnes. A leur tête, un « émir » basé à Témara et qui avait présenté une résistance farouche lors de son arrestation, selon la police. L’homme a des antécédents judiciaires ayant lien avec des affaires de droit commun, précise Abdelhak Khiam. « Il était poissonnier et triporteur et circulait souvent avec une arme blanche », indique le directeur du BCIJ. Les antécédents judiciaires de l’émir datent de 2004-2006.


Les armes blanches présentées à la presse par le BCIJ. Crédit : SOUFIANE SBITI / LE DESK


L’émir s’est-il radicalisé dans le milieu carcéral ? Un phénomène récurrent dans des pays européens, comme la France et la Belgique. Les auteurs des derniers attentats en France en sont aussi les parfaits exemples. A cette question, le patron du BCIJ répond par un niet catégorique. « Je sais ce qui se passe dans les prisons et nous n’avons pas ça. Nous avons toujours veillé et suivi de près, depuis 2003, les recrutements et reconversion de personnes qui s’activent dans la petite criminalité et nous avons évité ça », indique-t-il. Pourtant ce fut le cas au Maroc avec le cellule de 2007 dont deux membres passés par la case prison, s’étaient fait exploser devant le centre américain de Casablanca sans faire de victimes ou de dégâts…


Clous et autres produits servant à la fabrication de bombes artisanales présentés par le BCIJ. Crédit : SOUFIANE SBITI / LE DESK


Des autres membres de la cellule recrutés par l’émir, on sait qu’ils étaient agriculteur, menuisier, plombier ou peintre de bâtiment. L’un d’eux résidait à Tifelt, dans la petite ferme de son père, considéré comme le bras droit de l'émir, c'est lui qui procédait aux recrutements, tandis que les autres vivaient entre Temara et Skhirat. Les quatre membres rencontraient leur émir fréquemment et communiquaient avec lui, détaille le BCIJ. Aucun membre des « recrutés » en plus du bras droit ne disposent cependant d’un casier judiciaire, a affirmé Abdelhak Khiam en réponse à une question posée par un journaliste.


Le matériel électrique, électronique et informatique saisi par le BCIJ. SOUFIANE SBITI / LE DESK


Ces candidats à l’action kamikaze avaient-ils d’autres complices ? Envisageaient-ils d’agir dès ce 11 septembre, 19 ans après les attentats ayant ciblé les États-Unis ? L’enquête devrait répondre à ces questions, parmi tant d’autres. Les interrogatoires devraient commencer sous peu et pourraient fournir des indications supplémentaires sur les éventuels liens avec des complices et leurs projets communs.


En attendant, Abdelhak Khiam rappelle que le danger est toujours là. « Le risque 0 n’existe pas, comme j’ai pu le dire à plusieurs représentants de pays », insiste-t-il à préciser en conclusion.

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Par @soufianesbiti
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