Discours royalMohammed VI au Parlement : priorités stratégiques, souveraineté, volontarisme et réalisme
Dans un discours à l’occasion de l’ouverture de la 1ère session de la 1ère année législative de la 11ème législature, le Souverain a mis l’accent sur la nécessité pour le Maroc d'être plus apte encore à poursuivre son processus de développement et à relever les défis extérieurs.
« Une mutualisation des efforts autour des priorités stratégiques »
Le Roi Mohammed VI a souligné que l'actuelle législature s’amorce à un moment où le Maroc entre dans une phase nouvelle qui requiert la mutualisation des efforts autour des priorités stratégiques.
Le Roi a aussi souligné la nécessaire consolidation de la place occupée par le Maroc et la défense impérieuse de ses intérêts supérieurs, particulièrement dans la conjoncture présente qui charrie dans son sillage défis, risques et menaces.
Le Souverain a évoqué, dans ce cadre, le retour en force, dans le contexte de la crise pandémique, du thème de la souveraineté, dont la préservation est devenue l’enjeu d’une véritable compétition.
« De fait, la crise pandémique a révélé le retour en force du thème de la Souveraineté. Qu’elle soit sanitaire, énergétique, industrielle, alimentaire ou autre, sa préservation est devenue l’enjeu d’une véritable compétition qui suscite des réactions fébriles chez certains », a dit le Roi.
Le Souverain a noté que si de nombreux pays ont connu d’importants dysfonctionnements dans la fourniture et la distribution des produits de première nécessité, le Maroc a réussi, lui, à gérer ses besoins en la matière et à assurer un approvisionnement normal et suffisant de ses marchés.
A cet égard, le Roi, dans le but de consolider la sécurité stratégique du Maroc, a appelé à la création d’un dispositif national intégré ayant pour objet la réserve stratégique de produits de première nécessité, notamment alimentaires, sanitaires et énergétiques et à la mise à jour continue des besoins nationaux en la matière.
Le Souverain a, par ailleurs, salué la bonne organisation des dernières élections qui se sont déroulées dans un climat positif et ont été marquées par une large participation, notamment dans les Provinces du Sud.
« Ce scrutin consacre la victoire du choix démocratique fait par le Maroc, ainsi que la normalité des alternances dans la gestion des affaires publiques », a soutenu le Souverain qui a dit accorder “un intérêt équivalent à tous les partis”.
Le Roi a indiqué, par ailleurs, que la présente législature intervient dans une conjoncture qui s’annonce prometteuse pour l’essor du Maroc, appelant et le gouvernement et le Parlement, en tant que majorité et au sein de l’opposition, est d’œuvrer de concert avec toutes les institutions et les forces vives de la Nation pour le succès de cette étape.
« À cette fin, vous devez faire preuve d’esprit d’initiative et d’engagement responsable », a dit le Souverain.
« Une dynamique volontariste ambitieuse »
L’actuelle législature devrait marquer le point de départ d’une « dynamique volontariste ambitieuse incarnant l’intelligence collective des Marocains », en relation avec l’opérationnalisation du Nouveau modèle du développement (NMD) et le lancement d’une nouvelle génération de projets et de réformes intégrés, a souligné Mohammed VI.
Le modèle de développement n’est pas un plan de mesures figé au sens conventionnel du terme. Il constitue plutôt un cadre général propice à l’action et apte à instaurer de nouvelles règles, à ouvrir de larges perspectives devant chacun et tous, a indiqué le Roi dans son discours.
Le Souverain a fait observer que « le Pacte national pour le Développement » représente un levier essentiel pour la mise en œuvre de ce modèle, « en ce qu’il symbolise un engagement national souscrit envers Notre Majesté et à l’égard des Marocains ». Le modèle de développement offre de vastes champs d’action tant pour le gouvernement que pour le Parlement, avec toutes ses composantes, a poursuivi le Roi, relevant que, dans la perspective de sa mise en œuvre, le nouveau gouvernement doit définir les priorités et les projets à mettre en chantier au cours de son mandat et mobiliser les ressources nécessaires pour assurer leur financement.
« Il lui incombe (gouvernement) également de parachever les grands projets déjà lancés, au premier rang desquels le chantier de généralisation de la protection sociale auquel Nous accordons une sollicitude toute particulière », a dit le Souverain.
Dans ce cadre, le Roi a souligné que le défi majeur consiste à opérer une véritable mise à niveau du système de santé, conformément aux meilleurs standards et en synergie totale entre secteurs public et privé.
Le Souverain a appelé, à cet égard, à ce que cette même logique guide la mise en œuvre de la réforme des entreprises et établissements publics et présider à la réforme fiscale, qu’il convient de conforter, avec la plus grande célérité, par une nouvelle charte compétitive de l’investissement.
Dans cette perspective, le Roi a mis l’accent sur l’importance d’introduire plus de cohérence, de complémentarité et d’harmonie entre les politiques publiques et à en suivre la mise en œuvre, appelant dans ce cadre à une refonte substantielle du Haut-Commissariat au Plan (HCP).
Cette refonte vise à faire du HCP un mécanisme d’aide à la coordination stratégique des politiques de développement et d’accompagnement de la mise en œuvre du modèle de développement, a souligné le Souverain, relevant que l’action de cette Institution doit être adossée à des normes rigoureuses et à des outils modernes de suivi et d’évaluation.
« Davantage de réalisme contre la pandémie… »
Le Roi Mohammed VI a appelé à davantage de réalisme et à l'action avec responsabilité et patriotisme en matière de gestion de la crise pandémique et de poursuite de la relance économique, dans un contexte « positif » marqué par une embellie de l'économie nationale.
« En dépit des effets inédits générés par la crise et le repli de l'économie mondiale, l'économie nationale connait une embellie significative », d'où l'impératif dans ce « contexte positif » de « demeurer réalistes et poursuivre notre action avec responsabilité et patriotisme, loin de tout pessimisme et à l’écart d’une certaine rhétorique négativiste », a dit le Souverain dans son discours.
Le Roi a mis l’accent, dans ce cadre, sur les prévisions prometteuses de l’économie nationale en 2021, dans le contexte de la crise sanitaire, citant notamment un taux de croissance économique supérieur à 5,5 %, qui constitue une performance inégalée depuis des années et compte parmi les plus élevées à l’échelle régionale et continentale.
Le Souverain a également évoqué, dans ce cadre, les performances du secteur primaire qui devrait enregistrer un taux remarquable de plus de 17 %, et la hausse notable des exportations de certains secteurs comme l’industrie automobile, le textile, les filières électronique et électrique.
« Malgré la crise et ses retombées, la confiance placée dans notre pays et dans le dynamisme de son économie se confirme et se consolide, comme l’attestent la hausse, jusqu’au mois d’août dernier, des investissements directs étrangers estimée à 16 %, et l’augmentation des transferts des MRE qui a atteint environ 46 % à la même période », a ajouté Mohammed VI.
Ces évolutions favorables ont permis au Maroc de disposer de réserves de change confortables représentant 7 mois d’importations, a encore dit le Roi, soulignant que malgré les difficultés et les fluctuations qui agitent les marchés mondiaux, le taux d’inflation a été maîtrisé à hauteur de 1 %, un pourcentage situé en-deçà des taux élevés observés dans certaines économies de la région.
Tous ces indicateurs, a affirmé le Souverain, portent à l’optimisme et à l’espoir, renforçant la confiance des citoyens et des ménages et stimulant l’esprit d’initiative chez les opérateurs économiques et les investisseurs.
De son côté, a assuré le Souverain, l’Etat poursuivra cet effort national, notamment à travers l’investissement public, l’appui apporté aux entreprises et l’adoption de mesures incitatives en leur faveur.
Ainsi, le Maroc dispose d’acquis « solidement engrangés » dans le cadre de la gestion de la crise pandémique, notamment en termes de protection de la santé des citoyens et de soutien aux secteurs et aux catégories touchés, a affirmé le Roi.
En assurant la gratuité du vaccin, en dépit du coût qui se chiffre en milliards, l’Etat s’est acquitté de son devoir, veillant à ce que les besoins fondamentaux des citoyens soient satisfaits et que la période de crise soit la moins pénible possible pour eux, a dit le Souverain, précisant que l’Etat ne peut se substituer aux citoyens à qui il incombe de se protéger et de prémunir leurs familles.
« Il leur appartient (citoyens) ainsi de se faire vacciner, d’utiliser les moyens de prévention disponibles et de respecter les mesures édictées par les pouvoirs publics », a conclu le Souverain.
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