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AvisMinerais stratégiques et critiques: Chami pointe les faiblesses du modèle marocain

30.03.2023 à 00 H 45 • Mis à jour le 30.03.2023 à 00 H 45 • Temps de lecture : 4 minutes
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Le Maroc dispose d’un secteur minier résilient. Il souffre cependant, selon le président du CESE de faiblesses structurelles et d’un modèle essentiellement tourné vers l’export de concentrés et de produits bruts qui entravent le développement d’un écosystème local des minerais stratégiques et critiques

Le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami, a appelé, mercredi à Rabat, à conforter la place du secteur minier, particulièrement les minerais stratégiques et critiques, en tant que contributeurs essentiels à la réalisation de la souveraineté industrielle du Maroc.


Le CESE s'est autosaisi afin de préparer un avis sur les minerais stratégiques et critiques eu égard à l’importance capitale que revêt cette question dans le renforcement de la souveraineté industrielle nationale et partant dans la réalisation du développement économique du pays, a indiqué Chami lors d’un atelier de restitution pour présenter l’avis du Conseil autour du thème « les minerais stratégiques et critiques contributeurs à la souveraineté industrielle du Maroc ».


Elaboré sur la base d’une approche participative, cet avis est le résultat d’un large débat entre les différentes catégories qui composent le Conseil ainsi que des auditions organisées avec les principaux acteurs concernés, a-t-il fait savoir, ajoutant qu’il s’inscrit dans un contexte international marqué notamment par une forte augmentation de la demande mondiale de ces minéraux essentiels à toute industrie, une accélération de la transition énergétique et numérique et la consolidation des bases de la souveraineté alimentaire et militaire.


Certains de ces minerais, a-t-il poursuivi, sont caractérisés par leur rareté et la vulnérabilité de leur chaîne d’approvisionnement qui est due en partie aux dynamiques géostratégiques et politiques et aux transformations économiques, sociales et technologiques.


Pour le cas du Maroc, le CESE aborde cette question selon une vision prospective de l'écosystème de cette catégorie de minerais et son impact sur l'industrialisation et le développement du Royaume, a-t-il relevé, notant que l’accélération programmée de la décarbonation de l’économie nationale nécessite la valorisation de ces ressources minières, dont dispose partiellement le Maroc, selon une approche inclusive et durable.


24 minerais stratégiques et critiques indispensables

Il a, dans ce sens, mis en avant les potentialités dont regorge le Maroc en la matière avec un secteur minier résilient qui contribue aux exportations nationales à hauteur de 26 % et au PIB à hauteur de 10 % et à la création d'environ 49 500 emplois directs, précisant que le CESE a établi une liste exploratoire des 24 minerais stratégiques et critiques indispensable pour notre pays dont 7 exploités au Maroc, tout en abordant les questions de la sécurisation de l’accès à ces types de minerais, ainsi que le mode de gestion de ces ressources.


Le Conseil s’est également attardé sur l’importance de la valorisation de la production nationale et le positionnement optimal sur les chaînes de valeur nationales et mondiales et la promotion du caractère responsable et durable de l’exploitation et de la valorisation des ces ressources, a-t-il enchaîné.


Chami a toutefois pointé les faiblesses structurelles et un modèle essentiellement tourné vers l’export de concentrés et de produits bruts (hors phosphates et cobalt principalement), qui entravent le développement de l’écosystème des minerais stratégiques et critiques au Maroc.


Selon lui, le Maroc ne dispose pas d’une production ou valorisation locales, ni primaire ni secondaire via le recyclage, l’approvisionnement par importation demeure la seule alternative outre le risque d’instabilité politique de certains pays grands producteurs de plusieurs minerais identifiés comme étant critiques pour le Maroc.


S’agissant des obstacles à caractère transverse à l’ensemble du secteur minier, le président du CESE a cité le nombre limité des usines et unités de traitement dans ce secteur, l’absence d’incitation fiscale relatives aux activités minières, la lenteur et la complexité des procédures liées à la gestion des stocks miniers ainsi que le manque de synergies et absence de budgets pour la R&D dans le secteur minier obligeant les opérateurs à prendre eux-mêmes en charge les activités d’innovation.


Pour relever ce défi, et en s’inscrivant dans l’ambition prospective donnée par le Nouveau Modèle de Développement, le CESE préconise à cet effet une série de recommandations à même de permettre au secteur des minerais stratégiques et critiques de jouer pleinement son rôle comme contributeur responsable au développement et à la souveraineté industrielle du pays, a-t-il souligné.


Ces recommandations s’articulent autour de six axes prioritaires qui permettront d’améliorer la performance du secteur minier sur le plan économique, social et environnemental et ce à travers notamment l’encouragement des investissements en matière d’exploration minière, la sécurisation et la diversification des sources d’approvisionnement en minerais stratégiques et critiques tout en se dotant d’un stock stratégique national de sécurité.


Il s’agit aussi de mettre en place des mesures d’appui spécifiques pour favoriser l’émergence d’une industrie de recyclage des métaux et déchets industriels, et de promouvoir le caractère inclusif et durable du secteur minier.

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