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CarburantSoupçons de réexportations marocaines de gasoil russe en Espagne

29.04.2023 à 01 H 35 • Mis à jour le 29.04.2023 à 01 H 35 • Temps de lecture : 3 minutes
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Le gouvernement de Pedro Sanchez a ouvert une enquête sur l'éventuelle entrée illégale de diesel russe en Espagne via des pays tiers. Selon la presse madrilène, ces cargaisons proviendraient du Maroc, ce qui à ce stade a été écarté par les premières investigations menées par l'exécutif espagnol

Le gouvernement espagnol a ouvert une enquête sur l'éventuelle entrée illégale de diesel russe en Espagne via des pays tiers. Après que le quotidien El Mundo ait révélé les importations en provenance du Maroc, la troisième vice-présidente et ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, a assuré que l'exécutif enquêtait déjà sur cette question, ces achats seraient en contravention des sanctions européennes imposées au régime de Poutine depuis l’invasion de l'Ukraine par les forces russes.


Selon la vice-présidente espagnole, « les premières enquêtes » faites auprès des importateurs « montrent des documents apparemment en ordre et que cela ne vient pas de Russie ». « Mais nous sommes vigilants et nous veillerons à ce que ce soit le cas », a-t-elle assuré.


De son côté, le P-DG de Repsol, Josu Jon Imaz, a dénoncé que « le diesel russe continue d'être sur le marché européen et espagnol » et a exigé « la fermeté » des autorités communautaires pour empêcher cette entrée de carburant illégal sur le sol espagnol.


El Mundo a révélé le 28 avril les données tendant à confirmer cette importation via le Maroc, qui s'est lancé dans l'exportation de diesel vers l'Espagne pour la première fois depuis 2015, après avoir acheté du carburant à Moscou à grande échelle. Il s'agit d'un changement de tendance sans précédent qui a mis en garde les autorités et les principaux acteurs espagnols du secteur de l'énergie, assure-t-on à Madrid.


La cargaison suspecte de Benbrahim

Parmi la dizaine d’arrivages de gasoil russe au Maroc de la mi-mars à début avril, celui du 6 avril totalisant 30 000 tonnes de gasoil, révélé par Le Desk et opéré par BGI Petroleum, nouvel acteur du secteur fondé par Rida Benbrahim, épaulé par Anass Alami, ex-DG de la CDG, interroge.


Au total pour le seul mois de mars, le Maroc a représenté 12 % de la totalité des livraisons de diesel russe, devant la Tunisie (10 %) et l’Algérie (8 %) selon les décomptes du cabinet moscovite Naans-média. La Turquie quant à elle avait ponctionné 33 % de ces exports.


La presse marocaine, mais aussi le Wall Street Journal, (WSJ) avaient évoqué dans ce sens des soupçons de réexportation de cargaisons russes vers l'Europe et/ou de leur vente sur le marché local avec des marges conséquentes en violation de la règle d'origine. Il était ainsi avancé que le prix du gasoil russe ne dépassait pas les 170 dollars la tonne soit une décote de 70 % du prix constaté sur le marché international.


En réplique, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas avait indiqué en mars dernier que l'importation du gasoil russe est restée sous la barre de 10 % pendant ce mandat gouvernemental et celui précédent, ajoutant que « le volume d'importation s'est stabilisé à 9 % en 2020 et à 5 % en 2021 pour culminer de nouveau à 9 % en 2022 ».


Depuis le début de l'année, le prix moyen du gasoil, quelle qu'en soit la provenance, « est resté à peu près le même parce qu'il obéit à la loi de l'offre et de la demande »., a-t-il expliqué, justifiant en cela une convergence des prix à l’import pour un produit raffiné qui se situe plutôt autour de 750 dollars la tonne, comme l’expliquait Mostafa Labrak, directeur général d’Energysium Consulting, cité par Hespress.


Selon le WSJ, le Maroc aurait importé, pour le seul mois de janvier, deux millions de barils de diesel en provenance de Russie, contre seulement 600 000 barils pour toute l’année 2022. Un trend qui s’est poursuivi avec « la réception d’au moins 1,2 million de barils supplémentaires en février ».


Fin mars, trois navires russes étaient par ailleurs stationnés en haute mer au large des côtes marocaines, prêts à recevoir un autre navire pour effectuer une opération de transbordement de pétrole depuis les ports russes, dans la Baltique et la mer Noire.


Pour contourner les sanctions internationales consécutives à la guerre en Ukraine, la Russie a jeté son dévolu sur la zone maritime au statut litigieux située au large de l’enclave espagnole de Ceuta pour y opérer le transfert de son pétrole, frappé depuis février par un embargo européen, de tanker à tanker à destination de la Chine et de l’Inde. L’Espagne fait pression pour l’en empêcher, tandis que le Maroc, demeurant neutre dans ce conflit et soignant ses intérêts géopolitiques, importe de plus en plus de diésel russe.

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