StatistiquesHCP : la crise Covid-19 a créé plus de 4% de baisse du niveau de vie de certaines classes sociales

Une première analyse publiée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) en 2024, sur le niveau de vie des ménages entre 2014 et 2022, montrait une amélioration globale, avec une progression entre 2014 et 2019 et une décélération entre 2019 et 2022. Évalué à travers les dépenses des ménages, le niveau de vie moyen est passé de 76 317 dirhams (DH) à 83 713 DH, avec 95 386 DH en milieu urbain et à 56 769 DH en milieu rural.
Des résultats supplémentaires partagés par le HCP établissent une amélioration du niveau de vie des ménages, avec un recul de la pauvreté absolue. Pour autant les inégalités sociales continuent de se creuser, et la classe moyenne a été presque autant impactée par la crise Covid-19 que les 20 % de personnes les moins aisées. Toutefois, HCP souligne que le niveau de vie des classes les plus pauvres ayant pu bénéficier de politiques sociales, s'est amélioré.
Des dépenses principalement concentrées sur l’alimentaire
Entre 2014 et 2022, les dépenses des Marocains se sont davantage concentrées sur l’essentiel, en délaissant les dépenses de loisirs. Au niveau alimentaire, les dépenses ont augmenté de 37 % en 2014 à 38,2 % en 2022. La part de dépenses dans l’habitation et énergie augmenté de plus de 2 %, avec 23 % en 2014 et 25,4 % en 2022. Quant aux dépenses d’hygiène, elles sont passées de 2,7 % à 3,9 %, et de 2,2 % à 2,6 % pour les dépenses de communication.
Les secteurs dans lesquels les ménages marocains dépensent de moins en moins sont la santé, le transport, les équipements ménagers et les loisirs et la culture. Les dépenses en soins de santé ont connu une légère diminution en passant de 6,1 % à 5,9 %. La part de dépenses de transport est passée de 7,1 % à 5,8 %, et celle d’équipements ménagers de 3,2 % à 2,3 %. En 2022, les loisirs et la culture représentaient 0,5 % des dépenses des Marocains, contre 1,9 % en 2014.
Davantage d’inégalités sociales
Entre 2014 et 2022, le niveau de vie des 20 % les moins aisés a progressé de 1,1 %, avec une baisse de niveau de vie de 4,6 % de 2019 à 2022, pendant la période Covid. La catégorie sociale intermédiaire a également été impactée par cette période avec 4,3 % de baisse de niveau de vie, ce qui résulte d’une progression moyenne de 0,8 % entre 2014 et 2022. Pour les 20 % les plus aisés, leur niveau de vie a progressé de 1,4 %, avec seulement une régression de 1,7 % entre pendant la crise Covid-19.
Mesurées par l’indice de Gini, les inégalités du niveau de vie sont passées de 39,5 % à 40,5 % entre 2014 et 2022, alors qu’elles étaient à 38,5 % en 2019. En raison, la faible progression du niveau de vie de la classe moyenne, qui n’a pas pu autant bénéficier ni des fruits de la croissance ni des politiques de redistribution, que les classes les plus pauvres, ainsi que les plus riches. Pour leur part, les niveaux de vie moyen des citadins et des ruraux ont toujours le même rapport, établi à 1,9 entre 2014 et 2022.
La pauvreté en recul, avec une légère augmentation de la vulnérabilité
La pauvreté absolue a reculé jusqu’à connaître un faible taux de 1,7 % en 2019. Mais elle s’établit à 3,9 % en 2022, après avoir été mesurée à 4,8 % en 2014. La pauvreté a également grandement diminué en milieu rural, en passant de 9,5 % à 6,9 %, contrairement au milieu urbain qui a connu une hausse de 1,6 % à 2,2 %.
En 2022, l’effectif de la population considérée pauvre s’élève à 1,42 million comprenant 512 000 personnes en milieu urbain et 906 000 en milieu rural. Cinq régions ont présenté des taux de pauvreté supérieur à la moyenne nationale de 3,9 % : Fès-Meknès avec 9 %, Guelmim-Oued Noun avec 7,6 %, Béni Mellal-Khénifra avec 6,6 %, Darâa-Tafilalet avec 4,9 % et l’Oriental avec 4,2 %.
La pauvreté multidimensionnelle a également diminué, en passant de 9,1 % à 5,7 %, et notamment en milieu rural, où le taux est passé de 19,4 % à 11,2 %, tandis qu'en milieu urbain, il est passé de 2,2 % à 2,6 %. Les régions Béni Mellal-Khénifra et Fès-Meknès sont les seules régions avec des taux de pauvreté multidimensionnelle à deux chiffres, respectivement 11,6 % et 10,4 %. Ainsi elles représentent plus de 40 % de la population en situation de pauvreté multidimensionnelle.
De son côté, la vulnérabilité, correspondant au risque de basculer dans la pauvreté, a légèrement augmenté, en passant de 12,5 % à 12,9 %, après avoir connu un taux de 7,3 % en 2019. Si elle est restée stable dans le milieu rural, en passant de 19,2 % à 19,4 %, l’augmentation globale est principalement due à sa hausse en milieu urbain, s’établissant à 9,5 en 2022 par rapport à 7,9 % en 2014.
Le nombre de personnes considérées comme vulnérable est de 4,75 millions en 2022, avec 2,24 millions de Marocains en milieu urbain et 2,51 millions en milieu rural. Alors qu’elle s’élevait à 36 % en 2014, la vulnérabilité économique en milieu urbain comprend près de 47,2 % de citadins.
Un revenu annuel des ménages établit à 89 170 DH
En moyenne, le revenu annuel des ménages s’élève à 89 170 DH au niveau national, 103 520 DH en milieu urbain et 56 047 DH en milieu rural. Individuellement, le revenu annuel moyen correspond 21 949 DH en 2022, en étant 2,1 fois plus élevé en milieu urbain avec 26 988 DH, qu’en milieu rural, avec 12 862 DH. Près de sept ménages sur dix, ont un revenu annuel inférieur à la moyenne, notamment ceux en milieu rural.
La principale source de revenu reste les salaires, correspondant à 35,1 % du revenu total. Elle concerne davantage le milieu urbain, avec 36,4 % que le milieu rural, avec 29,5 %. De leur côté, les transferts publics et privés représentent 21,3 % du revenu total, avec une proportion de 22,8 % en milieu urbain et de 15,1 % en milieu rural.
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