Le bloc notes de la rédaction

Cinq cinéastes marocaines qui bousculent les récits en 2025
Sana Akroud – "Les Commandements"
Actrice engagée et réalisatrice courageuse, Sana Akroud s’intéresse à la place des femmes dans la société marocaine dans son prochain opus « Les Commandements ». Son nouveau long-métrage, dont la sortie est prévue le 5 février, suit une mère divorcée se battant pour conserver la garde de sa fille face à son ex-mari, qui tente de la lui enlever après avoir découvert qu’elle a refait sa vie. Celle qui vient de dévoiler les premières images de son film dans une bande annonce haletante, Sana Akroud s’attaque à un sujet d’actualité, les reformes de la Moudawana. « Il faut changer les mentalités pour changer la loi, il faut changer la loi pour changer les mentalités » promet le film qui a tout l’air d’un huis clos dans un tribunal ponctué par des moments de doutes du personnage principale campée par la réalisatrice elle-même. Dans un Maroc où le patriarcat juridique pèse encore lourd sur les droits des femmes, Sana Akroud promet un film , ancré dans la réalité des luttes féminines. Avec son approche sobre et percutante, la réalisatrice signe un drame aussi intime qu’universel à découvrir en salles dès le 5 février…
Karima Guennouni – "Grand Petit Frère"
Encore peu connue du grand public, Karima Guennouni s’apprête à marquer les esprits avec Grand petit frère, un film qui promet de mêler réalisme social et tendresse familiale. Après son court-métrage Ferraille, remarqué dans plusieurs festivals internationaux, cette cinéaste continue d’explorer les liens fraternels et les tensions générationnelles dans un Maroc en mutation. Avec une approche cinématographique épurée et une attention particulière aux émotions des personnages, Karima Guennouni incarne cette nouvelle vague de réalisatrices marocaines qui insufflent un regard intime et contemporain sur la société.Ce road movie personnel et touchant raconte le voyage d’une sœur qui fera tout par amour pour son grand petit frère autiste. Ismail El Fellahi impressionne dans un rôle difficile où il incarne un jeune autiste avec une justesse rare. Jouer un personnage autiste est un défi risqué, et son interprétation, tout en retenue, évite les clichés. Nisrin Adam, dans le rôle de la sœur, brille par son intensité et son engagement. La photographie soignée et le montage fluide donnent au film une atmosphère empreinte de douceur et de mélancolie, où chaque regard et chaque silence en disent plus que les mots. Salim Benmoussa et Mohamed Nadifi complètent un casting solide au service d’une histoire qui part du personnel mais qui se veut universelle.
Samira El Mouzghibati – "Les Miennes"
Avec Les Miennes, Samira El Mouzghibati signe un documentaire d’une rare intensité émotionnelle, qui plonge dans les non-dits familiaux et la transmission des silences. Inspiré de sa propre histoire, le film suit la relation complexe entre une mère et ses cinq filles, oscillant entre tendresse et tension, amour et frustration. Entre Belgique et Maroc, la réalisatrice explore la quête d’identité, le poids des attentes maternelles et la difficulté d’exprimer l’indicible. Plutôt que de s’abandonner au sensationnalisme, elle choisit une narration subtile, construite à partir de fragments de conversations et de regards lourds de sens. Le montage, signé Lenka Fillnerova et primé au Brussels International Film Festival, crée un dialogue entre le passé et le présent, renforçant la charge émotionnelle du film. Un premier long-métrage puissant sélectionné dans la catégorie « Meilleur documentaire » aux Margritte du cinéma 2025. Avec Les Miennes, Samira El Mouzghibati prouve qu’elle est une voix à suivre dans le cinéma documentaire. Sa démarche artistique, à la fois intime et audacieuse, ouvre la voie à une réflexion nécessaire sur les liens familiaux et les identités plurielles. Ce film, bien plus qu’un simple portrait familial, est une quête de réconciliation et un témoignage d’amour. Un premier long métrage bouleversant et prometteur, qui restera longtemps gravé dans les mémoires.
Meryem Benm’Barek – "Derrière les palmiers"
Après son Prix du Meilleur Scénario à Cannes en 2018 pour Sofia, Meryem Benm’Barek revient avec Derrière les palmiers, un thriller psychologique qui joue sur l’ambivalence des relations amoureuses et des rapports de classe. Un film à part, plus esthétisant que son précédent mais toujours dans une démarche d’exploration de l’intime et du psychologique. L’histoire met en scène Mehdi, un jeune marocain issu d’un milieu modeste, et Marie, une expatriée française vivant dans l’opulence. Leur histoire d’amour se teinte peu à peu de tension, révélant les fractures sociales et les héritages coloniaux qui persistent. "Même si ce film commence comme une romance, il glisse peu à peu vers un thriller, tout comme Sofia, que je considère d’ailleurs comme un thriller social plus qu’un drame", confie la réalisatrice qui était en tournage à Tanger à la fin 2024. Présenté aux Ateliers de l’Atlas du Festival de Marrakech, où quelques images ont été dévoilées dans la section « post-production », Derrière les palmiers pourrait faire ses débuts à Cannes cette année.
Maryam Touzani – "Calle Málaga"
Réalisatrice de Adam et Le Bleu du Caftan, Maryam Touzani est une habituée du Festival de Cannes avec une sélection à « Un certain regard » à chacun de ses passages. Avec Calle Málaga, elle poursuit son travail de chroniqueuse sensible des identités et des silences et revient aux sources, à sa ville natale : Tanger. Le film suit Maria Angeles, une Espagnole installée à Tanger, tiraillée entre son passé et son présent. À travers un récit tout en nuances, Maryam Touzani explore les liens invisibles entre les êtres et les lieux qu’ils habitent, dans une mise en scène épurée et poétique. Tout juste sortie de tournage en fin janvier, Calle Málaga sera présenté au Marché du Film de Berlin, en attendant une probable avant-première à Cannes 2025 ou dans les festivals catégorie A début 2026.
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