Le bloc notes de la rédaction
D’anciennes révélations sur Ben Barka, « espion des Tchèques » refont surface
Ce ne sont pas à vrai dire des révélations, mais leur approfondissement dans le détail et leurs recoupements avec d'autres archives méconnues ont fait leur effet dans les médias : The Observer, l’édition dominicale du journal britannique The Guardian, a déterré une étude datant de 2020 réalisée par le chercheur de l’université Charles de Prague, Jan Koura.
Sur la base du dossier qu’il a consulté des services secrets tchécoslovaques – la Sûreté de l’État (StB) – sur Mehdi Ben Barka, et croiser ces archives avec 1 500 pages de documents tout juste déclassifiés, ce professeur, a établi, que le leader de l’opposition à Hassan II et héros de la gauche internationale, enlevé à Paris le 29 octobre 1965 et mort dans des conditions toujours non élucidées, a entretenu d’étroites relations avec la StB (équivalent du KGB soviétique) et a été rémunéré pour ses services.
Ces relations auraient commencé en 1960, lorsque Ben Barka se trouvait à Paris. Après une première mission jugée réussie en Guinée équatoriale, il aurait été invité à Prague où il aurait accepté « d’aider à influencer la politique africaine et ses dirigeants en échange de 1 500 livres sterling par an », relate The Observer. Il aurait fourni des informations sur l’Irak, l’Algérie ou encore l’Égypte.
Les services tchécoslovaques se seraient cependant inquiétés de liens entre Ben Barka et la CIA américaine. Et vers la fin de sa vie, il serait devenu trop proche des Chinois : « des responsables soviétiques ont déclaré au StB que Ben Barka avait reçu 10 000 dollars de Pékin et ont appelé le service à lui retirer tout soutien ou protection ».
Les informations tendant à prouver que Ben Barka était un espion pour le Bloc de l’Est, la CIA ou d'autres services secrets, voire qu’il a pu être un agent double ou triple, ont toujours existé et ont à chaque fois été mises en doute par sa famille politique ou ses proches pour qui il reste un héros de la gauche internationale.
Déjà en 2007, un journaliste tchèque était arrivé aux mêmes conclusions que Jan Koura : Il révélait que Ben Barka alors président de la Tricontinentale (rassemblant des Etats qui venaient d'accéder à l'indépendance et des mouvements de libération), aurait remis au StB des documents qu'il présente alors comme venant du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage français (Sdece, devenu DGSE), mais ses « biscuits » émanaient de sources ouvertes, ce qui avait contrarié les Tchèques… Le leader de la gauche aurait également multiplié les séjours à Prague où il aurait suivi une formation spécialisée (codes, liaisons radio, filature...) en mars 1965, sept mois à peine avant son enlèvement à Paris.
Lire notre document reprenant les détails de l'étude de Jan Koura : Ben Barka, « espion opportuniste » à la solde de Prague
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