Le bloc notes de la rédaction
Gnaoua Festival Tour : une pure magie musicale plus que jamais dans le vent
Dans un format nomade inédit qui l’a mené en tournée dans quatre villes du royaume, d’Essaouira, son berceau, puis à Marrakech, Casablanca et enfin à Rabat, la capitale, où il s’est achevé vendredi en apothéose, le Festival Gnaoua et Musiques du monde a réuni pas moins de 120 000 fans pour cette 23ème édition, à plus d’un titre, originale, car cette fois-ci, ce sont les Gnaouas qui sont venus à leur public.
Après trois ans sans festival et deux éditions annulées, l’objectif de ce Gnaoua Festival Tour en quatre étapes et quatre week-ends, pour un événement phare qui fait habituellement converger, durant cinq jours, jusqu’à 300 000 personnes sur la Cité des Alizés, était de s’adapter aux conditions sanitaires.
Si « rien n’a été simple pour cette édition », témoigne sa fondatrice Neila Tazi, le tableau final démontre sa capacité de résilience et surtout sa grande popularité, une fois encore démontrée par la remarquable capacité des Gnaoua à fédérer et participer à la promotion des valeurs d’ouverture, de tolérance et de partage : plus de 150 artistes dont 23 maâlems se sont produits lors des 30 concerts hauts en couleurs et en émotion. Une programmation artistique exceptionnelle pensée, créée, portée avec passion par les deux directeurs artistiques, le grand maâlem Abdeslam Alikane et le talentueux batteur Karim Ziad.
Un trésor inépuisable à conquérir
« Les organisateurs ont depuis le début choisi d’aborder ce projet comme s’il s’agissait d’un trésor inépuisable qui attend d’être découvert et conquis. Ce trésor c’est notre culture populaire et notre jeunesse ! Oui le monde a découvert les Gnaoua et notre jeunesse nous a conquis ! », se félicite Neila Tazi.
En décembre 2019, l’Unesco, qui considère le patrimoine culturel immatériel comme creuset de la diversité culturelle et garant du développement durable, ne s’est pas trompé en accordant le statut de patrimoine culturel immatériel de l’humanité aux Gnaoua. Car cette culture ne cesse de gagner en popularité, en vitalité, au Maroc et à travers le monde.
Les maâlems Gnaoua ont prouvé une fois de plus la force de leur patrimoine et le succès de l’échange. Ils ont invité des musiciens du monde entier à partager, à créer un dialogue renouvelé, et contribuer ainsi à l’enrichissement de la diversité culturelle et de la créativité humaine. Dès sa première étape, le festival a rappelé son pouvoir singulier de brassage qui revendique son ancrage africain ancestral, mettant en scène la Mauritanienne Fama Mbaye, l’Américain d’origine éthiopienne Haile Suprême, l’Algérien Aziz Ozouz, le Français Stéphane Edouard ou encore le Malien Vieux Farka Touré. Ils ont partagé la scène mythique de la Place Moulay El Hassan d’Essaouira avec les grands noms Gnaoua.
Energie de ses légendes, fusions d'exception et relève assurée
A Marrakech, c’est toute l’énergie des légendes Abdelkebir Merchane et Mustapha Baqbou qui a envoûté les festivaliers avec la présentation d’une partie du répertoire le plus inaltéré de l’art Gnaoua. Le très respecté Mohamed Kouyou y a donné aussi un concert de pure tradition tagnaouite.
On retiendra des moments de pure magie musicale lors de fusions qui resteront dans les annales. Comme celles teintées de jazz d’Avishai Cohen, considéré comme l’un des piliers du jazz et compositeur de génie, avec le saxophoniste Emile Parisien et l’accordéoniste Vincent Peirani en fusion avec le grand Hamid El Kasri en clôture de cette tournée à Rabat, enrichie par la douceur de Nabyla Maan. Celles chargées d’énergie du Trio Assala, ou des cubains de CimaFunk avec les maâlems Khalid Sansi et Ismail Rahil à Casablanca.
Cette édition a été marquée par une présence féminine d’exception. Les musiciennes étaient là en force, ont enchanté le public et conquis le public. Les deux maâlemates, Asmae Hamzaoui qui a su s’imposer et la jeune Hind Ennaira promise à une belle carrière, la Sénégalaise à la voix d’or Kya Loum, la gardienne du temple de la chanson marocaine Soukaina Fahsi, l’envoûtante Hindi Zahra, la flûtiste virtuose Naissam Jalal, la douce et profonde Nabyla Maan véritable trait d’union entre la musique contemporaine et la tradition arabo-andalouse.
Le Gnaoua Festival Tour, exceptionnel projet appelé à s’inscrire dans la continuité grâce à ceux qui ont le mérite de le soutenir, a été aussi l’occasion de permettre à la nouvelle génération des artistes gnaouis de montrer toute l’étendue de leur talent : aux côtés de plus grands noms de la tagnaouite, il a mis en vedette la relève Gnaoua et les jeunes maâlems, qui ont repris le flambeau et sont les garants de sa pérennité, comme ceux invités au partage par Abderrazak El Hadir au Centre Les Étoiles de Jamaa El Fna.
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