Tout ce qu’il faut savoir sur la 24ème édition du Festival Gnaoua d’Essaouira

« Nous voulons que ce soit une grande fête, une belle fête, une fête populaire et cosmopolite qui va durer trois jours et trois nuits ». C’est ainsi que Neila Tazi, directrice et productrice du festival Gnaoua et Musiques du monde, a entamé son discours devant un groupe de journalistes ce lundi 8 mai, pour présenter la 24ème édition du Festival Gnaouia et Musiques du monde qui se tiendra du 22 au 24 juin 2023 à Essaouira, son berceau historique.

Pour elle, cet événement tant attendu par les amateurs de ce style musical sera « exceptionnel » à bien des égards. Tout d'abord, ce sera l'occasion pour les fans de la culture Gnaoua, qui a été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO en décembre 2019, de rencontrer des Maâlams célèbres et talentueux ainsi que des artistes venus des quatre coins du monde.

« Avec plus de quarante concerts dans toute la ville, nous vous promettons une fête gigantesque et continue, dans la communion, la joie et le partage qui ont toujours caractérisé cet événement authentiquement marocain, aux racines profondément africaines », annonce Neila Tazi, souriante, en précisant discrètement que le budget alloué à cette édition s'élève à 20 millions de dirhams.

Une programmation musicale alléchante 

Une mélodie envoûtante se profile à l'horizon, avec une sélection musicale qui ne manquera pas de ravir tous les sens. Tout commencera le 22 juin avec la parade d'ouverture qui sera un moment de liesse et de félicité, qui éveille l'impatience des festivaliers et des Souiris. Elle ouvrira les portes à trois jours de célébrations, de convivialité, de partage et de moments intenses.

Trois jours à vivre dans une ville qui a fait de la tolérance un art de vivre. Un spectacle haut en couleur, orchestré par les Maâlems Gnaoua, qui sillonneront les rues à la rencontre des Souiris et des festivaliers venus des différentes villes du Royaume et d'ailleurs, pour célébrer ensemble le lancement de cette 24ème édition.

Karim Ziad, directeur artistique du Festival Gnaoua et Musiques du monde. Crédit : Mustapha Razi / Le Desk

Le concert d'ouverture qui se déroulera le même jour sur la scène Moulay Hassan sera, selon les organisateurs du Festival, un véritable hymne au continent africain. Une résidence exceptionnelle a permis de réunir les talents des Maâlem Mohamed Kouyou et Maâlem Said Kouyou en fusion avec les Tambours du Burundi Amagaba, Jaleel Shaw et Sanaa Marahati. Un concert qui s'annonce explosif, avec près de 25 artistes sur scène.

Créer de la magie par la fusion musicale

Depuis sa première édition, le Festival Gnaoua et Musiques du Monde est devenu un lieu de rencontres de tous les possibles, où les musiciens du monde entier s'affranchissent de toutes les contraintes pour oser des associations musicales audacieuses. Cette audace sera de mise cette année encore avec deux résidences particulières.

La première verra Khalid Sansi s'associer avec El Comité, le groupe le plus bouillonnant de la musique afro-cubaine. La seconde permettra aux rythmes africains, orientaux et occidentaux de se mélanger en faisant produire sur une même scène le Maâlem Majid Bekkas, le vibraphoniste David Patrois, le percussionniste Minino Garay, le batteur Mokhtar Samba ainsi que le saxophoniste Axel Camil. « Un concert en sortie de résidence, aux couleurs du Maroc, de l'Argentine, du Sénégal et de la France, qui promet des étincelles », soulignent les membres du comité d’organisation.

Les festivaliers seront bien gâtés en matière de fusions, avec des affiches inédites et musicalement prometteuses. D’abord, un bon mélange entre pratiques vocales et liturgiques indo-pakistanaises et la musique de Issaoua sera présenté sur scène par le grand maître du qawwali, Faiz Ali Faiz, habitué du Festival Gnaoua et Musique du monde, et Nass El Hal (Issaoua de Fès).

Le deuxième concert, 100 % féminin, rassemblera les Amazones d'Afrique, Asmaa Hamzaoui &  Bnat Timbouktou. Les Amazones d'Afrique sont un super-groupe féminin panafricain, dont les voix célèbrent avant tout l'amour et la solidarité nécessaire entre les femmes. Elles mettent leur talent au service de la lutte contre toutes les violences faites aux femmes et aux jeunes filles. A

smaa Hamzaoui, quant à elle, a su faire preuve de courage, d'audace et de persévérance pour s'imposer en tant que maâlma dans un univers exclusivement masculin, montrant ainsi la voie à d'autres femmes gnaouies. Un bel exemple de sororité africaine, tout en rythme et panache, détaille le comité d’organisation.

Deux autres fusions sont également prévues dans le cadre de cette 24e édition. La première est une rencontre exceptionnelle entre Maâlem Abdeslam Alikane, Torsten de Winkel à la guitare, le légendaire Sulaiman Hakim au saxophone et Zouhair Amkas à la batterie. La seconde est une rencontre entre le concertiste d'exception Maâlem Hamid El Kasri, le saxophoniste Jaleel Shaw, le guitariste auteur-compositeur de renom Torsten de Winkel, et le percussionniste Mustapha Antari.

Des invités de renommée mondiale

Durant les trois jours du Festival, les trois scènes résonneront aux sons des guembri, crotales et tambours qui se conjugueront aux sonorités des cordes, des cuivres et des percussions venues d'Europe, d'Amérique, d'Afrique et d'Asie. En plus du concert d'ouverture, des fusions et des sorties de résidence, la scène Moulay Hassan résonnera de la voix soul et puissante de Selah Sue, des airs solaires et nostalgiques d'Eliades Ochoa, des sonorités jamaïcaines teintées de hip-hop de Ky-Mani Marley ou encore de l'énergie débordante d'un châabi-groove bien de chez nous des Hoba Hoba Spirit.

La scène de la plage offre une programmation aussi variée que festive. Elle accueille généralement des groupes ou des têtes d'affiche qui proposent des concerts en solo ou en fusion. Pour cette 24^e édition, la scène de la plage invite les festivaliers à plonger dans la musique marocaine dans toute sa diversité, avec l'une des rares représentantes de l'art des Gnaoua au féminin, Hind Ennaira, l'ambassadeur de la chanson amazighe, Larbi Imghrane, les Safiotes avec leur chaâbi électrique Hasba Groove, et enfin les Maâlems Boussou, Oubelqas et Hayat. Et pour clore le festival, l'énergie incomparable de Gnawa Diffusion.

Les murs de Borj Bab Marrakech accueillent des résidences et des concerts de fusion. Pour cette édition, El Comité, l'un des groupes de jazz aux sonorités afro-cubaines les plus talentueux de sa génération, donnera un concert à ne pas manquer. Également au programme, Fehd Benchemsi &  The Lallas, Le Trio Joubran et Maâlem Abdeslam Alikane en fusion.

L’habituel Forum des Droits de l’Homme

Le Forum des droits de l’Homme du Festival de Gnaoua revient encore une fois lors de cette 24e édition pour créer un espace de liberté et discuter de sujets d’actualité. Cette année, le forum aura pour thème « Identités et appartenances », avec pour objectif de comprendre les mouvements identitaires et nationalistes populaires en Europe et en Amérique.

Rachid El Yazami, ex-président du CNDH. Crédit : Mustapha Razi / Le Desk

Le forum vise également à explorer comment les identités nationales, l'hospitalité et l'appartenance peuvent être articulées dans un monde où les êtres humains sont de plus en plus mobiles. Le forum est composé de quatre tables rondes avec des intervenants de haut niveau, y compris des professeurs, des anthropologues et des écrivains.

« Ouled Bambra  », préparer la relève

Une nouvelle initiative, mais pas des moindres. L'association Yerma Gnaoua lancera son nouveau projet nommé « Ouled Bambra » qui vise à sélectionner une troupe de jeunes Gnaoua dans chacune des huit régions où elle travaille.

Le groupe choisi par l'antenne de sa région participera à un concours organisé lors de la 24e édition du Festival. La compétition aura lieu à la Médiathèque de Bab Marrakech le vendredi et le samedi, tandis que la cérémonie de remise des prix se tiendra le dimanche.

Un jury composé de professionnels du monde culturel et musical évaluera les groupes sélectionnés, notamment en ce qui concerne leur qualité musicale, leur performance scénique, leurs chorégraphies, leurs costumes et leur maîtrise du guembri. Les membres du jury seront notamment des grands maâlems de renom, des représentants du monde de la culture ainsi qu'un membre de l'association Yerma Gnaoua.

Le groupe gagnant du concours recevra comme prix l'enregistrement en studio d'un titre dans des conditions professionnelles. Les deuxième et troisième groupes se verront quant à eux constituer un dossier artistique professionnel complet et seront invités à participer aux tournées que l'association Yerma Gnaoua organisera après le festival.

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