Le secteur horticole marocain se trouve à un tournant décisif, avec un potentiel de croissance durable porté par la consolidation, les collaborations stratégiques et l'intégration technologique. Les partenariats néerlando-marocains, notamment dans le développement de serres, peuvent positionner le Maroc comme un modèle d'horticulture durable dans les régions arides. Des investissements continus dans des technologies économes en ressources et des politiques de soutien seront essentiels au développement du secteur. La conclusion est tirée d’une note préparée par l’équipe du Réseau agricole néerlandais (LAN) de l'ambassade des Pays-Bas à Rabat présentant l'état des lieux de ce secteur.
Cette analyse explore les évolutions récentes du secteur, en se concentrant sur les technologies de serre, la santé des végétaux, les défis environnementaux et les partenariats stratégiques, notamment avec les Pays-Bas.
Le secteur horticole marocain est un secteur très important et dynamique, constate le document qui souligne que l’horticulture au Maroc présente également un intérêt potentiel pour de nombreuses entreprises néerlandaises. La note du LAN Rabat se concentre principalement sur la production de légumes, et non sur celle de fruits rouges/baies, qui constitue également un important produit d'exportation.
La note revient sur la « croissance remarquable » de la chaîne de valeur horticole marocaine et ce depuis les années 80. Ces dernières années, les statistiques de production et d’exportation démontrent de la dynamique que connait ce secteur contribuant significativement à l'emploi et à la balance commerciale. « Le secteur a créé de nombreux emplois, non seulement dans la production agricole, mais aussi grâce au développement de services de soutien tels que la logistique et la transformation », lit-on du document qui examine les développements récents du secteur, en se concentrant notamment sur les technologies de serre, la santé des plantes, les défis environnementaux et les partenariats stratégiques, avec un examen particulier des partenariats en cours avec les Pays-Bas.
40 000 hectares, 26 % de la production exportée
Bien qu’il soit confronté à de nombreux défis, notamment le changement climatique, l'évolution des normes de qualité et la concurrence extérieure qui appellent à une demande accrue d'innovation et de nouvelles technologies pour améliorer la productivité et la compétitivité, en 2022, la superficie cultivée en horticulture au Maroc a atteint 40 000 hectares, pour une production totale de 2 millions de tonnes. 26 % de cette production est exportée, soit 42 % des exportations agricoles totales.
Selon les données compilées provenant du ministère de l'Agriculture, LAN Rabat constate une expansion significative des superficies cultivées sous serre : de 15 000 hectares en 2009, la superficie sous serre a atteint 20 000 hectares en 2020. Les principales régions productrices sont le Souss-Massa, le Gharb et le Loukkos. Cette expansion est principalement due à des conditions climatiques favorables, ainsi qu'à des coûts de main-d'œuvre et de logistique compétitifs.
Ces trois régions concentrent les principales cultures sous serre : les tomates, les haricots verts, le melon, la courgette, le poivron, l'aubergine, le concombre et la banane (pour le marché local). Les tomates occupent la plus grande surface et représentent également le plus grand volume de production/exportation.
Plus de 85 % des exportations marocaines de tomates (environ 700 000 tonnes en 2022) sont produites dans la région de Souss-Massa.
Les exportations marocaines de fruits et légumes ont augmenté de 64 % depuis 2018, la valeur totale des exportations passant de 729 millions de dollars en 2016 à plus de 1,5 milliard de dollars en 2021.
La majorité de ces produits sont exportés vers le marché européen. Malgré la concurrence accrue d'autres pays, le Maroc est devenu le deuxième fournisseur de tomates de l'UE en 2023, juste derrière les Pays-Bas, explique LAN Rabat sur la base statistique Eurostat de 2023. Il en ressort que la France a représenté environ la moitié de ces exportations, tandis que les Pays-Bas et l'Espagne en ont importé respectivement 9 % et 6 %. En 2023, le Royaume-Uni a absorbé environ 18 % des exportations.
LAN Rabat souligne dans sa note que l'accord de libre-échange de 2012 a facilité l'accès du Maroc au marché de l'UE en prévoyant, entre autres mesures, un contingent à droits nuls de 285 000 tonnes de tomates entre le 1er octobre et le 31 mai. Ce volume n'a pas été révisé depuis le Brexit, le Royaume-Uni ayant accordé au Maroc un contingent supplémentaire de 47 510 tonnes. Les autres mois, un droit d'importation réduit est applicable.
Pour maintenir son statut de premier exportateur mondial de tomates et d'autres produits, le secteur horticole marocain met l'accent sur l'amélioration de la qualité de ses produits et sur l'exploitation de ses avantages en termes de coûts, relève le document. Par ailleurs, le Maroc diversifie ses destinations d'exportation pour inclure les marchés d'Europe de l'Est, d'Amérique du Nord et du Conseil de coopération du Golfe (CCG).
Des défis tels que le changement climatique, les normes de qualité et la concurrence extérieure ont accru la demande d'innovation et de technologie pour accroître la productivité et la compétitivité. La réglementation européenne relative à la santé des végétaux et à la qualité des produits influence également la dynamique des exportations, note la source.
Combi-track du gouvernement néerlandais
Le Réseau LAN de l’ambassade des Pays-Bas à Rabat fait ainsi valoir à travers sa note, la collaboration avec le Maroc dans le secteur horticole dont l’objectif est « d'améliorer la durabilité de ce secteur ». La stratégie d'intervention combi-track du gouvernement néerlandais au Maroc vise notamment à tirer parti de l'expertise néerlandaise en matière de serres de moyenne technologie et à adopter des technologies innovantes qui améliorent l'efficacité hydrique, la lutte antiparasitaire et optimisent le rendement.
D’autres initiatives sont mises en avant comme le Centre d'excellence maroco-néerlandais en horticulture (CEH) en matière de durabilité et d’économie des ressources hydriques en collaboration avec des instituts spécialisés du pays des landers. Si à ses débuts la coopération s’arrêtait aux intrants (semences, équipements), plus récemment, les entreprises néerlandaises ont investi de plus en plus dans la production agricole directe au Maroc.
La note cite en particulier Agrocare, un projet de culture de tomates lancé en 2023 dans une serre canarienne améliorée de 11 hectares (ha) à porter à 50 ha, dans la région de Souss-Massa. Dans la région d’Agadir, Van Oers United produit et exporte des légumes frais de plein champ. En 2020, cet entrepreneur a étendu ses activités à Fresh Grow, qui gère 450 ha de cultures de plein champ (haricots, oignons nouveaux et choux de Bruxelles) dans la région de Souss. Kamps Beans Morocco (KBM) est un autre producteur de haricots présent dans la région d'Agadir sur 1 200 ha et exportant ses produits conditionnés vers les Pays-Bas depuis 2016. En 2023, KBM a conclu un partenariat d’intégration de la chaine de valeur avec le groupe néerlandais Scherpenhuizen, qui a également récemment acquis Primeale auprès du français Agrial.
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