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n°34.Présidentielle US : comment déchiffrer le casse tête électoral américain ?

21.04.2016 à 15 H 18 • Mis à jour le 21.04.2016 à 15 H 33 • Temps de lecture : 7 minutes
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L'élection présidentielle américaine repose sur un scrutin indirect qui démarre avec les primaires. Elle constitue un véritable parcours du combattant pour les candidats, qui doivent consacrer l’intégralité de leurs ressources et de leur temps à leur campagne pour espérer l’emporter. Zoom sur l’un des systèmes électoraux les plus complexes dans le monde.

Mardi 19 avril, Hillary Clinton a remporté la primaire démocrate de New York avec 57,9 % des voix, contre 42,1 % pour Bernie Sanders. En remportant 135 délégués (104 pour son rival), elle se rapproche encore un peu plus de l’investiture, sa victoire ne faisant plus aucun doute pour les observateurs. Mais outre-Atlantique, le bon résultat d’Hillary Clinton est attribué au système électoral de l’État de New-York, qui fonctionne par primaires fermées. C’est à dire que seuls les électeurs ayant renseigné leur affiliation à un parti sont autorisés à y participer. D’après The Nation, ce sont trois millions de personnes pourtant inscrites sur les listes électorales qui n’ont ainsi pas été en mesure de voter dans l’État de New York, soit 27 % du total des inscrits. Or, les primaires précédentes ont démontré que le vote des indépendants est loin d’être anodin, puisqu’ils sont une majorité à soutenir Bernie Sanders. Selon les estimations du Washington Post, il n’aurait pas remporté les États du New Hampshire, de l’Oklahoma et du Michigan si les primaires n’avaient pas été ouvertes. En tout, douze États américains passent pas des primaires fermées, New York étant celui dans lequel il faut s’y prendre le plus tôt pour être éligible. Après le 9 octobre 2015, ses électeurs ne pouvaient plus s’inscrire comme démocrates ou républicains. L’élection n’étant que plus de six mois plus tard, nombre d’entre eux ne se sentaient pas encore concernés par l’élection et n’ont pas pris la peine de faire les démarches nécessaires. Un symbole de la complexité du système électoral aux États-Unis.

D’abord, choisir son candidat

Le système bipartite américain ne laisse de place qu’à deux mouvements politiques : le parti démocrate et le parti républicain. D’autres mouvances existent, comme le Tea Party, mais ils n’ont quasiment aucune influence et n’ont pas les moyens de concourir sérieusement à la course à la présidence. D’après les estimations du Center for Responsive Politics, la dernière campagne présidentielle opposant Barack Obama à Mitt Romney a coûté 2,6 milliards de dollars. Un budget permettant d’occuper l’espace médiatique en spots publicitaires et conventions. Sans le soutien d’un parti puissant, impossible de rivaliser. Restent donc démocrates et républicains, qui doivent sélectionner leur candidat : c’est le rôle des primaires et des caucus, organisés par chaque État. Une primaire est un scrutin classique. Les électeurs votent à bulletin secret pour choisir leurs délégués, qui soutiennent un candidat spécifique. Ce sont ces délégués qui participent ensuite à la convention de juillet, qui sert à désigner officiellement le candidat de chaque parti pour l’élection présidentielle. Sur les 50 États américains, 15 ont préféré adopter le caucus. C’est le cas de l’Iowa, qui est traditionnellement le premier État à se prononcer.

Dans certains États, toute une frange de l’électorat est mise à l’écart des primaires.

Place au débat

Lors d’un caucus, les membres d’un parti se réunissent pour débattre des qualités et défauts des différents candidats. Les électeurs qui savent déjà pour qui voter tentent de convaincre les indécis de rejoindre leur camp. Quand les discussions sont finies, les citoyens se rassemblent par groupe de candidat. Celui qui compte le plus d’adeptes récupère le plus de délégués. Sont d’abord choisis des délégués de circonscription, qui votent pour des délégués de comté, qui élisent ceux qui les représenteront à l’occasion de la convention nationale. Le nombre de délégués auquel a droit un État est calculé proportionnellement à sa population. C’est pourquoi certains États jugés insignifiants par les candidats peuvent être un peu délaissés pendant la campagne (Vermont, New Hampshire, Oklahoma), alors que des moyens colossaux sont déployés pour d’autres (Texas, Floride, Californie). A savoir également que selon les États, les délégués républicains ne sont pas forcément répartis proportionnellement en fonction du résultat des votes. Le principe du “Winner takes all” consiste à donner l’ensemble des délégués d’un État au candidat ayant amassé le plus de voix. Ces États sont donc particulièrement stratégiques et peuvent faire basculer les tendances. Très mal parti pour les primaires républicaines, John Kasich a gardé la tête hors de l’eau grâce à sa victoire dans l’Ohio, dont il est le gouverneur. Il s’est adjugé la totalité des 66 délégués de son État grâce à ce système.

La convention nationale, pas forcément une formalité

La convention nationale républicaine se déroulera du 18 au 21 juillet à Cleveland, où se réuniront 2472 délégués. Côté démocrate, l’événement aura lieu à Philadelphie du 25 au 28 juillet et rassemblera 4483 délégués. Parmi eux, 718 sont des “super-délégués”. Ils n’ont pas été élus lors des primaires mais obtiennent ce droit grâce à leur statut ou leur fonction. Ils peuvent donc voter pour le candidat de leur choix, au contraire des autres délégués qui doivent continuer de soutenir le même candidat que lors des primaires. Un procédé critiqué pour son côté anti-démocratique. Si un candidat parvient à réunir une majorité absolue (plus de la moitié des délégués), il sera investi automatiquement. Si ce n’est pas le cas, une convention ouverte a lieu, et les délégués peuvent réassigner leur voix à n’importe quel candidat, ce qui profite quasi-systématiquement au candidat qui a gagné le plus de délégués lors des primaires. Les spécialistes évoquent la possibilité cette année d’un dénouement tout autre pour les républicains. Donald Trump fait figure de favori populaire, mais est contesté par des cadres influents de son parti, qui pourraient tout faire pour créer une coalition anti-Trump en cas de convention ouverte. Une fois les candidats à la présidence élus, ils présentent leur ticket pour l’élection : le colistier, qui brigue donc le poste de vice-président, est annoncé. Il s’agit d’un choix très stratégique pour élargir son panel d’électeurs potentiels. Équilibrer le ticket en choisissant un colistier ne partageant pas exactement les mêmes opinions permet d’attirer dans son escarcelle plus de votants. Par exemple, un ticket composé d’un candidat modéré du nord et un candidat plus excessif du sud va brasser une large proportion des membres du parti et même lorgner des citoyens en-dehors de ses couleurs. Dans les faits, les pouvoirs du vice-président sont assez faibles et fait plus office de représentant. Il est surtout essentiel pour reprendre la fonction présidentielle en cas de mort ou de défaillance du Président.

Controversé au sein de son propre parti, Donald Trump ne peut pas risquer une convention nationale ouverte. CHRISTOPHER FURLONG / GETTY IMAGES

Républicains et démocrates entrent en guerre

La campagne entre démocrates et républicains peut alors débuter. Comme pour les primaires, des conventions sont organisées dans les différents États et les spots TV et radio deviennent omniprésents. Les candidats s’affrontent lors de débats télévisés qui ont lieu en septembre et en octobre. Puis, le premier mardi de novembre (sauf si cela tombe le premier du mois), les citoyens sont appelés aux urnes. Cette année, l’élection aura lieu le 8 novembre. Les électeurs ont la possibilité de se rendre à leur bureau de vote quelques semaines avant cette date s’ils estiment ne pas pouvoir se déplacer le jour J. Il est également possible de voter avant le 8 novembre par courrier. En 2008 et en 2012, environ 30 % des votes ont été réalisés de manière anticipée. Les Américains votent non pas pour le ticket directement mais pour des grands électeurs. Le parti qui obtient le plus de votes dans un État s’adjuge la totalité des grands électeurs de celui-ci. Leur nombre par État varie en fonction du nombre d’habitants. Ils sont en tout 538 et forment le collège électoral. A ce stade, le nom du Président est déjà connu, mais il faut attendre le mois de décembre (le 19 cette année) pour que les grands électeurs se réunissent pour voter. L’officialisation survient début janvier et sera prononcée par le vice-président Joe Biden. Le 20 janvier, le successeur de Barack Obama à la Maison Blanche sera investi à l’occasion d'une cérémonie au Capitole. Son mandat court sur quatre ans et il ne pourra être réélu à la présidence qu’une autre fois. Avec déjà deux mandats, Barack Obama, ne pouvait plus se représenter en 2016.

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Par @alx_sd
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