RenseignementLes services secrets espagnols inquiets des conséquences de la crise avec le Maroc
Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, « a court-circuité les bonnes relations entre les services secrets hispano-marocains » alors que la phase d'alerte dans la lutte contre le terrorisme est au « niveau 5 renforcé » sur une échelle de cinq - un risque proche de « très élevé », le maximum de l'argot policier, depuis juin 2015, estime le média Ok Diario.
Le faux pas de La Moncloa avec l’accueil du chef du Front Polisario dans un hôpital de Logroño a été décrit par les experts de la police comme une « inconstance qui peut même aggraver la pression sur les mesures de sécurité », rapporte la même source.
Selon des sources des services secrets citées par le média espagnol, si le black-out des informations sur les cellules djihadistes et la surveillance de leurs militants les plus radicaux devaient durer indéfiniment, la sécurité de l'Espagne et de l'Europe en serait sérieusement affectée. La menace viendrait selon elles du vivier de jeunes radicalisés de la région de Tétouan qui a fortement contribué aux effectifs de Daech (2000 Marocains avaient rejoint ses rangs, plaçant le Maroc comme deuxième pays d’origine après la Tunisie dont le contingent avait dépassé les 3 500).
Ok Diario rappelle que la DGED (Service de contre-espionnage) de Yassine Mansouri a infiltré avec agents en Espagne et dans d'autres pays européens, les mosquées ou les cercles djihadistes, mais que toute cessation de la coopération pouvait être défavorable à la sécurité intérieure de l’Espagne. Et de citer par ailleurs, l’avantage dont avait profité Madrid avec la crise franco-marocaine de 2014 : le puissant patron du pôle sécuritaire DGSN-DGST, Abdellatif Hammouchi avait été décoré par le ministre de l'Intérieur de l'époque, Jorge Fernández Díaz , de la Croix du mérite de la police pour les efforts du Maroc pour maintenir la sécurité dans le monde.
Quelques mois plus tard, la ville de Marrakech avait organisé le Forum antiterroriste mondial au cours duquel l'Espagne a affirmé ses excellentes relations avec le Maroc en termes d'informations anti-djihadistes, rappelle-t-on.
Un ancien commissaire expert de la lutte anti- terroriste rappelle à Ok Diario sa dernière visite à Rabat en 2017 où la délégation espagnole avait été reçue par Hammouchi en personne : « Quelque chose d'impressionnant. Le siège de la DST marocaine était situé dans un palais et les officiers se tenaient au garde-à-vous lorsqu'ils traversaient les couloirs avec leur directeur. Hammouchi parlait non seulement parfaitement l'espagnol, mais montrait également une grande connaissance de notre pays. Il n'était pas un fondamentaliste parce que, bien qu’en tant que musulman il observait le jeûne du Ramadan, nous avons été servis en nourriture. À l'époque, la police espagnole avait participé à la formation d’agents marocains de l'école de Kénitra, mais maintenant je ne sais pas comment tout cela va finir. Au moins pour un temps. Les Marocains sont ultra-nationalistes et très sensibles à tout ce qui touche au Sahara. Nous l'avons toujours pensé », a-t-il témoigné.
« Si Hammouchi et Mansouri, en dehors de la crise actuelle, ont toujours fait preuve de proximité avec leurs voisins de l'autre côté du Détroit, c'est le contraire avec le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, qui, en privé, se réfère toujours à l'Espagne d'une manière péjorative. Il pourrait être décrit comme le faucon du régime marocain », croit savoir le média espagnol.
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