La première Biennale d’art de Rabat voit le jour
Imaginée sous forme d’un archipel. La biennale est composée d’une exposition internationale, de trois cartes blanches, d’un programme de performances, d’une programmation culturelle associée tout au long de la période et d’un focus sur l’art urbain. cette 1ère Biennale d’Art Contemporain se tient dans différents endroits de la capitale. Le Musée Mohammed VI, le Musée de l’Histoire et des Civilisations, le musée des Oudayas, le fort Rottembourg, l’espace Expressions CDG, la villa des Arts, la galerie d’art du Crédit Agricole, la galerie d’art de la Banque Populaire, la bibliothèque nationale, le théâtre Mohammed V, et le parc Hassan II, seront pendant trois mois de réelles vitrines pour des artistes venus du Maroc et d’ailleurs.
Vibrant hommage à Oum Kalthoum
Cette Biennale, rend un vibrant hommage à l’Astre d’Orient, Oum Kalthoum, à travers la projection de son concert mythique à Rabat en 1968. « la Biennale de Rabat est l’endroit où s’écrit un nouveau récit du monde à partir des imaginaires, des rêves et des revendications des femmes. » estime Abdelkader Damani.
Plusieurs œuvres parmi celles exposées sont des productions réalisées spécialement pour la Biennale. De nombreuses artistes exposent pour la première fois au Maroc. Certaines créations réalisées pour cette 1ère édition rejoindront les collections publiques du Musée Mohammed VI.
Les Cartes Blanches
Lors de cette Biennale, trois cartes blanches sont confiées à des artistes dans trois disciplines différentes. Il s’agit de l’artiste plasticien et vidéaste Mohamed Elbaz pour les arts plastiques, de la scénariste et réalisatrice Narjiss Neijjar pour le cinéma et les écrivaines Faouzia Zouari et Sanae Ghouati pour une carte blanche littéraire.
Arts Plastiques : Carte Blanche à Mohamed El Baz
Pour sa Carte Blanche, l’artiste Mohamed El Baz a pensé une exposition collective intitulée « La Forêt ». Ce dernier y a convié 6 artistes de la jeune scène marocaine. Il s’agit de Saïd Afifi, M’barek Bouhchichi, Safaa Erruas, Maria Karim, Youssef Ouchra et Ilias Sellait.
Par son nom La Forêt (El Ghaba), Mohamed El Baz invite le public à réfléchir à la genèse des oeuvres d’art ainsi qu’aux nombreux mystères du processus créatif. Entre souvenirs enchantés de l’enfance, mémoire des morts, apparitions quasi surnaturelles ou nouvelles coordonnées d’un espace-temps devenu insaisissable, chacun des artistes donne à voir sa vision d’un monde indéchiffrable, peut-être même en voie d’extinction. Au-delà du pouvoir médiumnique de l’oeuvre d’art, la question est posée de savoir en quoi le public peut encore donner sens à ce qui nous échappe.
Cinéma : Carte Blanche à Narjiss Nejjar
Narjiss Nejjar, réalisatrice et directrice de la Cinémathèque marocaine, a prévu une fiction chaque vendredi et samedi tout au long de la Biennale. Seront aussi programmés des projections cinématographiques, des master class et des discussions avec des réalisateurs.
Narjiss entame cette biennale avec « De sable et de feu » un film réalisé par Souheil Benbarka. L’histoire d’un officier de l’armée espagnole et conspirateur de génie qui rencontre une aristocrate anglaise. Les deux vivront un destin hors du commun une histoire qui bouleversera le Moyen-Orient. À son tour Claude Lelouch vient avec son film « Les plus belles années d’une vie » une comédie dramatique chargée d’émotions, d’humour, de tendresse et d’imprévu. « 50 ans après son fulgurant et vibrant « Un homme et une femme », il nous offre, un récit bouleversant, tendre et désarmant sur deux amoureux vieillissants, à l’heure où la mémoire tire sa révérence. » Narjiss Nejjar. Le coréen Bong Joon-Ho, quand à lui il projette son film « Parasite » palme d’or du festival de cannes 2019. Une féroce critique sociale sur l’incapacité des individus à coexister. Le Palestinien Elia Suleimane nous vient avec « It must be heaven » son film où il est à la recherche d’une nouvelle destination, d’une nouvelle vie pour réaliser que ses origines et sa patrie le rattrapent.
D’autres réalisateurs se rajoutent à la liste. Le britannique Ken Loach, la japonaise Naomi Kawase et son « Voyage à Yoshimo ». « Bucarau » du Brésilien Kleber Mendonça Filho. l’algérienne Monia Meddour avec « Papicha », le tunisien Mehdi Barsaoui avec « Un fils », la jeune Afghane, Sahraa Karimi avec « Hava, Maryam, Ayesha », son premier film qui arrive de la Mostra de Venise pour se joindre à cette biennale. « Bunuel, après l’âge d’or » de l’espagnol Salvador Simo. « Les hirondelles de kaboul » de Zabou Breitman. « Wardi » de Mats Grorud. « Adam » de Maryam Touzani, clôturera cette première édition.
Littérature : Carte Blanche à Faouzia Zouari Et Sanae Ghouati
Pour conclure la Biennale, Sanae Ghouati, professeur à l’Université Ibn Tofaïl et la romancière tunisienne Faouzia Zouari invitent le 18 décembre les écrivaines, romancières, poétesses, essayistes autour d’un parlement dit Parlement des Écrivaines.Les poèmes et romans courts créés seront lus par les auteures au Musée de l’Histoire et des Civilisations de Rabat et seront et par la suite rendus publics au Musée Mohammed VI. A la fin de la Biennale et après le Parlement des écrivaines, un livre réunissant l’ensemble des fictions et des images de la Biennale sera publié.
« Quelle étrange idée d’un temps avant le temps, un instant avant la longue durée de l’humain, de se voir dans un ailleurs hors ce présent usé, abusé, épuisé, usurpé par une force au détriment de toutes les autres ! Comment se penser et repenser le monde le temps d’un clin d’oeil et transmettre ces illuminations, inspirations, ou renaissances fluctuantes et ambiguës dans le même laps de temps, sans que les mots n’en altèrent la pureté, l’intensité ni l’étendue du sens ? (…) Chaque auteure sollicitée ici, ouvre à sa manière, dans sa langue de création (arabe, français, amazigh, anglais), sa forme de prédilection, ce champ des possibles, cet instant particulier qui peut être le seuil d’un monde à entrevoir, à rééquilibrer ou à libérer. Le florilège des créations présente des senteurs et des saveurs d’un moment fugitif, à peine effleuré, rêvé, imaginé…une trace d’un instant infinitésimal et évanescent qui poétise notre présent ! » propos de Sanae Ghouati
Street Art : Futura, le père du graffiti invité de la Biennale
Le street artiste Futura et cinq artistes marocains - Ghizlane Agzenai, Yassine Balbzioui, Mehdi Zemouri, Iramo Samir et Ed Oner ont réalisé spécialement pour cette première édition un ensemble d’oeuvres au parc Hassan II.
« Rabat a fait le pari d’intégrer cette forme artistique depuis plus de 5 ans avec le festival Jidar. Pour notre carte blanche, nous avons pensé une installation qui durera au minimum trois mois. Elle est exposée dans le nouveau jardin public. Une réalisation géante et multidimensionnelle sous forme de structures géométriques. Ces structures pluridimensionnelles symbolisent les multiples facettes que peut prendre l’art dans l’espace public. Elles évoquent également l’échange et la communication que peuvent avoir deux artistes. Les cubes et les cimaises se fondent dans leur milieu naturel du moment – le jardin Hassan II qui les accueillent pendant 3 mois – mais sont pensées de manière à être mobiles et à pouvoir avoir une seconde vie artistique ailleurs. 6 artistes, 2 cubes, 2 faces par artiste, 2 cimaises et un monde de possibilités de dialogue créatif entre des artistes qui viennent de backgrounds différents bien que tous sous le chapeau du street art : le graffiti, le figuratif, le géométrique et l’abstrait. Notre choix artistique s’est porté sur cinq signatures marocaines, qui ont accompagné l’artiste iconique américain Futura l’invité spécial du Musée Mohamed VI pour cette première Biennale de Rabat. » Salah Malouli- Commissaire
Les œuvres captivantes la Biennale
Durant trois mois, la Biennale investira les hauts lieux artistiques de la ville avec la création d’un parcours conçu en fonction de la « colorimétrie » de la ville et de ses sites historiques. Désormais Rabat verra chaque deux ans un nouveau rendez-vous internationale d’art contemporain. Ça mérite le détour !
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