La Question du Desk: Samir Machhour et ses non-réponses sur le scandale Sensyo
Près de deux ans à essayer d’avoir des réponses. Depuis notre article publié en mai 2021, nous avons tenté de joindre Samir Machhour, à l’époque pourtant présent sur tous les plateaux télévisés, et multipliant les interviews comme les portraits laudateurs. À la question simple de comprendre en quoi consistait son investissement dans le business des vaccins, celui qui était à l’époque vice-président de Samsung Biologics a préféré recourir aux menaces. Nous accusant de mettre en danger la santé des Marocains mais également « vision royale », il nous a affirmé ensuite qu’il allait nous « dénoncer aux autorités locales ».
Aux menaces, nous avons répondu par une première enquête fouillée, publiée en juin 2021. Elle précisait bien le lien de Samir Machhour avec MarocVax, société s’activant dans le commerce de vaccins, mais aussi les prémices d’un délit d’initié qui allait se confirmer plus tard.
Depuis, malgré nos enquêtes et nos révélations successives, Samir Machhour a été convié à participer au projet de Sensyo Pharmatech, consistant en l’établissement d’une unité de production de vaccins à Benslimane.
Un projet stratégique et de grande importance qui nous poussera par la suite à enquêter sur les risques inhérents à l’implication de Machhour (lire la première partie et deuxième partie de notre enquête). Nous aurons raison : celui qui aime se faire appeler à l’étranger Sam MacHour entretenait, non une double vie, mais un double projet en parallèle de nature à saper l’objectif même de Sensyo Pharmatech : doter le Maroc de la souveraineté sanitaire et pouvoir exporter les vaccins vers des pays africains.
Comme nous le révélions, sur la base d’une enquête alimentée par des informations puisées dans des sources ouvertes mais aussi des documents confidentiels auxquels nous avons pu accéder, Samir Machhour avait établi une structure en Suisse, Bio Investment Group, qui proposait d’importer les vaccins au Maroc, à travers MarocVax. Mais pas que : Bio Investment Group, où Machhour siège au conseil d’administration, ainsi que Sensyo, cabinet privé du même individu, proposaient à des pays étrangers, surtout africains, de reproduire le même projet marocain.
L’usine de Benslimane était présentée sur le site comme étant une référence. De quoi donner des idées à la concurrence comme empêcher Sensyo Pharmatech de vendre ses vaccins.
A la suite de nos révélations, Samir Machhour se fera discret dans le projet, le nom de Sensyo Pharmatech sera changé pour gommer son influence et il n’entretiendrait plus aucun lien officiel avec e projet, pour lequel il n’avait d’ailleurs pas réussi à lever les fonds nécessaires pour une entrée dans le capital.
En octobre 2022, en marge de la première conférence des risques sanitaires, nous avions rencontré Samir Machhour. Il avait refusé toute interview, tandis que son garde du corps présent pour l’occasion nous avait fait barrage et empêcher de l’approcher. Il n’avait donc pas pu être questionné sur les nombreuses zones d’ombre l’entourant.
Un an plus tard, en cette fin du mois de septembre, nous avons pu pour la première lui poser directement les questions, lors cette fois-ci de la deuxième conférence portant sur les risques sanitaires. L'évènement a vu la participation de plusieurs officiels, dont le chef du gouvernement, et au côté desquels on a pu voir Samir Machhour.
Ses réponses, hésitantes par moment puis menaçantes, sont cette filmées. A la question de savoir s’il est toujours impliqué dans le projet royal, il nous répondre par l'esquive. Au sujet de Sensyo, le cabinet privé dont le nom allait inspirer plus tard Sensyo Pharmatech, il niera tout lien. Comme en 2021, il usera encore une fois de la menace à l’égard de la presse pour éviter de répondre à des questions d’intérêt public. « Je vais faire intervenir des gens », précise-t-il.
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