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DiplomatieL’affaire France 24 se télescope avec la visite de Macron, ramenée à un cadre privé

13.06.2017 à 22 H 42 • Mis à jour le 14.06.2017 à 12 H 12 • Temps de lecture : 4 minutes
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Le déplacement au Maroc du président français, les 14 et 15 juin, n'aura finalement qu'un statut de visite «d’amitié». Mohammed VI recevra Emmanuel Macron dans un cadre « personnel et familial », alors que l’affaire France 24 connaît une guerre des communiqués entre la direction de la chaine et le ministère en charge de la communication. De son côté RSF dénonce « la suspension de France 24 au Maroc »

Reporters sans frontières (RSF) « dénonce la suspension de France 24 en langue arabe au Maroc le 12 juin 2017. Une mesure qui confirme la crispation des autorités marocaines vis-à-vis de la presse traitant de l'actualité des manifestations du Rif », annonce l’ONG de défense de la presse dans un communiqué parvenu à la rédaction du Desk.


« Lundi 12 juin, le prestataire de France 24 en arabe a reçu un appel du ministère de la Communication lui ordonnant de cesser toute activité de la chaîne arabophone sur le territoire national au motif que le média ne disposait pas des autorisations nécessaires pour diffuser », indique RSF.


« Trois jours auparavant, c’est le tournage du magazine mensuel de France 24,  Hadith Al Awassim (On en parle dans les capitales) qui avait été annulé sur décision également du ministère de la Communication, officiellement pour “non respect de la procédure réglementaire”. Enregistrée habituellement à Rabat, cette émission animée par le journaliste Jamal Boudouma, accueille des personnalités de tous bords pour parler de sujets d’actualité au Maroc. L’émission devait traiter des manifestations qui secouent actuellement le Rif en présence d’un médiateur de la crise à Al Hoceima, de l’avocate du mouvement Hirak, d'un journaliste du quotidien Al Massae et d’un analyste politique », indique le communiqué.


« C’est la première fois que le ministère de la Communication évoque un problème d’autorisation et de procédure pour empêcher France 24 de tourner et de diffuser. Des sources concordantes voient dans ces mesures un prétexte trouvé par le gouvernement pour suspendre la chaîne à qui il reproche sa couverture déséquilibrée des manifestations dans le Rif et son “manque de neutralité” dans le traitement de l’actualité marocaine », poursuit RSF.


France 24 s'interroge sur les motifs de cette "crispation"

« Nous ne comprenons pas cette crispation à l’égard de notre chaîne, qui pour rappel est indépendante et non-gouvernementale. Dire que nous ne sommes pas neutres dans la couverture des manifestations du Rif alors que nous avons donné la parole à plusieurs reprises à des représentants du gouvernement est très surprenant. Nous allons faire les démarches administratives nécessaires et espérer que nous ne payons pas le fait d’être la première chaîne internationale au Maroc », a déclaré Marc Saikali, directeur de la rédaction de France 24 à RSF.



La chaîne française a publié ce mardi un communiqué dans lequel elle confirme son étonnement face à des nouvelles procédures d’autorisations de tournage. Des contraintes qui l’ont menée à annuler l’enregistrement de son magazine mensuel dédié au Maroc.


« Malgré la livraison dans l’urgence aux autorités marocaines de tous les documents requis dans le cadre d’une procédure signifiée à l’arrivée des équipes sur place, France 24 a été contrainte d’annuler son tournage faute d’accréditation », précise le communiqué de France 24 qui rappelle n’avoir reçu à ce jour aucun courrier officiel.


Dans un communiqué publié en fin de journée, le département de la communication a renouvelé son démenti d'une interdiction faite à France 24, mais seulement l’émission dont « les préparatifs se déroulent de façon clandestine auprès d’une maison de production audiovisuelle qui n’est d’ailleurs nullement autorisée par le Centre Cinématographique Marocain (CCM) d’exécuter ou de produire un programme télévisuel pour le compte d’une chaîne de télévision qu’elle soit nationale ou étrangère ».


« Nous condamnons cette suspension d’un média reconnu mondialement et qui laisse présager des temps difficiles pour la presse étrangère au Maroc », déclare pour sa part Yasmine Kacha, directrice du bureau Afrique du Nord de RSF. « Nous appelons les autorités marocaines à éclaircir dans les plus brefs délais la procédure et les critères d’octroi et de refus des autorisations de tournage et de diffusion. Nous saisissons également l’occasion de la visite du président français Emmanuel Macron au Maroc les 14 et 15 juin pour lui demander d’aborder la question des entraves imposées aux journalistes français qui souhaitent couvrir l’actualité marocaine ».


RSF a recensé cinq cas d’expulsions de journalistes étrangers en 2016. Parmi les cas les plus marquants, l’expulsion manu militari de Luigi Pelazza et Mauro Pilay, célèbres journalistes d’investigation italiens du programme Le Lene et la saisie de leur matériel. Début juin, un journaliste algérien Djamel Alilat était également expulsé pour avoir couvert les manifestations du Rif sans autorisation. Le Maroc se situe à la 133ème place du Classement mondial 2017 de RSF.


Un rétropédalage dans un contexte diplomatique particulier ?

Lundi soir, Le Desk avait rapporté sur la base de témoignages concordants la décision des autorités marocaines de suspendre jusqu'à nouvel ordre l'équipe arabophone de la chaine de télévision. Une source proche du gouvernement avait attesté alors les mesures entreprises, tout en indiquant qu'un communiqué circonstancié allait être diffusé.


Des considérations diplomatiques ont-elles conduit à un tel allégement de peine expliqué par la teneur du communiqué  ministériel ? La question mérite d'être posée au moment où Rabat a finalement indiqué que le déplacement d'Emmanuel Macron les 14 et 15 juin au Maroc n'aura pas de statut de visite d'Etat, mais celui d'amitié. Il se déroulera dans un cadre strictement privé et familial...



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