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Exposition

Abderrafie Gueddali ou quand l’art redonne vie à l’oublié

04.02.2025 à 13 H 07 • Mis à jour le 04.02.2025 à 13 H 13 • Temps de lecture : 2 minutes
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Dans un monde où l’obsolescence et le gaspillage règnent, où l’éphémère l’emporte souvent sur le durable, l’artiste Abderrafie Gueddali propose une alternative lumineuse : une « Esthétique de la reconversion », où les objets rejetés renaissent en œuvres d’art. À travers son exposition « Reconversion », présentée à la galerie Dar D’Art à Tanger du 14 février au 30 mars 2025, il nous invite à repenser notre rapport à la matière et à la mémoire des objets

Cinq ans après sa dernière exposition à Dar D’Art, Abderrafie Gueddali revient avec un projet qui dépasse le simple cadre de la création artistique : une réflexion sur notre société de consommation et son rapport au superflu. Ses œuvres, composées de matériaux récupérés comme des cartons, papiers, métal et bois, ne se contentent pas d’exister en tant qu’objets plastiques : elles portent en elles une charge symbolique et une histoire.


Ce travail de transmutation de l’ordinaire en extraordinaire rappelle les expérimentations de Marcel Duchamp et de ses ready-mades, mais s’ancre aussi dans une démarche profondément écologique, proche de celle de Joseph Beuys, qui voyait dans l’art un outil de transformation sociale. Chez Gueddali, chaque matériau usé devient un fragment de mémoire, un témoin d’une autre existence.


L’écoplastie comme manifeste artistique

Plasticien engagé, l’artiste est une figure majeure de l’écoplastie au Maroc, un courant qui s’attache à redonner une seconde vie aux matériaux délaissés. Son travail, tout en étant profondément personnel, dialogue avec les préoccupations contemporaines de durabilité et de préservation de l’environnement. Ses créations s’inscrivent dans une logique de résistance : résistance à la surconsommation, à la disparition des objets, à l’uniformisation du monde. Elles s’inscrivent aussi dans une esthétique du fragment, où chaque élément, détourné de sa fonction première, trouve un nouvel équilibre, une nouvelle harmonie.


Selon Mohamed Métalsi, professeur chercheur, urbaniste et docteur en Esthétique, Abderrafie Gueddali n’est pas seulement un artiste, il est aussi un pédagogue. Ancien professeur-formateur au Centre Pédagogique Régional des Arts Plastiques de Tanger, il a influencé toute une génération d’artistes marocains, leur transmettant son approche expérimentale et son regard singulier sur la matière.Son travail fait également écho à une tradition artistique plus large, où l’art ne se limite pas à l’esthétique mais devient un mode de questionnement sur le monde. On pourrait rapprocher sa démarche de celle de Jean Dubuffet et de son Art Brut, où l’authenticité prime sur la perfection, ou encore de Kazimir Malevitch, qui, à travers son célèbre Carré noir sur fond blanc, avait fait du vide une source infinie de création.


« Aujourd’hui, Abderrafie Gueddali est une source d’inspiration pour une nouvelle génération d’artistes, désireux de concilier créativité et responsabilité environnementale. Son travail innovant montre qu’il est possible de créer tout en respectant les ressources naturelles, et qu’un objet usé peut être l’amorce d’une nouvelle œuvre, d’une nouvelle vision. À travers son art, Gueddali nous enseigne que tout ce qui est jeté peut avoir une seconde vie, et que chaque fragment de la réalité porte en lui une beauté et une promesse cachées » conclut Mohamed Métalsi.


L’exposition sera inaugurée ce 14 février en présence de l’artiste. Une occasion de découvrir ses œuvres et d’échanger avec lui sur sa vision du recyclage et de la création. À travers ses installations et assemblages, il propose de repenser notre façon de regarder les objets et d’habiter le monde.

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Le Desk Culture