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Atoman : le premier super-héros marocain s’envole au BIFFF
Le BIFFF (Brussels International Fantastic Film Festival) s’apprête à découvrir un héros à part. Atoman, réalisé par Anouar Moatassim, est le premier film de super-héros marocain, un projet aussi audacieux que symbolique, qui tente d’inscrire, une autre fois, le Maroc dans l’univers du cinéma de genre. Loin des capes et collants hollywoodiens, Atoman puise dans l’héritage amazigh et place son héros dans un monde contemporain où hacking et mythologie se croisent, pour mieux réinventer la figure du justicier. « Je suis né en Belgique et, à mes yeux, mes premiers super-héros marocains sont mes parents. Quitter le Maroc dans les années 60, s’installer et travailler dans un pays dont ils ne connaissaient rien, se sacrifier en laissant derrière eux amis, famille et racines pour offrir un avenir meilleur à leurs enfants… Il faut être un super-héros pour ça ! », explique le réalisateur.
Le projet naît en 2013, mûrit au fil des années avant de se concrétiser. Anouar Moatassim, belgo-marocain, n’en est pas à son premier essai : réalisateur de séries télévisées, il a toujours eu à cœur de raconter des récits qui célèbrent l’histoire et l’identité nord-africaine comme les Milles et unes nuits sur Medi 1 TV. Avec Atoman, il franchit un cap, s’attaquant au genre le plus codifié du cinéma mondial pour y injecter une nouvelle vision. « L’Afrique regorge de récits fascinants, un univers infini encore trop peu ou pas exploré au cinéma. Pendant longtemps, d’autres ont fantasmé le Maroc et l’Afrique à travers un prisme orientaliste. Aujourd’hui, c’est à nous de nous raconter », affirme-t-il.
Le film suit Kamal, un hacker qui découvre que son héritage lui confère des pouvoirs extraordinaires. Entre quête d’identité et lutte contre une menace globale, il incarne un super-héros ancré dans la modernité marocaine. Ici, pas de mutations génétiques ni de rayons gamma : la force du personnage vient de son passé, de son histoire et de son peuple.
Si l’ambition narrative est forte, la mise en œuvre l’est tout autant. Le tournage a exploité des lieux iconiques du Maroc, de la grotte de Friouato à la Kasbah de Tizourgane, offrant une identité visuelle singulière à ce blockbuster africain. La post-production a bénéficié du savoir-faire des studios de Luc Besson pour le mixage sonore, tandis que les effets spéciaux ont été confiés au studio belge What The Frame, spécialiste du genre.
Pour donner vie à cette aventure, Atoman s’appuie sur un casting international. Lartiste, rappeur et acteur, endosse le rôle principal, épaulé par Sarah Perles, déjà remarquée dans Sofia de Meryem Benm’Barek. Autour d’eux, une distribution cosmopolite : Sami Naceri, connu pour Taxi, Doudou Masta, acteur et rappeur vu dans Banlieue 13, et Kao Boudaraja, qui viennent enrichir ce récit aux multiples influences.
Autre atout du film, sa bande-son. Le réalisateur a fait appel à Soprano pour signer la musique du film, ajoutant une dimension urbaine et contemporaine qui renforce l’ancrage du film dans la culture populaire actuelle.
Avec cette première mondiale au BIFFF, Atoman s’apprête à passer l’épreuve d’un public averti, passionné de cinéma fantastique. « J’attends que les spectateurs s’amusent, comme c’est la tradition chaque année au BIFFF, en découvrant qu’un Marocain peut sauver le monde et voler dans les airs… et non dans les poches comme certains le prétendent ! », s’amuse Anouar Moatassim.
Si le pari est réussi, Atoman pourrait bien ouvrir une brèche. Plus qu’un simple film, il représente une ambition : celle d’un cinéma marocain capable d’explorer d’autres territoires, de se réapproprier des genres longtemps inaccessibles et de proposer ses propres héros. Le réalisateur marocain ne compte d’ailleurs pas s’arrêter là : il travaille déjà sur une nouvelle super-héroïne, Haya, inscrivant Atoman dans un projet plus large de construction d’un univers cinématographique africain.
Le BIFFF en sera le premier juge, que l’histoire commence...
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