Le bloc notes de la rédaction

« Au cœur d’une prison marocaine », récit sur des trafics en tous genres
Journaliste et ancien membre de l'Association marocaine du journalisme d'investigation (AMJI), fondée par Maâti Monjib, Hicham Mansouri, aujourd’hui réfugié en France, a été condamné en mars 2015 à dix mois de prison ferme pour « complicité d’adultère ». Une affaire à l’époque largement médiatisée dont il vient de tirer un livre, Au cœur d’une prison marocaine, publié par la maison d’édition française Libertalia adossée au site d’analyses géopolitiques français Orient XXI, dont il est membre du comité de rédaction.
« Le 17 mars, une amie me rend visite vers 9 h 45. Quelques minutes après, on tambourine à ma porte. N’attendant pas de visites imprévues, j’appelle mon frère Khalid pour lui demander si c’est lui qui frappe », raconte-t-il. Derrière la porte, des policiers en civil. « Soudain, dix hommes à l’allure imposante forcent la porte de mon appartement, se jettent sur moi, m’agressent violemment et commencent à me déshabiller. Je crie en pensant que je vais être tué ou violé. C’est à ce moment-là que l’un d’entre eux crie : « Police, police ! » Ils sont tous en civil. Ils veulent aussi déshabiller mon amie, mais elle résiste et crie tout aussi fort après qu’ils lui ont enlevé sa veste. Le chef dit alors aux autres policiers que c’est assez. Ils nous obligent à être pris en photo sur mon lit », relate le journaliste dans son ouvrage.
Durant son séjour à la prison Salé 1 (Zaki) présentée avec excès comme « l’une des plus dangereuses du royaume chérifien », Hicham Mansouri couche, discrètement, sur papier ses impressions, ce qu’il voit et ce qu’il entend. Y compris sur les trafics, entre autres, de téléphones et de cannabis qui ont lieu notamment dans le bloc D, qui compte environ mille détenus, selon l’auteur. Sans but précis au début. « La première semaine, je n’avais accès ni aux blocs-notes ni à un stylo. L’objectif était de comprendre, de survivre et de m’intégrer dans ces conditions-là. Au fur et à mesure, j’écrivais mais je n’ai pas eu tout de suite l’idée d’un livre d’enquête. Le projet de raconter ce que j’ai vu et les parcours des détenus a évolué au fur et à mesure », explique Mansouri au cours d’un entretien téléphonique avec Le Desk.

Abonnez-vous pour continuer la lecture
à partir de 40 dh par mois
(facturé annuellement)
Choisir une offreLe Desk a été le premier à révéler
©️ Copyright Pulse Media. Tous droits réservés.
Reproduction et diffusions interdites (photocopies, intranet, web, messageries, newsletters, outils de veille) sans autorisation écrite.