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Le bloc notes de la rédaction

Festival de Cannes 2025 : Randa Maroufi offre un prix au Maroc

22.05.2025 à 10 H 50 • Mis à jour le 23.05.2025 à 14 H 35 • Temps de lecture : 2 minutes
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Le court métrage marocain L’Mina, de Randa Maroufi, a été récompensé au Festival de Cannes, dans la section la Semaine de la Critique. Un film entre le documentaire et la fiction, dont les mineurs de Jerada sont à la fois le sujet et les acteurs. Les détails

Dans la soirée du mercredi 21 mai, au Festival de Cannes, la réalisatrice marocaine Randa Maroufi a été récompensée par le Prix Découverte Leitz Cine du court métrage de la Semaine de la Critique pour L’Mina, un film à la fois politique, plastique et profondément humain. Une œuvre exigeante et collective, qui prolonge le travail singulier de la cinéaste, à la lisière du documentaire, de la performance et de la fiction.


Au cœur du film : Jerada, cité minière désaffectée qui vit, depuis la fermeture officielle des puits de charbon en 2001, dans une forme de non-dit politique, tandis que l’extraction du minerai s’y poursuit clandestinement, au prix de morts récurrentes, sous le silence et le regard détourné des pouvoirs publics. 



C’est là que L’Mina s’ancre, mais sans jamais céder au misérabilisme. Randa Maroufi ne filme pas la mine : elle la reconstitue. Refusant de mettre qui que ce soit en danger, elle construit un décor en collaboration avec les habitants, dans une démarche qui tient autant de la mémoire vivante que de la performance partagée. Ce sont les mineurs eux-mêmes, ou leurs proches, qui incarnent leur propre rôle dans cette reconstitution minutieuse, patiente, souvent vertigineuse.


La caméra, au plus près des gestes, avance comme un souffle. Elle observe les corps à l’ouvrage, les visages concentrés, les silences lourds d’un travail invisible. Chaque plan est pensé comme un fragment de mémoire. L’Mina se compose ainsi, pièce par pièce, dans un montage quasi organique où le réel est toujours filtré, rejoué, recomposé. À l’image, plusieurs textures : du Super 8, pour la tendresse, l’intime, la filiation, et des scans 3D évoquant à la fois la surveillance technologique et l’architecture forensique. La cinéaste use d’outils de pouvoir pour raconter l’informel, détourne les dispositifs officiels pour mieux révéler les non-lieux du politique.


Mais derrière la précision formelle, il y a l’urgence, une révolte contenue. L’Mina est un film hypnotique, aux images stupéfiantes, qui fait le choix du collectif sans jamais s’effacer derrière lui. Randa Maroufi ne parle pas « à la place de ». Elle écoute, et construit « avec ». Le film est né d’échanges longs, de discussions et de gestes communs. «  Cette fabrication collective est au cœur même du film  », explique-t-elle. «  Je voulais éviter que la forme écrase le fond, ou inversement  ».


Connue pour ses précédents films (Le Park, Bab Sebta), Randa Maroufi franchit ici un cap. Elle signe une œuvre politique sans didactisme, sensorielle sans esthétisation gratuite, profondément ancrée dans le présent. Avec L’Mina, elle offre un espace aux voix minorées, sans les figer, sans les trahir. Le geste est rare. Le prix, amplement mérité.

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