Le bloc notes de la rédaction
FIFM : Tim Burton, un pas entre l’effroi et les rires
Lors du Festival international du film de Marrakech (FIFM), le réalisateur américain Tim Burton a pris part à une conversation, pour parler de son œuvre. Avec un univers reconnaissable entre tous et des histoires touchantes, Burton réussit à plaire aux petits comme aux grands, avec une recette particulière : l'alliance de l'horreur et et du comique.
Une cohabitation entre la comédie et le tragique
Cette discussion était animée par Gérard Lefort, un critique culturel français qui a notamment travaillé pour Libération. Dès les dix premières minutes d’échange, Lefort trouve les mots justes pour décrire le réalisateur et l’entièreté de son œuvre, « comme un mélange de hurlements de terreur et de hurlements de rire ».
Une réflexion à laquelle le réalisateur acquiesce pleinement : « la vie est faite de choses différentes. Elle n'est jamais composée d'une seule chose. Elle est faite de lumière et d'obscurité, de tragédie et d'humour. C'est ce que j'ai vécu et ce que j'ai ressenti toute ma vie ».
Le critique mentionne alors le personnage de Pee-wee Herman, un homme-enfant insouciant, au nœud papillon rouge, créé par l’acteur Paul Reubens dans les années 1980. En 1985, Tim Burton porte l’excentrique personnage à l’écran, avec Pee-wee Big Adventure. Dans ce film décalé, Lefort évoque la légèreté de Pee-wee, mais note aussi « quelque chose de sombre, d’immature, et d’inquiet ». Ce à quoi Tim Burton répond « êtes-vous en train de me décrire ? ».
Pour illustrer ses propos, rappeler les films du cinéaste et la dimension de son œuvre, des extraits de Pee-wee Big Adventure, Edward aux mains d’argent et Beetlejuice sont diffusés.
L’horreur selon Burton
Avec Edward aux mains d'argent, un des plus grands succès du réalisateur, Lefort en profite pour aborder un sujet, presque inévitable, Johnny Depp. Le célèbre pirate des Caraïbes reste l’acteur que l’on retrouve le plus dans les films de Burton, en jouant dans huit de ses longs-métrages. Pourquoi lui ? « J’adore les gens qui aiment se déguiser, et c’est un acteur qui n’a jamais peur de se maquiller », répond le réalisateur.
Dans les films de Burton, l'accoutrement de ses personnages font effectivement partie de l'identité du réalisateur, et notamment de sa part d'horreur. Que ce soit avec Jack Nicholson en Joker, Michael Keaton en Beetlejuice ou Johnny Depp en Edward, chaque acteur était caché sous le masque d’un personnage, aussi terrifiant soit-il. « Quand tu te caches derrière du maquillage, un masque, quelque chose d'autre sort de toi », s’explique Burton.
Un goût prononcé pour l’horreur, envisagé à sa manière, qui prend son origine dès l’enfance de Burton. Dans sa ville natale de Burbank en Californie, le cinéaste se rendait souvent au Cornell Theatre, pour y voir des films d’horreur, de monstres. « J'ai toujours pensé que ces films, les films d'horreur, étaient comme des contes de fées », commente le cinéaste.
Si le réalisateur avoue avoir été davantage inspiré par les films d'horreur que les contes des frères Grimm, l’esthétique de ses films semble inspirée de œuvre littéraire d’Edgar Allan Poe. Celui-ci met en lumière la notion « gothic horror », avec ses Histoires extraordinaires, traduites par le poète Charles Beaudelaire. Plus que l’aspect littéraire, Burton a été conquis par l'univers de l'écrivain. « Ce qui vous inspire, ce n'est pas nécessairement quelque chose de littéral, c'est quelque chose qui est juste un peu abstrait, qui puise dans votre subconscient », décrit-il.
« Chaque film est une part de mon ADN »
Outre le subconscient du réalisateur, c’est aussi un regard d’enfant, d’adolescent qui le guide dans la création de ses films, « une période fondamentale », précise-t-il. « J’attendais le moment où j’allais quitter l’adolescence, et devenir un adulte… mais ça n’est jamais arrivé ! Il y a quelque chose en soi qui reste, et heureusement, ou malheureusement, cela ne se quitte jamais », explique Burton.
Car chacun de ses films reflète une partie de la personnalité du réalisateur. Impossible pour lui de choisir le film pour lequel il porte le plus d’affection. « Ce sont mes enfants, chaque film est une part de mon ADN », affirme Burton. Lorsque Lefort lui demande s’il n’aurait pas un jour, envie de réaliser un film « normal », Burton répond « pour moi, mes films sont très réalistes ».
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