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Le bloc notes de la rédaction

Etude

Une analyse d’ADN révèle l’isolement des Nord-Africains à l’époque du « Sahara Vert »

03.04.2025 à 15 H 59 • Mis à jour le 03.04.2025 à 15 H 59 • Temps de lecture : 3 minutes
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L'analyse croisée de données génétiques recueillies au Maroc et en Libye dévoile combien les populations d’Afrique du Nord sont restées à l’écart des croisements humains entre 15 000 et 5000 ans. En parallèle, le pastoralisme a favorisé, entre eux, une diffusion culturelle insoupçonnée.

Jusqu’à il y’a environ 5 000 ans, le Sahara ne ressemblait pas du tout à ce qu’il est aujourd’hui. Des grands lacs, des fleuves, des deltas et une étendue verte difficilement imaginable de nos jours. Des conditions humides qui ont favorisé le développement d’une proto-agriculture et d’un pastoralisme et qui, pourrait-on penser, auraient permis d’intenses croisements de populations humaines venues de régions proches.


Il n’en est rien, selon une étude publiée le 2 mars dernier dans la revue Nature. Menée par une équipe de chercheurs de Libye, du Maroc, d'Afrique du Sud et de quelques pays européens, elle révèle l’isolement de cette population, la vigueur des échanges culturels entre elle, et même la confirmation d'une lignée génétique spécifique.


L’importance de cette étude repose d’abord sur la rareté des matériaux de recherche : « l'ADN se conserve rarement bien dans cette région, ce qui limite la connaissance de l'histoire génétique et du passé démographique du Sahara », précise ainsi en préambule l’article de Nature. Et c’est en comparant des séquences génétiques prélevées à différentes dates et dans divers lieux d’Afrique du Nord que les scientifiques y voient plus clair dans l’identité et les interactions de nos ancêtres.


Takarkori et Taforalt, deux sites clés

Il s’agit de celles de « deux individus femelles du Néolithique pastoral vieux d'environ 7 000 ans, enterrés dans l'abri sous roche de Takarkori, dans le sud-ouest de la Libye » et de ceux  « des cueilleurs-cueilleurs vieux de 15 000 ans de la grotte marocaine de Taforalt  ». Le site de l’oriental, objet de récentes et importantes découvertes sert ainsi de marqueur pour les chercheurs.


De précieux génomes ont été extraits d'ossements trouvés sur le site libyen de Takarkouri. Crédit: Le Desk


Il résulte de l’étude comparative que « la majorité de l'ascendance des individus de Takarkori provient d'une lignée génétique Nord-africaine jusqu'alors inconnue, qui a divergé des lignées d'Afrique subsaharienne », mais qui partage un lignage avec les restes humains de la grotte marocaine.


Tout en établissant cette proximité, les chercheurs estiment avoir à faire à « une population génétique stable et isolée datant d’il y a au moins 15 000 à 7 500 ans ». En clair, « Libyens » et « Marocains » se sont côtoyés au temps du « Sahara Vert » et partagent non seulement une séquence génétique commune, mais aussi des « pratiques culturelles ». Toutefois, la question de l’avènement des techniques de pastoralisme et de proto-agricultures dans la région demeure ouverte.


Les chercheurs de l’étude suggèrent que « cette stabilité a été perturbée par l’arrivée des premiers groupes d’agriculteurs venus du sud-ouest de l’Europe, entre 7 500 et 5 700 ans avant J.-C., qui ont marqué le début du Néolithique au Maghreb en introduisant des pratiques agricoles auprès des cueilleurs locaux ». Ils repèrent également une introduction plus précoce encore « les premiers bergers et leur bétail sont entrés en Afrique, probablement par les routes du Sinaï et de la mer Rouge, après quoi ils se sont rapidement répandus en Afrique du Nord-Est et ont atteint le Sahara central il y a environ 8 300 ans ».


En conclusion, l’étude tend à prouver deux faits paradoxaux. Nos ancêtres d’Afrique du Nord ont bien bénéficié d’apport en techniques depuis le Nord et l’Est de la Méditerranée, sans pour autant que leur lignée génétique en soit perturbée. Ainsi l’étude conforte l’idée que ces « résultats soutiennent que le pastoralisme au Sahara s'est établi par diffusion culturelle plutôt que par un flux génétique humain significatif ». Le savoir dans la région s’est donc propagée, non pas par mélange de population mais plutôt par un transfert d’informations.

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