Dans le cadre du projet « SWITCH to Circular Economy Value Chains », cofinancé par l’Union européenne (UE) et le gouvernement finlandais, une enquête a été menée auprès de 1 013 citoyens de tous âges, genres et niveaux d’éducation dans six régions du Maroc.
Si les réponses des personnes interrogées révèlent que la question de la protection de l’environnement est fortement présente dans la réflexion des citoyens, qui se disent de plus en plus préoccupés par le changement climatique, ils en ressort aussi que plusieurs freins persistent, empêchant cette prise de conscience de se traduire en actions et habitudes en faveur de l'écologie
Les Marocains s’accordent sur l’importance du recyclage
De plus en plus de Marocains sont conscients de la problématique du réchauffement climatique, avec 87 % qui se disent préoccupés par ce phénomène. En outre, ils sont aussi de plus en plus conscients de l’importance du traitement des déchets, et notamment de ceux en plastique, considérés néfastes pour l’environnement.
Selon le sondage réalisé, 94 % des personnes interrogées s’accordant sur l’importance de l’élimination appropriée des déchets plastiques. Un pourcentage significatif des personnes interrogées (70 %) adhère largement à cette opinion, témoignant d'une préoccupation importante quant à l’impact du plastique sur l’environnement.
L'inquiétude concernant les effets des plastiques jetés sur la faune est aussi élevée, atteignant 92 % au total, avec 67 % qui « sont tout à fait d'accord » que c'est une source de préoccupation. Une grande partie des répondants pense aussi que les entreprises ne prêtent pas suffisamment attention à l'environnement. Parmi ceux-ci, 75 % s'inquiètent des effets des plastiques jetés sur la faune.
Par ailleurs, 95 % des personnes interrogées déclarent ne pas aimer voir des déchets plastiques dans la rue ou ailleurs dans l'environnement et la quasi-totalité des personnes interrogées (94 %) est prête à trier les plastiques.
Pourtant, très peu est fait…
Si l’attitude des Marocains envers les déchets plastiques et l’environnement ressort plutôt positive, très peu sont ceux qui adoptent des comportements aussi positifs dans leur quotidien. Selon la même enquête, le tri des déchets est « très rare au Maroc, avec près de 8 personnes sur 10 déclarant ne jamais avoir trié leurs déchets ménagers ».
Toujours selon la même source, seulement 13 % des foyers disposent de poubelles distinctes pour différents types de déchets, tandis que 7 % ont trié des matériaux pour qu’ils soient collectés dans leur rue ou à leur domicile par des ramasseurs de déchets informels.
Le verre est le matériau le plus couramment trié, avec trois quarts (76 %) des personnes qui séparent leurs déchets l’ayant trié. Un peu plus de la moitié de celles-ci (55 %) ont trié le plastique, et environ un quart (27 %) ont trié du papier ou du carton.
Par ailleurs, bien que conscients de son impact sur l’environnement, les Marocains continuent d’utiliser du plastique. Les bouteilles en plastique pour boissons sont les produits en plastique les plus fréquemment achetés par les consommateurs marocains. Les bouteilles ou contenants en plastique pour les produits ménagers, les aliments emballés dans du plastique, ainsi que les bouteilles ou contenants en plastique pour les produits de toilette sont également des achats réguliers, avec des proportions significatives de consommateurs les achetant sur une base hebdomadaire ou mensuelle.
Selon les résultats de l’enquête, presque tous les participants achètent des bouteilles en plastique pour boissons au moins une fois par semaine (94 %), avec des proportions égales déclarant les acheter tous les jours ou presque (47 %) et une ou plusieurs fois par semaine mais pas tous les jours (47 %).
S’agissant des sacs en plastique, si deux tiers des répondants (67 %) déclarent qu'ils utilisent, à chaque fois, leurs propres sacs réutilisables pour ramener leurs courses à la maison, 72 % affirment utiliser les sacs en plastique fournis par le commerçant à chaque fois qu’ils font des courses ou achètent des articles ménagers. De plus, si 63 % des répondants déclarent utiliser des contenants, gobelets, bouteilles et couverts réutilisables lorsqu’ils achètent des plats et boissons à emporter, plutôt que d’utiliser des articles jetables, ce sont uniquement 5 % parmi eux qui le font à chaque fois et 18 % la plupart du temps.
En ce qui concerne les emballages des produits, 4 % seulement déclarent qu’ils achètent toujours des produits qu’ils savent être emballés dans des contenants réutilisables ou recyclables. En revanche, deux tiers des répondants (67 %) ont déclaré éviter d'acheter un produit nuisible à l'environnement.
Économie circulaire : un concept méconnu, mais pratiqué
Alors que la majorité des personnes interrogées ne connait pas le terme « économie circulaire », les réponses données sur d’autres questions dans ce volet révèlent que ce concept est ancrée dans le mode de vie des Marocains. En effet, 75 % des répondants disent avoir réparé des appareils ménagers ou autres pour les réutiliser. Réparer au lieu de jeter permet considérablement de réduire les volumes de déchets produits.
Cependant, les comportements de réparation ne sont pas fortement liés aux préoccupations environnementales, soulignent les auteurs de l’étude. « Parmi les 75 % qui réparent des objets, 30 % de ceux qui sont tout à fait d'accord pour dire que les entreprises ne prêtent pas suffisamment attention à l'environnement déclarent qu'ils ne le font jamais, contre 18 % de ceux qui ont tendance à être d'accord et de ceux qui ne sont pas d'accord », détaille la même source.
Par ailleurs, Sept personnes sur dix (69 %) déclarent avoir prêté un objet à un voisin, un ami ou un membre de leur famille pour une courte durée afin qu'ils n'aient pas à acheter le leur. Un peu moins de personnes disent emprunter parfois (62 %) par rapport à celles qui disent prêter parfois (69 %). « Cela pourrait indiquer que certains prêtent un objet à plusieurs voisins ou membres de leur famille », commentent les auteurs de l’enquête. Si cela n’est pas nécessairement lié à une prise de conscience environnementale, cette pratique contribue à son tour à réduire la production de déchets électronique, en réduisant à la base la consommation et l’achat des appareils.
Un autre aspect qui rentre dans ce cadre est la récupération des déchets par des ramasseurs informels. Près des trois quarts des répondants (73 %) connaissent ces personnes qui trient les déchets pour gagner leur vie et 40 % savent qu’elles collectent des types spécifiques de déchets parmi les ordures. De plus, 21 % des répondants ont indiqué qu’elles sont « utiles et font du bon travail ». Un peu moins d’un cinquième (17 %) se sont également déclarés préoccupés pour les ramasseurs, estimant qu’ils se mettent en danger. Seuls 8 % des répondants pensent qu’il est bien que les déchets soient collectés, mais que ce n’est pas la bonne façon de le faire.
Quels freins et quelles facilitations ?
Selon le manque d'espace, le manque de temps et le manque de compréhension sont des obstacles clés au recyclage au Maroc. L’obstacle le plus fréquent au recyclage est le manque de temps libre, selon 44 % des répondants. Le manque d’espace à la maison est également une préoccupation, avec environ un tiers des répondants citant cela comme une barrière (34 %). À ces facteurs, s’ajoute le manque de compréhension, avec 23 % des personnes interrogées indiquant qu’elles ne savent pas quoi faire. En revanche, seulement 3 % citent « ne pas ressentir le besoin/voir l’utilité » comme raison de ne pas faire ces activités, et moins de 1 % disent qu’ils ne veulent pas soutenir l’économie informelle du ramassage des déchets.
La même enquête révèle une donnée importante : seulement 28 % des répondants ont vu, entendu ou recherché des informations sur le recyclage, tandis que 68 % n’ont eu aucune information. Les sources d'information comprenaient les amis et la famille (12 %), les médias (10 %) et les réseaux sociaux (8 %), mais moins de 1 % ont indiqué avoir vu des informations publiques provenant du gouvernement ou d’une organisation de la société civile.
De l’autre côté, l'infrastructure et les incitations ont été identifiées comme des facteurs facilitants l'action de recyclage. Plus de la moitié des répondants (54 %) ont déclaré qu’un point de recyclage facile d’accès près de chez eux les aiderait, et la même proportion a indiqué qu’une récompense ou une incitation financière, y compris des réductions ou des coupons, les encouragerait à recycler. Les informations sur le recyclage influencent l’attitude concernant les facteurs facilitant l’action. Ceux qui ont reçu des informations sur le recyclage étaient moins susceptibles de dire qu'une récompense ou une incitation les aiderait à recycler (45 %), par rapport à ceux qui n’ont pas reçu d’informations (57 %). Ceux ayant eu des informations sur le recyclage étaient également plus susceptibles de penser qu'un point de recyclage facile d'accès près de chez eux les aiderait (62 % contre 50 % de ceux qui n’ont pas eu d'informations sur le recyclage), relèvent les auteurs de l’enquête.
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