n°1020.A Tanger, l’intelligence collective au service de la régionalisation avancée
Ce vendredi, Tanger s’apprête à accueillir les deuxièmes assises nationales de la régionalisation avancée, un événement national d’envergure qui reflète la vision stratégique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Ce rendez-vous crucial, réunissant responsables politiques, experts, élus et acteurs socio-économiques, marque une étape décisive pour consolider un chantier central dans la modernisation de la gouvernance territoriale au Maroc.
La vision royale a érigé la territorialisation des politiques publiques en priorité nationale. La régionalisation avancée, inscrite dans la Constitution de 2011, incarne cette ambition d’agir au plus près des attentes des citoyens, de valoriser les spécificités locales et de réduire les disparités entre les territoires. Ce cadre, renforcé par l’adoption de la loi organique n°111.14 en 2015, vise à conférer aux régions une autonomie et des responsabilités accrues, en les plaçant au cœur du développement durable et inclusif du royaume.
Au-delà d’une simple réforme administrative, la régionalisation avancée traduit une ambition politique et économique majeure. Elle aspire à transformer les régions en véritables moteurs du développement national, à travers une gestion intégrée et équilibrée des ressources. Cette réforme, fondée sur la subsidiarité et la responsabilité, offre aux régions les outils nécessaires pour planifier et mettre en œuvre leurs propres stratégies, en cohérence avec les priorités nationales.
Les Programmes de Développement Régional (PDR) et les Schémas Régionaux d’Aménagement du Territoire (SRAT) constituent des leviers essentiels pour concrétiser cette vision. ces instruments stratégiques, élaborés dans une logique participative, permettent de fixer des objectifs clairs et d’orienter les investissements vers des projets structurants. la contractualisation entre l’état et les régions renforce, par ailleurs, la coordination et la cohérence des actions menées à différents niveaux.
Bilan d’étapes : des acquis et des défis
A mi-parcours de la première décennie de mise en œuvre, les avancées de la régionalisation avancée sont notables. Les régions disposent aujourd’hui d’une légitimité renforcée, grâce à des conseils élus directement par les citoyens, et d’une capacité accrue à définir leurs priorités. De nombreux projets ont vu le jour, témoignant de l’engagement des collectivités territoriales à répondre aux attentes des populations. Cependant, les moyens financiers des régions demeurent limités, freinant leur capacité à investir massivement dans les infrastructures et les services essentiels.
Les ressources des collectivités territoriales, caractérisées par une forte dépendance aux dotations de l’Etat ainsi qu’une fiscalité locale peu dynamique, peinent à asseoir une autonomie budgétaire résiliente face à l’ampleur des défis auxquels les régions sont confrontées. Cet assemblage complexe, largement incompris des citoyens, se révèle inadapté aux besoins réels des territoires, dont le développement repose de plus en plus sur la mise en œuvre de Plans de Développement Régional (PDR). En l’absence d’un mécanisme de péréquation efficace, le risque d’accentuation des inégalités territoriales s’accroît, d’autant que le transfert de compétences s’accompagne souvent de charges nouvelles insuffisamment compensées par des ressources fiscales au dynamisme limité. A cette tension s’ajoute la contrainte budgétaire nationale, qui raréfie les moyens de redistribution et fragilise les principes fondateurs de la décentralisation : une équité financière au service de la cohésion et de la solidarité entre les territoires. de fait, la clarification des compétences entre les différents niveaux de gouvernance reste inachevée, entraînant des effets de chevauchements voire des d’inefficacité dans la gestion publique.
En plus des financements incertains, le processus demeure entaché par des pratiques qui vont à l’encontre de l’esprit de la loi de 2015. Certains acteurs locaux agissent quelque fois en dehors du cadre légal, détournant ainsi cette réforme de son objectif. Ce constat est loin d’être une particularité marocaine, car, plusieurs nations qui se sont inscrit dans le schéma de décentralisation, telle que l’Italie ou la France, ont pâtit de comportements irresponsables et de dérives scandaleuses contraire à l’éthique et à la morale, et ont été appelés à déployer des mécanismes de prévention et de sanctions à même de contenir ces agissements.
Cette situation ne doit pas nous détourner des objectifs initiaux, il faut faire confiance aux élus et aux acteurs locaux et il est impératif de renforcer les mécanismes de contrôle, de donner à la justice les moyens d’intervenir pour préserver l’éthique dans la gouvernance territoriale.
Ces dysfonctionnements ne doivent cependant pas décourager les efforts en faveur de la décentralisation. L’histoire montre que, lorsque les régions s’émancipent et assument pleinement leur rôle, elles deviennent des leviers puissants pour le développement et la cohésion sociale. Il est essentiel de garder le cap et de réaffirmer les principes fondateurs de la régionalisation avancée.
Tanger, un symbole d’ambition et de renouveau
Le choix de Tanger pour accueillir ces assises revêt une forte portée symbolique. Ville emblématique du dynamisme économique et culturel du Maroc, Tanger incarne l’esprit de la régionalisation avancée : un Maroc des régions, où chaque territoire est à la fois un acteur et un bénéficiaire du développement national. Ce vendredi, la ville deviendra un lieu de réflexion et d’échange pour tracer les contours d’un nouveau souffle à donner à cette réforme.
Les discussions de ces assises devraient aborder des questions cruciales, telles que la réforme de la fiscalité locale, le renforcement des capacités humaines et institutionnelles des régions, ou encore la consolidation des mécanismes de solidarité entre territoires ou alors péréquation « donner plus à ceux qui ont moins ». L’objectif est clair : garantir que la régionalisation avancée devienne un véritable levier pour un développement équitable et inclusif.
Un avenir à construire ensemble
La régionalisation avancée, telle que voulue par Sa Majesté Mohammed VI, dépasse la simple réorganisation territoriale. Elle représente un projet de société ambitieux, fondé sur des principes d’équité, de responsabilité et de solidarité. En conférant aux régions les moyens de leurs ambitions, le Maroc réaffirme sa volonté de bâtir un modèle de gouvernance moderne et exemplaire, adapté aux défis du XXIème siècle.
La dynamique engagée se trouve à un tournant décisif. Face à des défis sans cesse renouvelés, l’heure est venue de conférer à cette réforme territoriale une plus grande efficacité et une cohérence renforcée. La clé réside dans l’octroi d’une liberté accrue aux régions, soutenue par une solidarité territoriale ambitieuse. Pour y parvenir, un nouveau souffle financier est indispensable : une fiscalité moderne et dynamique, capable de consolider le lien entre le citoyen-contribuable, son espace de vie et les services publics dont il bénéficie.
Mais cette ambition ne saurait se concrétiser sans un pilotage rigoureux, fondé sur des évaluations rigoureuses et des indicateurs pertinents. L’état d’avancement des plans de développement régionaux, des schémas régionaux d’aménagement du territoire et des schémas régionaux de mobilité doit être analysé au plus près, selon un ensemble d’indicateurs mesurant la qualité de la réalisation, l’efficacité budgétaire, le respect des délais, le rapport entre coûts et prévisions, ainsi que l’investissement par habitant. Cette démarche permettra d’identifier les points de blocage, d’orienter les choix et d’ajuster constamment les politiques publiques au plus près des besoins territoriaux.
En somme, la régionalisation doit désormais franchir une nouvelle étape, en s’appuyant sur une gouvernance responsable, des financements adaptés et une évaluation exigeante. Ainsi, les régions seront en mesure de répondre pleinement aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux, et de consolider le principe d’équité entre les territoires. Les assises à venir constituent une occasion unique de réaffirmer cette ambition, de conforter les acquis et de tracer une voie durable vers une régionalisation véritablement adaptée à la diversité et à la richesse de nos territoires.
A Tanger, les acteurs réunis auront la responsabilité de transformer cette vision en actions concrètes, en posant les bases d’un futur où chaque région pourra pleinement contribuer à la prospérité nationale. Ce rendez-vous est une opportunité unique de réaffirmer l’engagement du royaume pour un Maroc inclusif, où les spécificités locales deviennent des forces au service d’un développement harmonieux.
Un avenir fondé sur l’investissement productif
Pour hisser le Maroc au rang des nations les plus attractives en matière d’investissement, la régionalisation avancée doit jouer un rôle central. En renforçant l’autonomie et les capacités des régions, cette réforme offre un cadre idéal pour promouvoir l’investissement productif, en transformant chaque territoire en un pôle de compétitivité et d’innovation. La nouvelle Charte de l’investissement, associée à la réforme des Centres régionaux d’investissement (CRI), constitue un levier stratégique pour accompagner cette dynamique. Ces outils visent à simplifier les démarches administratives, à encourager les projets structurants et à attirer les capitaux étrangers. En s’appuyant sur un maillage régional plus performant et des infrastructures modernes, le Maroc ambitionne de devenir une terre d’accueil pour des investissements créateurs de valeur et d’emplois. Ce repositionnement économique, porté par les régions, permettra au royaume de s’imposer comme un acteur majeur dans les chaînes de production mondiales, consolidant ainsi sa trajectoire vers un développement inclusif et durable. Dans ce cadre, la mobilisation de la diaspora marocaine, riche de son savoir-faire et de ses ressources, représente un atout stratégique pour impulser davantage d’investissements et renforcer les liens économiques avec les marchés internationaux.
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