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Débat
Égalité femmes-hommes: des associations féministes dénoncent des données « anciennes » du HCP

15.10.2024 à 20 H 09 • Mis à jour le 16.10.2024 à 10 H 59 • Temps de lecture : 3 minutes
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Les statistiques du Haut-Commissariat au Plan (HCP) attirent à nouveau la colère. Cette fois-ci, c’est auprès d’associations de défense de droits humains qu’une enquête de l’institution dirigée par Ahmed Lahlimi ne passe pas. Dans un communiqué, l’association Médias et cultures, l’Association démocratique des femmes du Maroc et l’association Kif Mama Kif Baba ont exprimé leur « inquiétude quant à l’utilisation hors contexte » des résultats de cette étude qui a révélé que 86,6 % des Marocains s’opposent à l’égalité entre les femmes et les hommes en matière d’héritage.


Il s’agit d’une enquête réalisée en 2016, et que le HCP a republié, à l’occasion de la journée nationale des femmes, dans ses Brefs du Plan, sous l’intitulé « Que pensent les Marocains de l’égalité femmes-hommes ? ». Les résultats de cette étude, basée sur les données de l’enquête nationale sur la perception par les ménages de certains aspects des Objectifs de développement durable en 2016.


Cependant, « bien que cette note fournisse des informations utiles sur les perceptions de l’époque, il est problématique de s’y référer en 2024 sans prendre en considération les transformations majeures qui ont eu lieu au cours des huit dernières années  », soulignent les trois associations dans leur communiqué. Celles-ci, ajoutent que depuis la date de publication de cette enquête, « plusieurs événements ont bouleversé la société marocaine et impacté les perceptions et attitudes de la population sur des sujets aussi cruciaux que l’égalité des genres ».


Dans ce cadre, le communiqué cite les dernières élections législatives, qui « ont amené des changements dans le paysage politique marocain, influençant ainsi les discours publics et les initiatives liées à l’égalité des genres  ». En outre, elles rappellent que l’impact de la crise du Covid-19, qui a « rebattu les cartes, mettant en lumière les inégalités économiques et sociales, et suscitant des débats autour de la justice sociale et des droits des femmes ».


Par ailleurs, ajoute la même source, l’enclenchement de la réforme du Code de la famille a à son tour contribué à faire avancer le débat autour des questions de l’égalité et des droits des femmes. « De nombreux acteurs de la société civile, des experts en théologie, en sociologie, en droit, en philosophie religieuse, etc., ainsi que des citoyens, se sont mobilisés pour une meilleure justice de genre, notamment en matière d’héritage », note la même source. Enfin, les récentes crises, telles que le séisme d’Al Haouz « ont contribué à redéfinir les priorités des Marocains en termes de solidarité, de justice sociale et d’égalité, remettant en question des perceptions autrefois figées ».


Les dernières années ayant été marquées, selon ces associations par d’importantes transformations sociétales,  « il est donc inapproprié et trompeur de se baser sur une enquête vieille de huit ans, qui ne reflète plus nécessairement l’état actuel des mentalités et des aspirations des citoyens marocains. En 2024, la société marocaine a évolué, et il est crucial d’analyser les perceptions avec des données actualisées, en tenant compte du contexte socio-politique et des crises récentes qui ont façonné les opinions publiques ».


Les mêmes organisations civiles appellent donc les médias et décideurs à faire preuve de « rigueur » dans l’analyse et la diffusion de données, en s’appuyant sur des études « récentes et représentatives des réalités actuelles », afin d’éviter les interprétations « biaisées » et d’encourager un « débat constructif sur les questions d’égalité des genres et de justice sociale ».

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