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Energie
Le câble sous-marin Xlinks coûtera plus cher que prévu, l’électricité acheminée aussi

16.04.2024 à 17 H 24 • Mis à jour le 16.04.2024 à 17 H 24 • Temps de lecture : 4 minutes
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Classé d’« importance nationale » et désormais figurant dans la stratégie énergétique britannique, Xlinks, le projet de câble électrique sous-marin reliant le Maroc à la Grande-Bretagne, devrait coûter plus cher que prévu. C’est ce que fait savoir la société qui pilote le projet, Xlinks First, dans sa dernière mise à jour sur le projet et première communication autour des orientations sur les coûts de construction et le prix d’achat rendue publique ce 16 avril.


Selon les derniers chiffres de ce mois d’avril, la société annonce que le nouveau coût de construction devrait s’élever de 22 à 24 milliards de livres sterling (MM£), soit entre 27 et 30 milliards de dollars (MM $). Cela représente une importante augmentation par rapport au coût initialement prévu et qui était estimé à 20 MM£, soit 22 MM $. A son tour, la fourchette de prix d’achat de l’électricité acheminée par ce câble depuis Guelmim-Oued Noun, où on envisage d’installer un parc éolien et solaire, jusqu’en Grande Bretagne est aujourd’hui revue à la hausse. Selon Xlinks First, cette fourchette oscillerait entre 70 et 80 £/MWh. Les nouvelles estimations ressortent ainsi de près de 67 % en hausse par rapport au prix de 48 £/MWh prévue auparavant.


Cette révision des coûts annoncée par Xlinks First s’explique selon la société par la pression « significative » sur le coût de tous les projets énergétiques. D’une part, « cela est motivé par des effets macroéconomiques » étaye la société soulignant l'impact des événements mondiaux sur la chaîne d'approvisionnement, qui « représente environ 60 % du changement, en raison d’une multitude de facteurs, notamment l'augmentation générale des coûts des matières premières et de l'énergie, ainsi qu'une demande mondiale croissante pour les énergies renouvelables  ». D’autre part, « 40 % du changement concerne des effets macroéconomiques directs », ajoute la même source, citant les taux d'intérêt comme principaux facteurs.


Cette mise à jour intervient après que le gouvernement britannique a augmenté le prix maximum que les projets éoliens en mer et autres projets d'énergies renouvelables peuvent recevoir lors de la prochaine enchère du programme pour les Contrats de Différence (CdD).  Ce programme, qui octroi aux projets d'énergie renouvelable un prix garanti par le gouvernement pour l'électricité qu'ils produisent, vise à encourager les investissements continus au Royaume-Uni, explique un communiqué du département d’énergie britannique, cité également par Xlinks First. En vertu de cette décision, explique la tutelle dans ce communiqué, le prix d'achat maximum a été augmenté de 66 % pour les projets éoliens en mer, passant de 44 £/MWh à 73 £/MWh, et de 52 % pour les projets éoliens en mer flottants, passant de 116 £/MWh à 176 £/MWh en prévision de la sixième allocation l'année prochaine. Ces augmentations, qui devraient aider le Royaume-Uni à atteindre son objectif de produire 48 % de son électricité à partir de projets d’énergie renouvelable abrités sur son sol au premier trimestre de cette année, sont donc directement répercutées sur les prix de Xlinks First.


La société, qui assure toutefois que « l'impact de cela a été minime comparé à l'effet des changements macroéconomiques  » promet de continuer à optimiser le projet au fur et à mesure de son avancement. Elle souligne ainsi que ses orientations nouvellement dévoilées sont basées sur les projections de coûts internes « telles qu'elles se présentent aujourd'hui », le prix d'achat final « devant être déterminé par le Department for Energy Security and Net Zero du Royaume-Uni  ».


Pour rappel, Xlinks First prévoit de construire de vastes parcs solaires et éoliens dans le désert marocain et de transporter l'électricité propre ainsi générée en Europe via un câble sous-marin HVDC long de milliers de kilomètres. Le projet permettrait de fournir 3,6 GW d'électricité au Royaume-Uni, ce qui, selon les prévisions de la société, pourrait alimenter plus de sept millions de foyers et répondre à environ 8 % des besoins en électricité britannique. Ainsi, malgré les vents contraires économiques, Xlinks a gagné beaucoup de terrain ces derniers mois, notamment après la dernière reconnaissance de son projet par les autorités britanniques, attirant des investissements en actions d'Octopus Energy au Royaume-Uni, ainsi que des géants mondiaux de l'énergie comme Total Energies et Taqa.


Cependant, bien qu’il le mentionne dans sa stratégie énergétique, le gouvernement britannique indique qu’il examine toujours « sans engagement la viabilité et les mérites de la proposition pour comprendre si elle pourrait contribuer à la sécurité énergétique du Royaume-Uni ». La société a en outre dû faire face à plusieurs incertitudes quant à la concrétisation de ce câble sous-marin. En plus de personnes qui quittaient le navire, on notait aussi le manque de soutien clair du gouvernement britannique à l'initiative, malgré le tapage médiatique des promoteurs de Xlinks. Ceux-ci, à travers les médias britanniques, redoublaient d'efforts pour convaincre les autorités du pays. Ces efforts se poursuivent, comme l’indique selon James Humfrey, président directeur de Xlinks First, qui a déclaré que la société maintient « un dialogue constructif avec le gouvernement britannique et d'autres parties prenantes clés du projet, alors que l'entreprise progresse bien dans la mobilisation du capital nécessaire ».

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