ConsultingCEDEAO: pas de contrat de lobbying attribué par MHE à Guépard
Moulay Hafid Elalamy a-t-il engagé le cabinet Guépard Consulting de Abdelmalek Alaoui ( par ailleurs patron du HuffPost Maroc et de La Tribune Afrique) pour mener une mission de lobbying en vue de piloter le volet économique du processus d’adhésion du Maroc à la CEDEAO comme le rapporte Le1.ma (article supprimé, puis modifié depuis) ? En réalité, l’information est « dénuée de tout fondement », nous confirment diverses sources, autorisées et proches du dossier.
Si en effet, il existe bien un marché en cours d’attribution par le ministère de l’Industrie, dont les termes de référence sont consignés dans un document de 19 pages dont Le Desk détient copie, et portant sur l’« élaboration et formulation d’une stratégie opérationnelle visant à optimiser sur le plan commercial et économique l’entrée du Royaume du Maroc dans la CEDEAO », il ne s’agit aucunement d’un contrat de gré-à-gré, mais d’un projet de consultation réservé à des think tanks ou des centres de recherches internationaux de premier rang pouvant faire valoir une expérience de dix ans et avoir rempli des missions similaires auprès de ministères ou d’institutions multilatérales dans les domaines de l’économie, de la macro économie, de la politique des organisations multilatérales et de la géopolitique.
Articulé autour d’un phasage en quatre étapes étalé sur huit mois, (cadrage de la mission, évaluation de l’impact commercial et économique, élaboration de la stratégie de négociation commerciale et priorisation des secteurs clés, accompagnement dans le processus de concertation avec les secteurs public et privé), celui-ci, selon nos sources, nécessite une expertise particulière en techniques économétriques, « des ressources de haut niveau que l’on ne cherche dans pareil cas qu’à l’international », explique-t-on.
En plus d’être façonné pour des « big names » du secteur de type Brookings Institution, pour ne citer que le numéro 1 mondial, ce marché négocié requiert une spécialisation pointue sur l’Afrique. « Le cabinet Guépard ne peut remplir ces conditions, d’ailleurs ce marché n’a pas vocation à être attribué à un acteur marocain au vu du biais qu’il pourrait engendrer », ajoutent les mêmes sources. Un point d’inéligibilité qui concerne aussi certains autres prétendants potentiels étrangers pour son caractère éminemment politique, compte tenu du risk assessment auquel ils sont soumis.
Toujours selon nos sources, « les candidats ne sont même pas encore short-listés, le classement de l’Université de Pennsylvanie qui fait référence en la matière n’a pas encore été rendu public pour 2018 ».
Autant de contraintes prises en compte par le ministère de l’Industrie et par la Primature qui indique que l’attribution de ce marché ne sera actée qu’en octobre ou novembre.
« Le fait que cette fausse information ait pu être présentée de la sorte avec la mention d’un montant et d’un attributaire via une passation de gré-à-gré a une forte consonance politique au moment où de grandes batailles sur les périmètres d’intervention pour la candidature du Maroc à la CEDEAO sont actuellement menées en coulisses », commente une source proche du dossier. « L’implication et les efforts devant être consentis pour appréhender la réglementation et son harmonisation en vue d’une entrée à la CEDEAO ont été jusqu’ici minimisés par certaines parties en charge du dossier, et il faut lier cela à la situation présente au gouvernement, notamment à l’Economie et aux Finances », poursuit-elle. La charge contre le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita et du ministre délégué aux Affaires Africaines, Mohcine Jazouli est aussi à décrypter dans ce contexte...
Dans la nouvelle version de son article, Le1.ma, reconnait une confusion de contrats : « Nous disions dans une précédente édition que c’est Guépard Consulting Group qui avait décroché cette mission. Or, la société de son propriétaire Abdelmalek Alaoui, était plutôt en lice, sous le mandat de Meriem Bensalah à la CGEM, d’une mission similaire en faveur du patronat marocain. L’opération n’a pas abouti à cause du veto du ministre délégué aux affaires africaines, Mohcine Jazouli », écrit le site. Des sources proches du ministère délégué aux Affaires africaines affirment cependant n'avoir eu aucune interférence dans ce projet de contrat avec le patronat « qui ne le concerne, ni de près, ni de loin » .
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