Arabie SaouditeMBS, héritier des Al Saoud, clôture sa tournée américaine chez les Bush
Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane (MBS), a achevé ce week-end au Texas plus de deux semaines de tournée aux Etats-Unis, avec notamment une rencontre samedi avec les anciens présidents Bush, père et fils.
George H. W. Bush, “Bush père”, a tweeté samedi une photo le montrant avec le prince ainsi que son fils George W., « une magnifique occasion de célébrer l’ancienne amitié entre nos deux pays », a-t-il écrit.
Delighted to join the 43rd President and Jim Baker in welcoming the Saudi Crown Prince His Royal Highness Prince Mohammed bin Salman and His Royal Highness Prince Khalid bin Salman to Texas. A wonderful chance to celebrate the long-standing friendship between our two nations. pic.twitter.com/282LAJqWpO
&mdash George Bush (@GeorgeHWBush) April 7, 2018
La tournée de MBS l’a ainsi emmené, ainsi qu’un entourage pléthorique, de la Maison Blanche à Houston, en passant par Boston, New York, Seattle, Los Angeles et la Silicon Valley, pour ce qu’un expert a qualifié de campagne de relations publiques particulièrement bien planifiée.
Les rares critiques publiques contre le régime saoudien, parmi les leaders politiques et économiques rencontrés par MBS, sont venues du maire de Los Angeles. Eric Garcetti a fait savoir à la presse que, lors de leur entretien, il lui avait fait part de son inquiétude « sur les droits de l’homme et la crise humanitaire au Yémen ».
Mais le renforcement des relations entre Washington et Ryad, face à l’Iran, est la priorité de Donald Trump. Le président américain a mis en valeur sa complicité avec le jeune héritier de 32 ans, en le recevant dans le Bureau ovale le 20 mars.
Depuis, MBS s’est attelé à vendre sa « vision 2030 » d’une économie saoudienne moins dépendante du pétrole, désireux d’attirer des investissements d’entreprises américaines alléchées par la diversification potentielle.
La dernière partie de son voyage l’a donc vu rencontrer les dirigeants de Google, Facebook ou encore Palantir, ainsi que des fonds d’investissements à San Francisco et dans la Silicon Valley.
Il a vu auparavant Bill Gates, le fondateur de Microsoft devenu philanthrope, ainsi que Richard Branson pour parler exploration spatiale… et à Hollywood, il a participé à un dîner chez le très influent patron de médias Rupert Murdoch, en compagnie de patrons de studios et d’acteurs, dont Morgan Freeman, selon la revue Hollywood Reporter. Et ce, alors que le premier cinéma d’Arabie saoudite, géré par le géant américain AMC Entertainment, va ouvrir à Ryad le 18 avril.
Ultime étape : Houston au Texas, où le prince a rencontré les deux anciens présidents Bush. Il avait aussi rencontré Bill Clinton à New York. Seul Barack Obama, avec qui les relations étaient tombées au plus bas, n’a apparemment pas été au programme, parmi les présidents américains récents.
MBS démarre sa visite officielle de deux jours à Paris lundi. Il dînera avec le président Emmanuel Macron mardi soir. Le prince avait commencé son offensive de charme internationale le 4 mars en Egypte, avant de se rendre au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. L’Espagne suivra l’étape française.
« En termes de relations publiques, c’était un incroyable succès », dit à l’AFP Simon Henderson, spécialiste de l’Arabie saoudite au Washington Institute, qui argue qu’il est parvenu à éviter polémiques et chausse-trappes.
Un tour sur le compte Instagram du prince le montre, dans des dizaines de photos, tout sourire, souvent en costume sans cravate, aux côtés de divers chefs d’entreprises.
Il a réussi une gageure pour un prince saoudien, selon Simon Henderson : se présenter comme une personne relativement « ordinaire »… en allant commander un café dans un Starbucks, avec l’ancien maire de New York Michael Bloomberg.
« La grande question est la suivante : s’il a réussi sa campagne de relations publiques ici, est-ce que cela a aussi bien réussi chez lui ? », en Arabie Saoudite, demande l’expert. Si la tournée semblait fructueuse diplomatiquement, il reste également à savoir si elle portera ses fruits au plan économique.
Il n’est pas acté que les chefs d’entreprises américains ont été convaincus par le pitch de MBS pour investir dans le royaume, alors que la campagne anti-corruption du prince a ciblé des centaines de princes, ministres et hommes d’affaires. Un climat qui rend difficile, pour les Américains, d’identifier des partenaires durables en Arabie saoudite, souligne Simon Henderson.
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