
Débarquement d’Al Hoceima, un centenaire polémique
« Paradigme au débarquement de Normandie », « premier débarquement amphibie avec appui aérien et utilisation de chars », « l’un des grands succès militaires espagnols contemporains ». La presse ibérique ne manque pas de superlatifs quand il s’agit d’évoquer un fait historique, qu’elle considère majeur dans l’Histoire récente de l’Espagne. Le débarquement d’Al Hoceima est en effet un tournant de l’entreprise coloniale de Madrid, qui vit en cette année 1925, son crépuscule. Incapable de faire face à la confédération tribale menée par Ben Abdelkrim El Khattabi, et après avoir subi l’humiliante bérézina d’Anoual à l’été 1921, Madrid, assoiffée de revanche, est obligée de s’allier à la France pour enfin mater la dissidence rifaine. C’est tout l’enjeu de ce débarquement sur les rivages près d’Al Hoceima qui, au-delà de son aspect stratégique décisif, est aussi un précédent tactique. Au final, et si la Guerre du Rif (1921-1927) va encore durer presque deux ans encore, ce débarquement assure à l’Espagne de garder son protectorat sur le Maroc jusqu’en 1956. Un épisode marquant que l’armée ibérique souhaite conserver dans la mémoire du récit national. Mais à l’approche du centenaire, la classe politique est moins enthousiaste.
« Présides mineurs », l’autre sujet épineux
Le 10 mars dernier, soit six mois avant la date commémorative du centenaire du débarquement franco-espagnol, la presse ibérique affirme que la fête n’aura probablement pas lieu. Le média El Confidencial relaye ainsi des « sources militaires » stipulant que « la ministre de la Défense, Margarita Robles, a ordonné l'annulation des événements prévus pour éviter de gêner le Maroc ». L’embellie des relations entre les deux royaumes ne met donc pas à l’abri les différentes susceptibilités historiques concernant certains épisodes encore sensibles. Pour en savoir davantage, le même média numérique a tenté de questionner le ministère de la Défense et l'Etat-major de la Défense espagnols sur les raisons de l'annulation : « La seule réponse obtenue de l'Etat-major fut qu'une monographie sur le débarquement serait préparée, sans mention d'événements commémoratifs. Le ministère de la Défense, de son côté, n'a pas répondu aux questions posées ». La Grande Muette garde pour le moment le silence, visiblement gênée par une commémoration qui risque d’être tronquée.

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