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PolémiqueDoublé par ses ministres, Benkirane fait capoter le deal Akhannouch-Elalamy

24.01.2016 à 14 H 37 • Mis à jour le 24.01.2016 à 15 H 30 • Temps de lecture : 4 minutes
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Appuyé par son « bras droit » Mohamed Louafa, le Chef du gouvernement a poussé Moulay Hafid Elalamy a jeter l’éponge et suspendre la très controversée convention signée avec le département de l’agriculture pour la couverture d’un million d’hectares de récoltes par Saham Assurance.

La pression exercée par l’opinion publique, les médias, les réseaux sociaux et quelques politiques semble avoir donné ses résultats. Trois jours à peine après la signature de la convention entre les ministères des Finances, de l’Agriculture et la compagnie Saham pour le lancement d’un produit d’assurance agricole, les différentes parties ont décidé de faire machine arrière. Dans un communiqué tombé aujourd’hui à 2h du matin, Mehdi Tazi, PDG de Saham Assurance et jeune loup de l’écurie MHE, annonce la suspension de la convention jusqu’à nouvel ordre.


« Au regard de la polémique infondée engendrée par la signature de cette convention, Saham Assurance décide de stopper l’application de la convention, en attendant l’adhésion à ce produit de l’ensemble des autres compagnies intéressées, suite à l’appel lancé par le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime », signale Mehdi Tazi.

Petites affaires entre ministres

Une décision qui tombe 24 heures après l’appel lancé par le département d’Aziz Akhannouch à l’adresse de la Fédération des assureurs, présidée par Mohamed Hassan Bensalah, où le ministère assurait que le marché était ouvert à tous les opérateurs… Une manière de dire que MHE ne sera pas le seul à profiter de cette « manne », et que la participation des autres assureurs est plus que la bienvenue.


Akhannouch, qui ambitionne de couvrir 6 millions d’hectares de récoltes contre les aléas climatiques a besoin en effet de toutes les compagnies du marché. Mamda, mutuelle agricole dirigée par le puissant Abed Yacoubi Soussan couvre depuis 2011 un petit million d’hectares. La convention avec Saham devait porter la surface couverte à 2 millions d’hectares. « L’assurance agricole n’est pas un produit rentable. C’est le ministère qui a besoin des assureurs et pas le contraire. Par son initiative, Saham a voulu rendre service à l’Etat, pas s’enrichir sur son dos. C’est tout sauf un cadeau à Saham… », explique en off un dirigeant de Saham.


Mohamed Boussaid, ministre de l'économie et des finances et Aziz Akhannouch, ministre de l'Agriculture et des pêches. AIC.


Si l’argument économique se tient, le deal passé en catimini, comme le signale plusieurs observateurs, reste à la limite de la morale politique, le conflit d’intérêt étant plus que flagrant. Fondateur du groupe Saham, Moulay Hafid Elalamy est également ministre du Commerce et de l’industrie dans le gouvernement Benkirane. « Le ministère de l’Agriculture a très mal géré cette ouverture de marché. Il devait lancer un appel à toutes les compagnies, et traiter les demandes en toute transparence. La démarche d’aller négocier directement avec une compagnie appartenant à un ministre du gouvernement a été maladroite et nuit à l’image de l’exécutif », explique un ministre du gouvernement Benkirane, qui nous confie que c’est sur ordre du Chef du gouvernement que la convention a été stoppée.

Benkirane rappelle ses ministres à l’ordre

Abdelilah Benkirane aurait d’ailleurs été choqué par la démarche de ses ministres, qui traitent leurs petites affaires, sans le consulter. « Benkirane a appris la nouvelle comme le citoyen lambda, dans la presse. Il a tout de suite pris contact avec les ministres concernés pour avoir des clarifications. Après consultation de Mohamed Louafa, il a été décidé de suspendre cette convention pour limiter les dégâts politiques », confie notre source.


Faisant face à un large mouvement de grogne sociale (dossier des enseignants stagiaires, réforme des retraites, débat sur la retraite des ministres et des députés….), Benkirane avait besoin de tout, sauf d’une telle affaire, qui fait passer ses ministres pour des « prédateurs » à la recherche de la moindre fenêtre de tir pour se faire engraisser, insoucieux du contexte politique et social du pays. Mais du côté de l’entourage de Moulay Hafid Elalamy et de Aziz Akhannouch, on continue de croire que cette affaire est une « fausse polémique » : « Si Akhannouch avait signé ce contrat avec Wafa Assurance, Atlanta ou RMA Watanya, on aurait dit la même chose, crier au mélange des genres entre pouvoir et argent et affirmé que le ministre a donné un cadeau au groupe royal, à Bensalah ou encore Benjelloun, qui sont tous d’ailleurs des grands exploitants agricoles », confie notre source à Saham, qui rappelle que c’est Saham qui était à l’initiative de cette convention.


« Le marché est ouvert depuis 2011 et aucune compagnie n’a voulu s’y investir. En cette année de sécheresse, le ministère avait besoin d’élargir la couverture des récoltes pour éviter des drames dans le secteur. Saham est venu pour donner un coup de main à l’Etat, sachant que la compagnie allait débourser la première année pas moins d’un milliard de dirhams d’indemnités aux agriculteurs », explique notre source, qui tente de faire passer ce deal comme un cadeau de Saham à l’Etat, contrairement à ce qui a été soutenu par le député socialiste Mehdi Mezouari ou encore le pamiste Abdellatif Ouahbi, qui auraient « exploité à fond » ce marché controversé pour tacler le team Benkirane en cette année électorale.

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Par @MehdiMichbal
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