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PolémiqueLe journal d’un lycée français de Casablanca censuré pour un sujet traitant de la sexualité

18.12.2016 à 15 H 21 • Mis à jour le 18.12.2016 à 15 H 55 • Temps de lecture : 3 minutes
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La proviseure du Lycée Louis Massigon est accusé d’avoir interdit la diffusion de « L’Intersection », un journal confectionné par les élèves en raison d’un dossier consacré à « la sexualité chez les lycéens ». Ses rédacteurs alertent la presse et craignent des représailles si leur identité est dévoilée

Par un courrier anonyme adressé à la presse, mais dont la source a été authentifiée par Le Desk, des élèves du lycée français Louis Massignon de Bouskoura (Casablanca), affilié à la Mission laïque française, dénoncent « la censure » de leur journal scolaire L'Intersection, en raison de la confection d’un dossier portant sur « la sexualité chez les lycéens ».


Selon les élèves qui veulent porter cette affaire devant l’opinion publique, la décision d’interdire la sortie du dossier en question est du fait de la nouvelle proviseure Catherine Bellus qui est également, par son statut de chef d'établissement, la directrice de publication du fanzine.


Selon les dires des lycéens, cette dernière aurait chargé son assistante d'appeler le professeur encadrant qui supervise l’édition de L’Intersection afin de l'avertir que le journal ne pouvait en aucun cas être distribué aux lycéens en l’état, menaçant ces rédacteurs d’expulsion immédiate s’ils bravaient l’oukaze en le diffusant sur les réseaux sociaux. Une information confirmée par une source proche de l'encadrement éducatif.


Pas de volonté de provoquer, ni de polémiquer

Le journal devant être imprimé ce week-end puis distribué en début de semaine, les rédacteurs « ont été dans l'obligation d'écrire tout un dossier en quelques heures » relatent-ils, insistant sur leur déception de voir un travail de deux mois interdit de la sorte et critiquant l’attitude du chef d’établissement qui, selon eux, a manqué de « sens pédagogique ».


Le but de ce travail « n'était absolument pas de provoquer ou polémiquer », écrivent-ils dans leur message adressé aux médias. « A travers les articles abordés, tel que l'homosexualité ou encore la virginité, les élèves ne souhaitaient qu'éduquer, éclairer certains élèves, effacer des préjugés et encourager la tolérance », précisent-il, arguant du fait que leur travail était éditorialement anglé dans ce sens.



« Les rédacteurs élèves, ainsi que les professeurs (encadrant ou correcteurs d'articles) et les élèves, estiment qu'il n'y a rien de plus important que la liberté d'expression, et que dans un lycée (laïc qui plus est), les élèves devraient être encouragés à ouvrir un dialogue et partager leurs opinions », ajoutent-ils.


Suivant la démarche des lycéens, un compte twitter nommé @HanonymousMass a été créé samedi 16 décembre, « l'auteur est inconnu de tous mais semble également révolté par cette censure », peut-on lire dans le communiqué des lycéens.


« Il s’agit d’un dossier de deux pages en format A3 comportant six articles et des graphes reproduisant les résultats d’un sondage Google Forms », précise au Desk une autre source proche du Lycée Massignon. « Il a été instamment ordonné de ne pas communiquer la maquette de ce dossier sous peine de sanctions », ajoute la source qui a requit, comme les lycéens, l’anonymat.


Les encadrants ont été dans un premier temps priés de modifier la titraille de certains articles « en raison du champ lexical adopté faisant référence à la sexualité » explique la source. Des sujets, considérés à bien des égards comme des tabous au Maroc, « la première fois » ou des références aux religions avec la sexualité, ont été abordés en toute liberté, ce qui a « été considéré comme un dépassement ».


A la question de savoir si la décision avait été prise en raison d’une quelconque sensibilité à caractère politique, la source a indiqué que la proviseure « a manifestement voulu éviter de risquer de froisser les parents, mais aussi très certainement les autorités marocaines ». « La proviseure a toute latitude de suspendre la publication, il est cependant à noter que cette décision est intervenue le jour de la visite du directeur général de la Mission laïque », souligne la source.


« Les élèves sont très contrôlés dans l’enceinte du lycée, il leur est interdit de s’embrasser par exemple », poursuit la même source, qui explique que le dossier avait « pour vocation d’aborder, avec responsabilité et dans un sens respectueux d’un Maroc tolérant et ouvert, toutes les thématiques en relation avec la sexualité des adolescents ».


Ni les responsables éducatifs, ni la proviseure du Lycée Louis Massigon n'ont pas pu être joints par Le Desk.

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