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EducationLe Maroc ferme les établissements scolaires liés au Turc Fethullah Gülen

05.01.2017 à 18 H 23 • Mis à jour le 05.01.2017 à 23 H 08 • Temps de lecture : 5 minutes
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Les autorités marocaines ont décidé de fermer tous les établissements du groupe scolaire Mohamed Al-Fatih liés à Fethullah Gülen au motif de non conformité avec les lois nationales encadrant l’enseignement. Une mesure demandée par le pouvoir d'Ankara et précédée par une reconnaissance par le Maroc du caractère "terroriste" du mouvement "FETO" lié au patronat "Hizmet"

La mesure était attendue. Les autorités marocaines ont décidé de fermer tous les établissements du groupe scolaire Mohamed Al-Fatih liés à Fethullah Gülen au motif de non conformité avec les lois nationales encadrant l’enseignement. Une décision prise plus de quatre mois après la visite d’une délégation de parlementaires turcs dans le royaume pour convaincre les autorités de la « dangerosité » du mouvement Gülen, auquel Ankara impute la tentative de putsch du 15 juillet contre le président turc Recep Tayyip Erdogan.


« L'ensemble des établissements scolaires relevant du Groupe 'Mohamed Al-Fatih' lié au Turc Fethullah Gülen, leader du mouvement Hizmet, et présents dans plusieurs villes marocaines, seront fermées à partir de ce jeudi, pour propagation de l'idéologie de ce mouvement et de son fondateur et la diffusion d'idées contraires aux principes du système éducatif et religieux marocain », a annoncé le ministère de l'Intérieur.


« Suite aux investigations menées par les parties compétentes au sujet des établissements scolaires relevant du Groupe "Mohamed Al-Fatih » lié au Turc Fethullah Gülen, leader du mouvement turc ''Hizmet'', il a été constaté que ces établissements présents dans plusieurs villes du Royaume utilisent le secteur de l'enseignement et de l'éducation comme un champ fertile pour faire la propagande de l’idéologie de ce mouvement et de son fondateur et pour répandre des idées contraires aux principes du système éducatif et religieux marocain », a indiqué le Ministère de l'Intérieur dans son communiqué, relayé par l’agence MAP.


Lire notre enquête : Plongée dans les réseaux marocains de la confrérie de l’imam Fethullah Gülen


«  Ainsi, face au non-respect des avertissements adressés par le ministère de l'Education nationale et de la Formation professionnelle, en sa qualité de département de tutelle du secteur de l’enseignement, aux responsables de ces établissements pour remédier aux dysfonctionnements enregistrés et s'adapter aux dispositions juridiques et les cursus en vigueur, il a été décidé de fermer l’ensemble des établissements scolaires du groupe ‘Mohamed Al-Fatih’, dans un délai n’excédant pas un mois à partir du jeudi 5 janvier 2017 », souligne la même source.


« Dans ce contexte et prenant en considération l’intérêt des élèves et de leurs parents, le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle œuvrera pour le redéploiement de l’ensemble des élèves qui poursuivent leurs cours (dans les écoles du groupe 'Mohamed Al-Fatih’), dans d’autres établissements scolaires », conclut le ministère.


Lire aussi : Les étudiants marocains en Turquie appelés à dénoncer Fethullah Gülen


Le réseau Gülen est implanté au Maroc depuis 1994 à travers le groupe Mohammed Al Fatih, son groupe d’écoles privées disséminées dans plusieurs villes, notamment à Casablanca, Tanger et Fès. L’année dernière, cette institution qui fait partie de Hizmet, a été autorisée à proposer un enseignement permettant l’obtention d’un baccalauréat international reconnu par l’Etat, dispensant ses cours scientifiques en langue anglaise. Créée en septembre 1994 à Tanger, la SARL Mohammed Al Fatih, dont les actions sont détenues par Ibrahim Aktas et Mehmet Bozoglan, a été dotée d’un capital de 150 000 dirhams. En 2013, elle affichait un chiffre d’affaires de 9,7 millions de dirhams pour un résultat net de 850 000 dirhams. En 2011 et 2012, son chiffre d’affaires avait atteint 15 millions de dirhams. En avril 2013, une seconde société, Mahruan SARL, filiale de la SARL Mohammed Al Fatih était créée, cette fois-ci à Casablanca en association avec Thami Jamai Ghazlani, du groupe Jamai, très présent dans le bâtiment et l’immobilier.


Un établissement du groupe scolaire Mohammed Al Fatih au Maroc. L'institution est implantée dans le royaume depuis 1994, date de l'inauguration de sa première école à Tanger. CC


Les programmes proposés par ces écoles concurrencent les différents cursus européens, proposant une éducation de qualité qui met l’accent sur l’informatique, les nouvelles technologies et les matières scientifiques. Un enseignement qui a séduit de nombreuses familles qui cherchent à offrir à leurs enfants une éducation alternative à celle des établissements publics, tout en demeurant dans un cadre culturel correspondant à leurs valeurs religieuses et morales.


Des fonds transitant par le Maroc

En juillet dernier, une réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères des pays de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), tenue à Jeddah, en Arabie Saoudite, avait adopté un projet de résolution classant le mouvement de Fethullah Gülen comme organisation terroriste. Ce projet de résolution a été approuvé à l’unanimité des délégués des pays islamiques, dont celui du Maroc et à l’exception de celui de l’Egypte, qui a exprimé des réserves, en raison « des procédures juridiques » que cela nécessite. Il a été adopté en octobre par le conseil des ministres des Affaires étrangères de l’OCI.


En août 2016, le parquet turc avait requis deux peines de prison à vie et une peine supplémentaire de 1 900 ans d’emprisonnement à l’encontre de l’ex-imam Fethullah Gülen, accusé d’avoir ourdi le putsch avorté du 15 juillet en Turquie. Dans l’acte d’accusation de 2 527 pages, approuvé par les procureurs de la région d’Usak selon les informations diffusées mardi 16 août par l’agence de presse Anatolie, le prédicateur est accusé d’avoir « tenté de détruire l’ordre constitutionnel par la force » et « formé et dirigé un groupe terroriste armé ».


Les procureurs accusent le réseau Gülen, baptisé par Ankara « organisation terroriste Fethullah » (FETO), d’avoir infiltré les institutions et les services de renseignement. Le FETO est également accusé d’avoir rassemblé des fonds versés par des hommes d’affaires sous couvert de « dons », et d’avoir transféré l’argent aux Etats-Unis via des banques au Maroc, aux Emirats arabes unis, en Afrique du Sud, Tunisie, Jordanie et Allemagne. L’accusation soutient enfin que le groupe s’est appuyé sur son réseau de fondations, écoles privées, entreprises, sociétés d’assurance ou encore médias pour prendre le contrôle des institutions turques.

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