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AutomobileLe Chinois BYD au Maroc : une annonce non chiffrée

10.12.2017 à 00 H 54 • Mis à jour le 10.12.2017 à 01 H 23 • Temps de lecture : 8 minutes
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Le constructeur automobile chinois BYD Auto Industry, soutenu par le multimilliardaire Warren Buffett, a présenté au roi son projet d’implantation d’un écosystème de transport électrique dans le royaume. Une annonce, qui suit celles faites en rafale dans le monde par BYD, mais dont le montant d’investissement au Maroc, ni les délais de mise en route, n’ont été dévoilés

Le Roi Mohammed VI, a présidé, samedi au Palais Royal à Casablanca, la cérémonie de présentation du projet de réalisation au Maroc par le groupe chinois BYD Auto Industry, fondé en 1995 et élargi en 2003, « d’un écosystème de transport électrique, et de signature du protocole d’accord y afférent », rapporte la MAP.


Après les groupes français Renault et Peugeot (PSA), BYD (Build Your Dreams) est le troisième constructeur automobile à poser pied au Maroc.


Localisation et montant d’investissements non précisés

« Le projet sera implanté près de Tanger, dans la future Cité Mohammed VI Tanger Tech, une "ville industrielle" portée par le groupe chinois Haite et dont la création a été annoncée en mars dernier », avancent les agences Xinhua et AFP, tandis que les officiels ne précisent pas la localisation du projet, dont Challenge en avait initialement situé l’emplacement à Tanger Automotive City.


Aucune information n'a été communiquée sur le montant des investissements de BYD au Maroc, ni sur la date de mise en service des sites de production. « Ce projet pilote occupera une superficie de 50 hectares, dont 30 hectares couverts et créera 2 500 emplois directs », a simplement indiqué le ministre de l'Industrie, de l'Investissement, du Commerce et de l'Economie numérique, Moulay Hafid Elalamy, soulignant que ce partenariat stratégique prévoit à terme «  l’installation d’une usine de batteries, d’une usine de véhicules de tourisme électriques, d’une usine d’autobus et de camions électriques et d’une usine de wagons de trains monorail électrique ».


« Leader mondial du transport électrique, BYD Auto Industry compte 220 000 employés, répartis sur plus de 30 sites industriels dans le Monde. BYD réalise un chiffre d’affaires de 17 milliards de dollars et représente 13 % des véhicules électriques vendus dans le monde. Le groupe détient notamment 30 % du 1er marché automobile électrique mondial, le marché chinois », est-il précisé.


Le cabriolet F8 de BYD présenté au salon de l'auto de Détroit en 2009. ACR


BYD, d'abord un fabricant chinois de batteries basé à Shenzhen, dans le Guangdong, en Chine, s'est diversifiée dans l'automobile en 2003, lorsque BYD Company a racheté la Tsinchuan Automobile Company, alors au bord de la faillite. Dès 2008, ses véhicules ont été importés au Maroc avec un succès très relatif.


Une chute importante de bénéfices pour 2017

Depuis 2010, BYD est la quatrième marque automobile chinoise par le nombre de véhicules vendus, fait figure de pionnier de la voiture électrique avant le décollage de l'américain Tesla : le groupe a commercialisé son premier véhicule hybride en 2008, et dévoilé un an plus tard sa première voiture entièrement électrique, la e6 - bien avant que Tesla n'entame, en 2012, les ventes de son Model S.


BYD, qui a investi massivement dans les véhicules hybrides et électriques, anticipant les restrictions chinoises en matière de véhicules polluants, prévoit cependant une baisse de 15,1 % à 20 % de son bénéfice net annuel, soit à 607 millions de dollars, selon les données financières de l’entreprise consultées par Le Desk sur les bourses de Hong Kong et Shenzhen.

 

Une ambition mondiale, mais un marché européen difficile

BYD tente depuis des années de construire une présence mondiale avec agressivité depuis que le multimilliardaire américain Warren Buffett en a acquis 10 % en 2008 a travers sa firme Berkshire Hathaway : l'entreprise a ouvert sa première usine de bus électrique en Europe en avril. L'usine de Komarom, dans le nord de la Hongrie, d'une valeur de 20 millions d'euros, a la capacité de fabriquer 400 bus à batterie par an. Ces bus seront exportés vers des clients à travers l'Europe, avait déclaré BYD dans un communiqué.


La société a également annoncé en mars son intention d'investir 10 millions d'euros pour la construction d'une usine de bus électrique en France. L'usine sera construite à Allonne, dans le nord de la France. Elle entrera en production dans la première moitié de 2018 et produira jusqu'à 200 bus par an, selon les données de BYD.


En outre, BYD a également un partenariat au Royaume-Uni avec Alexander Dennis Limited (ADL), qui a déjà livré des bus électriques aux villes de Liverpool et de Londres, a indiqué la compagnie.


En Amérique du Nord, BYD dispose d'une usine d'assemblage en Californie pour fournir des bus électriques avec comme ambassadeur de la marque la star de cinéma Léonardo Di Caprio, et a annoncé le mois dernier l'ouverture d'une usine en Ontario, au Canada, pour fabriquer des véhicules à courte portée tels que les ordures et les camions de livraison. Les autorités canadiennes n’ont cependant pas voulu commenter cette annonce.


Wang Chuanfu, 51 ans, président de BYD, l'un des entrepreneurs les plus fortunés de Chine. FORBES


BYD n'a pas encore réalisé son ambition de vendre des voitures en Europe. Il y a cinq ans, le président de BYD, Wang Chuanfu, a déclaré au Financial Times que BYD exporterait la voiture électrique e6 et l'hybride rechargeable S6DM de Chine vers l'Europe à fin 2012. Ce plan ne s'est jamais concrétisé.


En Chine, BYD a un partenariat avec Daimler. Les partenaires prévoient d'étendre leur coopération pour introduire de nouveaux modèles de véhicules électriques sur le plus grand marché du monde alors que la Chine cherche à éliminer progressivement les véhicules fonctionnant avec des combustibles fossiles. BYD évoque de plus des investissements dans Shenzhen Denza New Energy Automobile, dans un projet avec Daimler, a déclaré Chuanfu, en septembre.


Daimler et BYD visent à ajouter plus de modèles sous leur marque Denza, non rentable, qui vend seulement un modèle, une berline à cinq places.


La « route de la soie » et l'environnement, arguments d’Elalamy

Pour le Maroc, Moulay Hafid Elalamy, a prononcé une allocution devant le Roi dans laquelle il a présenté les grandes lignes du projet citant le développement des relations sino-africaines : « celle d’un Maroc, prolongeant la Route de la Soie, vers l'ensemble du continent africain ».


Elalamy a fait observer que ce projet a été rendu possible, grâce à plusieurs facteurs, « notamment la visite royale en Chine, en mai 2016, au cours de laquelle plusieurs accords de coopération ont été signés, permettant aujourd’hui à des investisseurs chinois, d’envisager sereinement leur implantation au Maroc ».


« Le royaume est reconnu, désormais, pour être une plateforme compétitive de production automobile », a poursuivi le ministre, notant que « des opérateurs leaders dans des secteurs de pointe, tels que les matériaux composites, le lighting, ou encore la connectique, sont déjà implantés au Maroc ».

 

Le Maroc mène depuis quelques années une ambitieuse stratégie d'industrialisation, notamment à Tanger, ville d'un million d'habitants qui abrite aujourd'hui plusieurs parcs industriels.


Le secteur automobile y est particulièrement développé, surtout depuis l'implantation sur une zone franche d'une usine Renault, la plus grande d'Afrique. Le Maroc veut ajouter une quatrième grande usine d'automobiles avant la fin de 2021, avec une production qui devrait débuter en 2023 ou 2024, pour l'aider à atteindre son objectif d'avoir une capacité suffisante pour produire 1 million de véhicules par an d'ici 2025.


A ce niveau, les responsables marocains estiment que le pays se classerait parmi les 15 premiers pays producteurs de véhicules dans le monde. Le royaume se veut également un acteur majeur du développement durable sur le plan régional, grâce à une stratégie volontariste en matière d'énergies vertes. L'objectif est de porter, d'ici 2030, la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique marocain à 52 %.


« Ce projet précurseur de BYD, qui introduit de nouvelles spécialisations dans le royaume, inscrit résolument le Maroc dans la dynamique à l’œuvre au niveau mondial consistant à développer de nouvelles formes de transport alliant efficacité et respect de l’environnement », a souligné dans ce sens le ministre.


Le président du groupe BYD Auto Industry, Wang Chuanfu a, pour sa part déclaré que « BYD est heureux de coopérer avec le Maroc sur ce projet, et partager son expérience développée dans plusieurs pays au cours de ces dernières années dans le développement des écosystèmes de mobilité électrique », formant le vœu de voir « la coopération entre le Royaume du Maroc et BYD constituer un bon exemple pour d’autres pays dans le monde dans le déploiement de solutions énergétiques innovantes », rapporte la MAP.


Ce projet « confirme la compétitivité du Royaume et son attractivité pour les investisseurs étrangers », a affirmé le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaid dans une déclaration à la presse à l’issue de la conclusion de l’accord.


Chuanfu a été par ailleurs reçu en audience royale en présence du conseiller Fouad Ali El Himma et de Moulay Hafid Elalamy.


La Chine, premier marché mondial, a lancé en septembre dernier un pavé dans la mare en disant envisager à terme l'interdiction de la production et de la vente de voitures à carburants fossiles. En 2015, BYD était la marque mondiale ayant le plus vendu de véhicules électriques, devant Luxgen. Pour la deuxième année consécutive, en 2016, BYD, avec plus de 100 000 exemplaires livrés, occupe cette même position. En octobre 2016, BYD est devenu le deuxième constructeur mondial de véhicules électriques, en amont de Luxgen.


En Europe, le cabinet AlixPartners estime qu'à l'horizon 2030, les deux tiers des véhicules légers (voitures particulières et utilitaires) neufs seront plus ou moins électrifiés.

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