Maroc-EspagneLes «violées de la Huelva» séquestrées en Espagne avant leur expulsion vers le Maroc

Des « scènes dantesques », selon la presse locale, ont eu lieu tout au long de la matinée de ce dimanche 3 juin, alors que des centaines de femmes marocaines qui travaillaient jusqu’ici comme saisonnières de l'entreprise Doñaña 1998 d'Almonte ont été « invitées » à bord de bus à retourner dans leur pays d'origine et ce avant le terme de leur contrat de travail qui prend fin la semaine prochaine.
Le but étant, selon leurs avocats et l'Union des travailleurs andalous (SAT) - un petit syndicat d'agriculteurs -, de les empêcher de « ratifier les allégations auprès du juge d'instruction suite à la plainte qu'elles ont formulée hier auprès de la Guardia civil, et dont elle comptait faire aussi état devant l'Inspection du travail lundi matin », rapporte La Mar de Onuba.
Urgente. Las mujeres marroquíes que denunciaron abusos en Huelva están siendo despedidas. Las han desalojado de la finca amenazándolas con expulsarlas a Marruecos. No hay derecho. No hay justicia. pic.twitter.com/4jOV6Xvz8j
&mdash A. Sánchez Moreno (@alejandrosanmo) June 3, 2018
Depuis quelques semaines et la publication d'une enquête accablante sur des cas de viols et de harcèlements sexuels, l'affaire des saisonnières marocaines de la Huelva a pris un tournant judiciaire et diplomatique. Alerté par la presse sur leur sort, le ministre de l'Emploi, Mohamed Yatim, avait dans la précipitation catégoriquement nié, et par deux fois, des faits d’esclavage sexuel pourtant documentés. En Espagne cependant, l'arrestation d'un suspect a poussé le ministre à réviser sa position, après que les services consulaires marocains de Séville aient reconnu les faits, mais sans reconnaître la responsabilité partagée du gouvernement marocain dans cette affaire.

Ce dimanche, la Guardia Civil aurait ainsi empêché les bus déjà affrétés à prendre le chemin du Maroc, et renvoyé les saisonnières dans les exploitations d’où elles avaient été expulsées. Elles y seraient « retenues » selon l’antenne de la SAT à Huelva en prévision de leur renvoi au Maroc, rapporte des médias locaux espagnols.
“¿Dónde voy yo ahora ? El jefe me obliga a salir de aquí. Hace tiempo que no me pagan. ¿Dónde voy yo ahora ?”Las #mujeres denuncian y graban el momento en el que la #GuardiaCivil llega durante la expulsión forzosa de las trabajdoras #Marruecos de la finca Doñana 1998 en #Huelva pic.twitter.com/pHLid3oCJE
&mdash Lucía Muñoz Lucena (@luciamunozluc) June 3, 2018
Le représentant de la SAT à Huelva, Jose Antonio Arm Regalado, affirme que ces ouvrières agricoles ont déposé plainte devant la police de Huelva pour avoir été « raflées de leur lieu de travail ».
Comme indiqué dans la plainte, dont les médias locaux Confidencial Andaluz et La Mar de Onuba détiennent copie, « les kidnappées », au nombre de 400, avaient été enrôlées pour la cueillette des fruits rouges par la société Doñana 1998. Celle-ci, appuyée par la Guardia Civil dans cette tentative d’expulsion prématurée, a décidé de la résiliation de leur contrat en représailles à leur plainte collective déposée vendredi dernier et dont il était question que les inspecteurs du travail l’examine dès lundi.
Le conseiller juridique de la société Doñana 1998, contre laquelle la plainte est dirigée, a nié les faits selon La Mar de Onuba et, bien qu'il admette qu'il a aujourd'hui procédé « à la résiliation du contrat temporaire des femmes et leur retour au Maroc », a assuré qu'il s'agit d'une « procédure normale » puisque « la saison des fraises est terminée », et que « leur départ était programmé aujourd’hui ».
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