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Maroc-EspagneHuelva: Yatim botte en touche sur les conditions de vie et les défections massives des saisonnières

22.06.2018 à 01 H 31 • Mis à jour le 22.06.2018 à 10 H 45 • Temps de lecture : 3 minutes
Par et
Le ministre de l’Emploi a accordé à l’agence espagnole EFE une interview dans laquelle il a de nouveau tenté de minimiser le phénomène des agressions sexuelles d’ouvrières saisonnières marocaines qui a fait scandale à Huelva. Il a botté en touche sur leurs conditions de vie jugées désastreuses et éludé la question des défections estimées à 2 000 sur les 15 000 enrôlées cette année

Dans un entretien accordé à l’agence espagnole EFE, Mohamed Yatim, ministre de l’emploi, considère que l'envoi d’ouvrières agricoles saisonnières pour travailler pour la collecte de fraises à Huelva en Espagne « a été un succès », malgré les « cas isolés » d'agressions sexuelles.


Yatim a dit qu'il veut négocier avec le gouvernement espagnol pour augmenter le quota des saisonnières jusqu'à 18 000 pour la campagne de 2019, soit 3000 de plus que cette année, où le nombre de 15 000 a déjà atteint un record historique.


« Yatim se débattait encore et encore pour minimiser les cas d'agressions sexuelles et de harcèlement » subis par les ouvrières agricoles marocaines, soulignant que son gouvernement, écrit EFE, « fait confiance aux autorités espagnoles, à sa société civile et à ses institutions ». « Ce n'est pas un pays où tout est permis », a affirmé le ministre.


« Nous savons que la loi espagnole est sans concession à la fois sur l'agression et le harcèlement sexuel, donc nous sommes tranquilles (et) le juge espagnol est indépendant (…) », a-t-il dit.


Cependant, « le ministre a poursuivi sur la pointe des pieds quant aux conditions de vie de beaucoup de saisonnières », rapporte EFE. Selon un rapport interne du gouvernement marocain élaboré après l'envoi de deux missions de contrôle dans les champs de Huelva et dont EFE a pu avoir accès, il y est mentionné que les saisonnières engagées dans les fermes souffrent de mauvaises conditions de logement et de travail.


Ainsi, certaines vivent dans des casernes préfabriquées sans ventilation, d'autres subissent des coupures d'eau et d'électricité par leurs employeurs pendant de nombreuses heures pour réduire la dépense. Certaines doivent payer 2 euros par jour pour leur logement, la plupart, en général, se plaignent qu'elles ne sont enrôlées qu’un jour sur deux, rapporte EFE.


Yatim a seulement admis que « certains aspects doivent être améliorés, comme les conditions de logement », et a souligné que l'une des mesures les plus importantes à l'avenir devrait être l'inclusion d’accompagnateurs ou de médiateurs entre les femmes (qui ne parlent généralement pas l’espagnol) et leurs employeurs.


Il a également reconnu qu'une opération de cette envergure (15 000 travailleuses temporaires embauchées en quelques semaines) aurait nécessité plus de temps de préparation pour éviter les problèmes découlant, entre autres, des exigences contractuelles strictes : seules des femmes, mariées, âgées de 20 à 40 ans et avec des enfants à charge de moins de 14 ans, sont élligibles.


Près de 2 000 femmes ont fui dès leur arrivée en Espagne

Cependant, note EFE, la précipitation du recrutement indique que ces conditions n'étaient pas respectées et que beaucoup de femmes qui ne répondaient pas à ces exigences étaient embauchées.


Une autre question que Yatim a essayé d'éviter dans l'interview était celle des défections, ajoute EFE. Selon une estimation des entrepreneurs eux-mêmes, environ 2 000 femmes ont fui ou disparu après avoir leur arrivée sur le territoire espagnol, en grande partie dès l’accostage de leur bateau au port, perdant ainsi leur visa et devenant des immigrants irréguliers.


Yatim a confirmé le phénomène contestant toutefois cette estimation, mais sans pourtant livrer un autre chiffre, disant qu'il est trop tôt pour connaître le nombre total de ces cas avant l'achèvement complet de la saison.


Enfin, et en référence aux dénonciations concernant d'éventuelles expulsions ou résiliations du contrat des travailleuses intérimaires qui avaient accusé leurs employeurs, Yatim a déclaré « ne pas avoir de preuves », mais a promis d'enquêter sur le sujet, conclut EFE

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