DébatsA Essaouira, Edwy Plenel plaide pour la libération des prisonniers du Rif

Depuis Essaouira, invité le 22 juin pour une « carte blanche » au Forum des droits de l'Homme du Festival Gnaoua Musiques du Monde, Edwy Plenel a appelé à la libération des prisonniers du Hirak, condamnés à des peines de 20 ans de prison. Dans son intervention, abordant le sujet de la culture et de la violence, le fondateur du site d’enquêtes français Mediapart a dit espérer « une certaine clémence », à leur égard
« Je manquerais à mes devoirs de journaliste si je n'évoque le mouvement social du Rif et du Hirak, avec ses 20 ans de prison pour des personnes qui ont participé à ce mouvement (…) toute une vie en prison », a déclaré Edwy Plenel, avant de lancer sous un tonnerre d’applaudissements : « J’espère bien qu’une certaine clémence interviendra et qu’ils seront libérés ».
Lors de cette rencontre organisée par A3 Communication en partenariat avec le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), de l'Université Mohammed V et de TV5Monde, avec le soutien du Desk, Edwy Plenel s’est également longtemps attardé sur la question de la place de la culture. « Le Festival d’Essaouira, ce n’est pas seulement du plaisir, du bonheur et de la beauté. On fait aussi de la politique dans le meilleur sens du terme, de la politique du partage et de la politique du mélange », a déclaré le journaliste face à un auditoire enthousiaste.
La culture, selon lui, ne protégerait d’ailleurs pas forcément de la barbarie. A titre d’exemple, l’Europe qui « s’est projetée dans le monde alors qu’elle croyait détenir le savoir », pour poursuivre qu’au « nom de tout cela, elle a conquis, elle a opprimé et mis en esclavage », a déclaré cette voix critique du colonialisme, de la ségrégation, et des violations des droits humains sous toutes ses formes. « N’oublions pas qu’en Europe, c’est au nom d’une culture supérieure qu’on a tué des humains », a-t-il rappelé.
Sous les applaudissements d'un public conquis, Plenel a également averti de ne pas oublier que « les libres penseurs, avant la Révolution française, pouvaient lire Jean Jacques Rousseau et accepter la traite des noirs ». Un crime ayant fait « la richesse de l'Europe », selon lui.
Un rappel historique qu’Edwy Plenel n’a pas hésité à comparer à ce qu’il présente comme « la catastrophe d’aujourd’hui ». « Malgré l’intermède Obama, les Etats-Unis, avec Bush Jr. et Trump, première puissance économique et militaire, premier producteur de pétrole, continuent, dans notre monde, dans cette erreur », a-t-il souligné. « Par un mensonge d’Etat, devenu mensonge médiatique, au lieu de combattre la terreur issue d’une idéologie totalitaire, on a fait une riposte mensongère qui crée ce qu’elle dit combattre », a-t-il affirmé, rappelant que « de ce mensonge, de cette logique de puissance, est née une catastrophe qui continue ».
Une réalité historique qui a donné l'occasion à Plenel d'aborder le cas français. « On continue de demander à nos compatriotes venus d'Afrique d'oublier ce qu'ils sont. La culture ne suffit pas à empêcher la barbarie ». « Je viens d'un pays, la France, où on oublie notre déclaration des droits de l'Homme, encore faut-il que nous soyons le pays non seulement de cette déclaration mais aussi des droits de l'homme », a insisté à dire le célèbre journaliste.
Et de conclure en saluant ce « festival qui défend l’idée qu’il n’y a pas d’identité à racine unique. Une plante qui prétendrait qu’elle n’en a qu’une seule, mourrait tout de suite »…
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