DiplomatieEspace maritime: le Maroc recule face au tollé espagnol ?
Prévue pour ce lundi 23 décembre en début de soirée, l'adoption définitive par la Chambre des représentants des deux projets de loi 37-17 et 38-17, relatifs à la délimitation de l'espace maritime du Maroc sur l'Océan Atlantique et la Méditerranée, a été reportée à une date ultérieure, rapporte le site semi-officiel Le360, qui précise, citant une source parlementaire que l'adoption des deux textes a été retirée de l'agenda de cette séance plénière sans raisons précises. Aucune date de leur examen par les députés n’a été fixée.
La présentation de ces deux textes aux députés, qui ont suscité de vives réactions de la part de la classe politique espagnole et du parti socialiste (PSOE) en particulier, devait être faite par le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita après avoir été votés à l’unanimité, il y a tout juste une semaine, par la commission parlementaire chargée des Affaires étrangères, de la défense, des MRE et des affaires islamiques.
L’instauration unilatérale d’une zone économique exclusive de 200 miles nautiques devait ainsi après vote au Parlement définir de par la loi « des lignes de base ainsi que le plateau continental des fonds marins reliant le Maroc à l'Espagne, au Portugal et à la Mauritanie ».
Selon El Pais, Madrid « exige un accord mutuel avec le Maroc pour fixer les frontières maritimes », notamment sur le volet du voisinage du Maroc avec les îles Canaries, les enclaves de Sebta (Ceuta) et de Melilla, sur la côte méditerranéenne.
Madrid opte pour la prudence, Rabat prêt au dialogue...
Le gouvernement espagnol a opté pour « la prudence – compte tenu de l’importance de Rabat dans le contrôle de l’immigration – mais sans cacher son attente d’une négociation avec le Maroc pour régler ce problème », ajoute la même source. Le ministère espagnol des Affaires étrangères qui répondait aux interrogations du quotidien madrilène a dit « ne pas connaître le détail du contenu et de la portée » des règlements approuvés par le Maroc, rappelant que fin novembre, Bourita a rencontré à Madrid le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, et Josep Borrell, mais que cette question de frontières maritimes n’avait pas été soulevée…
Ceci-dit, Margarita Robles, qui depuis le départ de Josep Borrell occupe également le poste de ministre des Affaires étrangères avait communiqué à l'ambassadeur du Maroc à Madrid, Karima Benyaich, que l'Espagne s'opposerait à toute redéfinition des frontières maritimes qui ne serait pas le fruit d'un consensus, rapporte le journaliste Ignacio Cembrero dans une tribune d' El Confidencial.
Selon la même source, le Maroc ne fait pas un geste hostile envers l'Espagne mais répond à ce qui est à ses yeux une « provocation » du Front Polisario qui a convoqué à Tifariti, à l’est du mur de défense marocain, son 15ème Congrès. « Alors que le Maroc profite de tout moment de faiblesse pour avancer ses pions, le gouvernement espagnol évite à tout prix le moindre frottement avec son voisin afin de préserver à tout prix sa coopération dans la lutte contre le terrorisme et, surtout, contre l'immigration clandestine », ajoute Cembrero.
« Ces textes traduisent la volonté du Maroc de protéger et de préserver ses intérêts suprêmes au niveau de son espace territorial, ainsi qu’à l’échelle géopolitique de la région. Il s’agit d’un choix stratégique et souverain en premier lieu, fondé sur les droits légitimes du Maroc et reposant sur des bases juridiques pertinentes », défendait la diplomatie marocaine dans un communiqué diffusé par l’agence MAP.
Mais au même moment, Bourita assurait devant cette même Commission, que « le Maroc reste ouvert avec l'Espagne, la Mauritanie et le Portugal sur les chevauchements possibles (…)à travers le dialogue et le partenariat positif », notamment en ce qui concerne les délimitations prévues sur la façade atlantique avec les Canaries.
Rabat qui a ratifié la Convention des Nations unies (Montego Bay) sur le droit de la mer en 2007, disposait d'un délai de dix ans maximum pour délimiter son plateau continental, lequel délai devrait prendre fin durant l’année en cours.
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