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PolémiqueJean-Paul Mira au Desk: «Je ne suis pas raciste»

08.04.2020 à 13 H 56 • Mis à jour le 08.04.2020 à 15 H 10 • Temps de lecture : 4 minutes
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Après l’indignation suscitée par ses propos sur les tests sur le coronavirus en Afrique tenus lors d’une émission télévision en France, Jean-Paul Mira, chef de service à l’hôpital Cochin de Paris, tient à replacer son intervention « dans son contexte » en s’excusant à tous ceux qui auraient été blessés par sa sortie dont il reconnaît la grande maladresse

Le 1 avril, au cours d’une émission diffusée par la chaîne LCI, Jean-Paul Mira, chef de service à l'hôpital Cochin de Paris, se veut « provocateur ». « Si je peux être provocateur, est-ce qu'on ne devrait pas faire cette étude en Afrique (des tests de vaccin contre le Covid-19, ndlr) où il n'y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation (…) qu’est-ce que vous en pensez ?  ». Réponse de son interlocuteur, Camille Locht, directeur de recherche à l'Inserm : « Vous avez raison, on est d’ailleurs en train de réfléchir à une étude en parallèle en Afrique. »


Cette séquence, tirée d’un échange plus long entre les deux chercheurs, a provoqué un tollé. (Au Maroc, le Club des Avocats a annoncé porter plainte en France pour « diffamation raciale », Les Panafricaines ont fustigé ses propos « insultants » par voie de communiqué). Si bien que l’OMS est sortie de son silence pour fustiger les propos « racistes » tenus sur LCI. « Ce genre de propos racistes ne fait rien avancer. Ils vont contre l'esprit de solidarité. L'Afrique ne peut pas et ne sera un terrain d'essai pour aucun vaccin », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Pour tenter d’éteindre la polémique, le ministère français des affaires étrangères a expliqué que les propos controversés « ne reflétaient pas la position des autorités françaises. »



Contacté par Le Desk, Jean-Paul Mira dénonce, d’abord, le lynchage dont il affirme faire l’objet. « Ce que vous appelez polémique, j’appelle cela du lynchage médiatique et des réseaux sociaux. En tout cas, c'est ce que je vis. Insultes par milliers. Menaces de mort contre moi et ma famille par dizaines. Fake news utilisant un compte Twitter créé à mon nom pour diffuser des messages bourrés de fautes d'orthographe destinés à augmenter la haine contre moi. Polémique ? Je ne crois pas que ce soit la définition. » (Au Maroc, par exemple, le site Welovebuzz a relayé dans un article à charge le contenu du faux compte twitter).


 

Et de présenter ses excuses à ceux qui se seraient sentis offusqués par ses propos : « Je suis sincèrement désolé si mes mots n'ont pas été clairs. Et je vous prie ainsi que chacune des personnes blessées d'accepter mes excuses. »


Revenant sur le « contexte de cette émission », le chef du service de réanimation de l'hôpital Cochin précise : « Un chercheur proposait de tester le vaccin BCG sur l'évolution de la maladie Covid-19. Ce vaccin modifierait les défenses de l'organisme pour diminuer le risque de formes graves. Cette recherche est prévue en France, aux Pays Bas, en Allemagne et en Australie, mais pas en Afrique. »


« L'Afrique est touchée mais il y a peu de tests diagnostiques pour le prouver. Le nombre de morts dans cette épidémie est comptabilisé en France, en Chine, etc… sur les morts à l'Hôpital. Alors quand vous n'allez pas à l'hôpital ou quand il y a peu d'hôpitaux...Mais c'est un sujet journalistique non traité. L'Afrique pourrait être encore plus touchée car le virus ne connait pas de frontières. L'Afrique pourrait être encore plus exposée aux formes graves, car il y aura peu de masques comme partout, et peu de confinement du fait de la structure sociale », poursuit-il.


« Il me semblait alors intéressant que en plus de la France et de l'Australie, un pays africain puisse participer à cette étude en sachant que je ne suis en rien impliqué dans cette étude que je connaissais pas avant l'émission. Voila le propos. Toute l'histoire est là. Je n'aurai pas du poser de questions. Mais je suis inquiet pour l'Afrique, même si vous n'allez pas me croire. Les réanimations sont rares, et j'ai vu à Paris comme nous avons été débordés par la vague. Les soins sont coûteux et longs et les systèmes de soins pas toujours protecteurs comme en France. Les essais cliniques se font partout dans le monde. Peu en Afrique. »


Pour lui, c’est contre cela qu’il convient de s’indigner : « Il y a peu de tests diagnostiques en Afrique. Vous devriez vous offusquer de cela aussi. Il y a peu de réanimation et de respirateurs en Afrique, et sans ces équipements la survie des formes graves est impossible », nous écrit-il, se disant « blessé » par les propos tenus à son encontre. « Je vais faire ce que je connais le mieux. Soigner les gens et j'espère que ces quelques mots d'explication vous permettront de mieux comprendre mes propos maladroits. »


Et de présenter à nouveau ses excuses : « Mes sincères excuses, mais il n'a jamais été question de test, je ne suis impliqué dans aucune recherche. J'ai eu des propos pas clairs, et surement très maladroits. Désolé sincèrement pour cela. Mes excuses sont sincères. Je ne suis pas raciste », dit-il, faisant remarquer qu’il a « travaillé 18 mois à Dakar »…

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