DiplomatieProjet Pegasus : Benmoussa réplique aux accusations chez Lagardère

Après les accusations portées par Forbidden Stories et ses partenaires sur un usage industrialisé du logiciel espion Pegasus, Rabat qui a décidé de porté plainte, passe aussi à l’offensive médiatique en France. L’avocat du royaume fait les plateaux télé, tandis que l’ambassadeur du Maroc à Paris accorde une longue interview au Journal du Dimanche (JDD), reprise par ParisMatch. Deux médias du groupe Lagardère, adversaires de Mediapart et où on retrouve Ramzi Khiroun, conseiller très spécial du groupe et réputé proche du Maroc, présent lors des festivités de la Fête du Trône de 2019... Porte-parole, directeur des relations extérieures et membre du comité exécutif du groupe Lagardère, celui-ci vient de fonder une agence d'influence : la SAS Agence française de promotion d'événements internationaux.
Dans les colonnes du JDD, Chakib Benmoussa affirme que « le Maroc n'a pas espionné le Président Emmanuel Macron. Il n'a pas non plus espionné l'ancien Premier ministre ou des membres du gouvernement. D'ailleurs, aucun élément ne corrobore cela », fait-il savoir, tout en manquant pas de rappeler « les liens humains et culturels extrêmement forts » entre la France et le Maroc, dans un signe d'apaisement et afin d'éviter toute éventuelle crise diplomatique.
Pour se dédouaner de toute utilisation du logiciel développé par la firme israélienne NSO Group, Benmoussa ne manque pas de s'interroger sur les liens pouvant lier son pays avec Pegasus. « Ce listing de 50 000 numéros qui auraient subi une intrusion ou une tentative d'intrusion semble avoir été reconstitué. Mais comment ? Le groupe NSO affirme qu'il ne tient pas de listing (...) Nous nous demandons également quels éléments permettent de faire le lien avec nos autorités. Les acteurs qui ont lancé ces accusations fortes, doivent maintenant apporter des preuves », précise-t-il.
Les personnes présentées comme ayant été victimes de Pegasus sont aussi mentionnées : En quelques jours, le rouleau compresseur s'est mis en place, avec une campagne massive et coordonnée qui exploite l'émotion d'acteurs se sentant de bonne foi violés dans leur intimité », glisse-t-il, tout en déclarant durement par la suite au sujet d'Omar Radi et de Moulay Hicham : les gens connus pour leur hostilité au Maroc n'ont pas besoin d'être espionnés pour qu'on sache ce qu'ils ont à dire ! », tonne l'ambassadeur.
Pour rappel, après avoir effectué des aller-retours entre Paris et Rabat afin de présenter le rapport de la Commission Spéciale sur le Modèle de Développement, Chakib Benmoussa est vraisemblablement enfin de retour à la capitale française. Ce 26 juillet d'ailleurs, il devra participer à une rencontre au Centre culturel de Patrick Drahi, en compagnie de l'ambassadeur d'Israël à Paris.
Une mission compliquée par ailleurs l'attend : calmer Paris après les révélations du consortium de médias mené par Amnesty International et Forbidden Stories. Dans la foulée des articles publiés mettant en cause le Maroc, le président français avait tenu un Conseil de défense exceptionnel, tandis que son entourage annonçait que des investigations allaient être menées. Selon une information rapportée par le JDD, citant le coordinateur du renseignement Laurent Nunez, « les résultats (de ces enquêtes;ndlr) pourraient rester confidentiels, au nom du secret-défense ».
Dans la journée du 24 juillet, des sources médiatiques israéliennes avaient notamment fait part d'un entretien téléphonique entre Emmanuel Macron et le Premier ministre israélien, Naftali Bennet. Principal sujet de la discussion : le projet Pegasus. « Le président français Emmanuel Macron a appelé personnellement le Premier ministre Naftali Bennett cette semaine pour s'assurer que le gouvernement israélien était au courant des allégations », précise-t-on. D'après les mêmes sources, le chef de l'État aurait exprimé « sa préoccupation que le Maroc fasse partie des gouvernements qui auraient utilisé le logiciel espion développé par la société israélienne ». De son côté, Channel 12 affirme que « Bennet a indiqué que les événements se sont produits avant qu'il ne prenne ses fonctions en mai et que les conclusions requises sur la question seront tirées ».
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