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PolitiqueÉlections partielles : le bras de fer entre Benkirane et Laftit en trois actes

27.07.2022 à 13 H 46 • Mis à jour le 27.07.2022 à 13 H 46 • Temps de lecture : 5 minutes
Par
Benkirane - Laftit
Battu aux élections partielles, le parti de la lampe accuse des agents d’autorité d’être intervenus en faveur du Rassemblement national des indépendants. Distillées au fil de ses Facebook live, les accusations d’Abdelilah Benkirane ont fait réagir le ministère de l’Intérieur

Nouvel épisode de tensions entre l’Intérieur et Abdelilah Benkirane. Depuis que son parti a perdu le 21 juillet les élections partielles à Al Hoceima et à Meknès, le secrétaire général du PJD multiplie les propos accusateurs à l’adresse de la « mère des ministères ». Ce qu’il lui reproche ? L’intervention de quelques agents d’autorité en faveur du parti d’Aziz Akhannouch.


Tout commence au soir 21 juin lorsque la section de Fès-Meknès du parti de la lampe diffuse un communiqué dénonçant, entre autres, le « trucage des résultats dans certains bureaux » de la circonscription et l’expulsion d’observateurs de la formation politique islamiste avant le dépouillement. Benkirane, pour qui ces élections sont un véritable test de popularité depuis son retour à la tête du PJD, accuse le coup dans un premier temps en silence.


Le 24 juillet, le zaïm islamiste sort de son mutisme à l’occasion de ce qu’il présente comme une « cérémonie » visant à rendre hommage aux militants de Meknès, où leur « participation a permis la réalisation de beaucoup de choses ». « Vous avez obtenu quasiment le même nombre de voix qu'aux élections du 8 septembre. Le fait que vous ayez obtenu 5 700 voix contre 7 000 l’année dernière est un exploit qui mérite des félicitations », fait-il mine de se réjouir dans un Facebook live de près d’une heure.


Tenu en apparence pour soulager le dépit des militants et d’Abdessalam Elkhaldi, candidat islamiste à Meknès, ce conclave avait aussi un autre but : condamner des « irrégularités » dénoncées par le bureau régional du PJD. « Vous me dites qu'il y a eu des choses illégales et antidémocratiques. Je n'en doute pas. Mais je veux d'abord vous dire une chose : qui connaît la candidate qui s'est présentée à Meknès ? L'a-t-on déjà entendue prononcer un mot ? », lance-t-il à ses hôtes depuis son fief du quartier des Orangers à Rabat, pointant du doigt l’inexpérience de la candidate du RNI, Sofia Tahiri.


« Ce n’est pas logique »

Comme à l’accoutumée, le tribun ne formule pas d’accusations claires contre le ministère de l’Intérieur mais des soupçons distillés au fil des live pour contester le résultat du scrutin. « Comment se fait-il qu'un peuple qui appelle à la démission de ce gouvernement et de son chef vote pour le parti présidé par le même chef du gouvernement ? Ce n'est pas logique », s’interroge-t-il. Mais encore ? « Soit les gens qui ont voté pour lui ont touché de l'argent, et je leur dis honte à vous (…) car vous vendez votre pays, l'avenir de vos enfants, vous vendez votre honneur et votre dignité » ou « sur instruction de certains agents d’autorité ».


L’ancien chef du gouvernement, qui entend introduire un recours pour faire annuler l’élection, fonde ses griefs essentiellement sur le taux de participation dans la commune de Dkhissa : « Il faut nous expliquer comment les gens de Dkhissa ont voté à 73 %. C'est honteux ! Jusqu'à 16h30, le taux de participation était de 3 à 4 %. Comment est-il passé ensuite de 3 % à 73 % ? »


« Si le PJD n'a pas protesté contre les résultats du 8 septembre, nous, nous protesterons même pour un siège. C'est une question de principe. Nous n'allons pas nous taire. Nous disons au ministre de l'Intérieur que nous n'acceptons pas ce résultat », fulmine le secrétaire général sous les encouragements de ses ouailles qui entonnent des slogans à la gloire du parti.


Pour le département de Laftit, qui s’est fendu le 25 juillet d’un communiqué au vitriol, il s’agit d’allégations « malveillantes et inacceptables » dont le but est « de porter atteinte à la crédibilité de l’opération électorale et ce, en faisant la propagande d'informations erronées selon lesquelles le vote aurait été orienté par certains agents d'autorité » et « en proférant à leur encontre des propos diffamatoires qui ne sont pas à la hauteur du discours politique sérieux dont doit faire preuve le secrétaire général d’un parti politique. »


Le ministère de l’Intérieur, qui se garde de nommer Abdelilah Benkirane, considère que ces diatribes ont pour objet de « porter atteinte à cette étape électorale et semer le doute sur son déroulement d’une manière méthodique et délibérée, à l’instar de la ligne politique adoptée par le parti lors des échéances électorales du 8 septembre 2021. »


« Il ne s'agit ni plus, ni moins que d'un mépris et d'un refus de la volonté des électeurs qui ont choisi en toute liberté et responsabilité leurs représentants dans la gestion de la chose publique nationale », dénonce encore la même source dans le communiqué relayé par la MAP.


« Il faut faire une enquête au lieu de me répondre ! »

Décontenancé par la réplique de l’Intérieur, Benkirane est monté à nouveau au créneau pour s’adresser cette fois directement à Abdelouafi Laftit, faisant monter le ton d’un cran. « J’ai critiqué des agents d’autorité, dont le nombre ne dépasserait pas cinq. J’ai été surpris que le ministre de l’Intérieur réagisse par un communiqué inapproprié. Est-ce que nous avons encore le droit de parler dans ce pays ? Vous voulez que notre relation avec notre État soit empreinte de peur ? J’ai vécu la période d’Oufkir, une période où nous avions peur, j’ai vécu aussi la période de Driss Basri, où j’ai été frappé, emprisonné, j’ai connu Derb Moulay Chrif (…) Malgré tout, nous n’avions pas toute cette peur. Sa Majesté m’a juré que l’ère de Basri ne reviendrait jamais », déroule-il dans un nouveau live diffusé le 26 juillet. Et d’enfoncer le clou : « Si vous me répondez ainsi, je me demande si un Marocain pourrait encore vous parler ! »


« Le taux de participation à Meknès était de 4 à 18 %, sauf dans deux communes, dont Dkhissa, où il était de 72,31 %, soit plus que le taux enregistré le 8 septembre », répète-t-il, s’étonnant que le RNI y ait raflé 96 % des votes. « Y a-t-il au Maroc un parti qui recueille 96 % ? Ça n’existe pas ! », s’exclame-t-il.


« Quand je vous dis, M. le ministre de l'Intérieur, que l'argent a circulé, il faut faire une enquête au lieu de me répondre ! Votre réponse date de lundi, un jour après mon intervention. Avez-vous eu le temps de vérifier ces chiffres ? Avez-vous questionné sur ces 73 % ? Si oui, je vous défie de m'expliquer le taux de participation à Dkhissa. Même aux États-Unis, il n'y a pas un taux de participation de 73 % », poursuit l’ancien chef de l’Exécutif, avant d’annoncer à nouveau sa volonté de saisir la justice.

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