Politique Espagne: le débat électoral déterre une sombre affaire d’espionnage au Maroc

Le nom de Marcial Dorado, un narcotrafiquant aujourd’hui âgé de 73 ans, est sur toutes les lèvres lors du débat électoral en Espagne. Pour cause, ce mafieux aurait été un ami intime d'Alberto Núñez Feijóo, le président du Parti Populaire (PP).
La relation entre les deux hommes avait éclaté au grand jour, après la publication d’une photo par le quotidien El Pais en 2013. Sur le cliché pris durant les années 1990 on voit les deux hommes sur un bateau près des côtes galiciennes (nord de l'Espagne). Depuis, le candidat du PP a dû s’expliquer à plusieurs reprises sur sa relation avec le narcotrafiquant, condamné en 2009 à 10 ans de prison pour avoir tenté d’introduire en Espagne près de huit tonnes de cocaïne.
En 2013, la justice espagnole requiert 15 ans de prison et 42 millions d'euros d'amende contre Marcial Dorado pour blanchiment d’argent. Celui-ci avait créé plusieurs sociétés en Espagne, au Portugal, au Liechtenstein, mais aussi au Maroc pour blanchir l’argent de la drogue.
Une officine pour espions au Maroc
Mais les activités criminelles de Marcial Dorado ne semblaient pas si secrètes que ça. En 2007, un ex-membre de la garde civile espagnole avait déjà mis en lumière la présence de Dorado au Maroc, faisant toutefois des révélations compromettantes pour le Centre national de renseignement (CNI), les services secrets espagnol.
Dans la plainte déposée auprès bureau du procureur anticorruption, l' ex-agent affirmait que le CNI « a facilité la création d'entreprises au nom de Dorado au Maroc pour les utiliser par la suite comme Cheval de Troie pour l'espionnage espagnol ».
La société créée par Dorado, Oil-Maroc S. A, était spécialisée dans la production d’huile d’olive. Selon l’ex-agent, l’ambassadeur d’Espagne à Rabat, Jorge Dezcallar, avait « facilité par l’intermédiaire de ses conseillers, l’achat de cette entreprise pour Dorado ».
À l'époque, le CNI avait nié en bloc toute relation avec le mafieux. Alberto Núñez Feijóo, alors président de la Junte de Galice, avait quant à lui déclaré « ne pas connaitre le passé du narcotrafiquant ».
Plus de dix ans après, le candidat du PP est encore interpellé par plusieurs candidats de gauche sur sa relation « intime » avec l'un des plus grands narcotrafiquant espagnol.
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