Santé privéeAkdital : les ambitions derrière la nouvelle levée de fonds d’1 MMDH

S’étant engagé dans un ambitieux plan de développement et de maillage territorial, le groupe Akdital cherche aujourd’hui à renforcer ses capacités financières. Une levée de fonds a ainsi été décidée, afin de mettre à la disposition du leader de la santé privée au Maroc les fonds nécessaires pour mener à bien ses nouveaux projets d’hôpitaux privés prévus dans les quatre coins du royaume, a annoncé lors d’une conférence de presse ce 25 juin Rochdi Talib, P-DG du groupe.

Le prospectus relatif à cette augmentation du capital a été visé par l’Autorité marocaine du marché des Capitaux (AMMC) le 24 juin. Cette augmentation réservée au public se fera  par l’émission de 1 492 537 nouvelles actions pour un montant global de près d'1 milliard de dirhams (MMDH), incluant une prime d’émission, avec suppression du droit préférentiel de souscription des actionnaires, détaille-t-on.  La période de souscription est prévue du 2 au 9 juillet, avec un prix fixé à 670 dirhams par action.

En menant cette opération, à peine 18 mois après son introduction à la bourse de Casablanca, le groupe de santé ambitionne à concrétiser son plan de développement tout en maintenant l’objectif fixé de 35 % de dette. Les fonds additionnels générés par l’émission de ces actions serviront à financer un programme d’investissement d’environ 3 MMDH à l’horizon 2026.

51 établissements à fin 2026

En septembre dernier, le groupe, qui présentait ses résultats financiers au titre du premier semestre de 2023, avait annoncé un programme d’investissement de 1,64 MMDH pour financer 15 ouvertures prévues au cours des deux prochaines années Aujourd’hui, les ambitions d’Akdital semblent s’être agrandies. En plus des établissements déjà inaugurés en 2024, de nouveaux ont été intégrés à cette stratégie de maillage territorial. Ainsi, au lieu des 8 ouvertures initialement prévues d’ici 2026, le groupe table aujourd’hui sur 17 ouvertures, indique Talib.

Selon le P-DG, l’objectif est d’atteindre un réseau de 51 établissements d’ici fin 2026, ce qui « se réalisera avec cette levée de fonds ». En plus de mobiliser les ressources financières nécessaires à cela, cette opération trouve toute sa pertinence à la lumière de l’engagement pris par le groupe : renforcer l’infrastructure sanitaire marocaine tout en luttant contre les déserts médicaux. En outre, note Talib, la création de ces établissements équivaut la « création de la richesse et de l’emploi, chaque lit rajouté s’accompagnant de 2 à 3 emplois directes créés, en plus d’encourager les investisseurs privés dans ces régions, en améliorant l’offre sanitaire ».

🔴#FastTalk. À peine 18 mois après son IPO, le Groupe Akdital est de retour sur le marché financier. Une levée de fonds d’1 MMDH est enclenchée pour financer un programme d’investissement de près de 3 MMDH. Objectif : porter le nombre des hôpitaux Akdital à 51 d’ici 2026, en vue… pic.twitter.com/LVAyjXtxFN

— Le Desk (@LeDesk_ma) June 26, 2024

Les nouvelles ouvertures prévues accompliront deux objectifs : d’une part, elles doteront plusieurs villes de structures sanitaires dont elles ont désespérément besoin, le groupe désirant faire « des villes lointaines désertiques sur le plan médico-chirurgical » sa priorité. Cela devrait se concrétiser par la mise en place d’hôpitaux à Taza, Berkane, Khemisset, Kalâa des Sraghna, Larache, Berrechid et Sefrou. A noter que des ouvertures prévues bientôt dans des villes comme Essaouira et Tétouan, où des établissements verront le jour d’ici le début du mois prochain ne sont pas tenues en compte, ces projets ayant été finalisés avant la levée de fonds.

Akdital. Résultats 2023. Infographie: Mohamed Mhannaoui / Le Desk

D’une autre part, la demande s’étant avérée plus qu’importante dans plusieurs villes où Akdital a déjà mis le pied, où il opère plusieurs centres, les nouvelles ouvertures viendront renforcer son offre pour répondre aux « flux croissants de patients ».  Dans ce cadre, le groupe prévoit la mise en place de nouveaux hôpitaux à Casablanca, Tanger, Agadir, Fès et Marrakech. Akdital porte d’autres projets visant le même objectif dans des villes telles que Meknès ou encore Benguerir, où des infrastructures hospitalières sont déjà en cours de construction et ont été financés en dehors du nouveau programme.

Au total, le plan d’expansion, que la levée des fonds permettra de financer, élargira la présence d’Akdital à 31 villes à l’horizon 2026, portant sa capacité totale à plus de 5 700 lits. A terme, le groupe compte porter son réseau à 39 établissements d’une capacité totale d’un peu plus de 5 000 lits d’ici juillet 2025. Autrement dit, le groupe, qui compte aujourd’hui un réseau de 24 établissements d’une capacité de plus de 3 000 lits, table sur un taux d’accroissement de sa capacité de 25 % en 2025 et de 12 % en 2026.

Une expansion au rythme de l’innovation

Le renforcement du maillage territorial s’accompagne non seulement d’un souci de qualité des soins, mais d’innovation aussi bien au niveau du parcours patient que des équipements, afin de garantir « la meilleure prise en charge possible ». Mettant l’accent sur la diversification des prestations et étant devenu le principal acteur de santé privée à offrir un parcours complet des soins au niveau de la quasi-totalité de ses hôpitaux et cliniques, Akdital vise aujourd’hui à aller encore plus loin dans le rehaussement de la qualité de ses services.

Pour cela, il mise gros sur les équipements, dans l’objectif de doter ses structures des moyens techniques « les plus pointus, les plus performants et de dernière génération ». En quête de cette excellence opérationnelle, Akdital lorgne désormais la robotisation. Les ambitions du groupe dans ce sens ont été annoncées lorsqu'il a introduit pour la première fois au Maroc le robot chirurgical Da Vinci. Après cette première introduction, le groupe s’attèle aujourd’hui à généraliser cette technologie.

Une salle d'opération de Un hôpital privé du groupe Akdital. Crédit : Le Desk

Un plan pour doter plus d’établissements de cette technologie est déjà établi, que l’actuelle levée de fonds devrait aider à concrétiser. Selon Talib, Akdital compte déjà équiper trois de ses hôpitaux de robots Da Vinci. « Ce sera au niveau de trois à quatre établissements », nous confie le PDG, ajoutant avoir «  déjà une commande pour trois établissements à Rabat et à Casablanca  ».  Cela portera le nombre des établissements disposant de cette technologie à deux sur Casablanca, où « pas mal d'établissements sont très demandeurs », en plus d’un à Rabat, d’ici 2025, promet-t-il.

Les ambitions du groupe ne s’arrêteront pas là. « Notre rêve est d'arriver dans les années à davantage développer la robotisation pour pouvoir traiter et opérer des malades à distance et opérer le malade avec une présence d’un chirurgien à distance qui va pouvoir apporter de grandes compétences chirurgicales pour des villes qui sont éloignées du grand axe Casa-Rabat », affirme Talib.

L'internationalisation en stand-by

A travers cette augmentation du capital, le groupe vise donc deux programmes : celui de l’expansion, principalement, et puis celui de la robotisation. Cette opération vient encore ancrer l’engagement du groupe pour assurer une couverture étendue du territoire marocain, renforçant l’offre de santé nationale. Ainsi, pour le moment, le groupe, dont le PDG promettait l’année dernière « une surprise excitante » et des annonces d’ouvertures à l’étranger, se voit abandonner temporairement ses plans d’internationalisation.

Talib l'explique par sa « priorité principale (…) de couvrir tout le territoire national ». Objectif : «  couvrir les 12 régions du pays, les différentes villes de toutes tailles de telle sorte à apporter des soins de grande qualité pour les Marocains, pour rien que le Maroc pour le moment  ». Le grand besoin en soins internes étant toujours présent et un long parcours devant toujours être franchi pour atteindre la moyenne de deux lits pour 1 000 habitants - « Nous sommes toujours à 1,2 ou 1,3 lits pour 1 000 habitants, et dans certaines zones c’est 0,8 ou moins », lance Talib -,  le groupe porte, pour le moment, une « vision maroco-marocaine ».

Akdital devra donc attendre avant d’inaugurer des structures envisagées au Sénégal ou encore aux Émirats, comme évoqué au départ. Cependant, le groupe ayant enclenché depuis quelque temps une dynamique soutenue de « super-croissance » et ne cessant d’élargir ses ambitions, aucune possibilité n’est écartée pour Akdital « On verra par la suite s'il y a des opportunités à l’étranger dans l'avenir  », nous souffle son PDG.

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