ConférenceEconomie des soins et autonomisation des femmes au centre de discussions internationales à l’UM6P
« L'économie des soins constitue un tremplin pour la réalisation des objectifs du Modèle de développement puisqu'elle contribue à assurer des conditions de vie saines pour les individus au sein de leur environnement familial », a affirmé, ce mardi, le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Aït Taleb dans le cadre de la première conférence internationale sur l’économie des soins qui se tiendra les 25 et 26 juin à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Rabat.
A cet effet, la ministre de la Solidarité, de l’Insertion Sociale et de la Famille Aawatif Hayar, a souligné qu’en accueillant cette rencontre internationale, le Maroc « ambitionne d’échanger les expériences et les expertises afin de formuler des recommandations capables de donner un nouvel élan aux efforts déployés pour renforcer la résilience des familles et atteindre le bien-être social ».
Quant au ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, celui-ci déclare que « le Maroc s’engage résolument vers une nouvelle ère de développement et de justice sociale. Notre pays a relevé avec succès le défi de renforcer l’État social, en mettant en avant des mesures concrètes pour la protection sociale et l’amélioration de l’accès aux services publics ».
« Nous nous concentrons sur des axes stratégiques pour promouvoir l’égalité entre les sexes, en particulier sur le marché du travail. Nous travaillons à la refonte du Code du travail pour qu’il soit en adéquation avec les réalités de l’économie des soins, en garantissant des conditions de travail équitables et respectueuses des droits des travailleurs », poursuit-il.
En effet, il ressort des interventions des responsables gouvernementaux que le Maroc est en quête de valorisation des métiers du soin, et de promotion d'une meilleure répartition des responsabilités de soins entre les sexes, tout en améliorant les conditions de travail dans ce secteur.
Expériences croisées des pays du monde
Durant cette première journée, l’Université a accueilli une pléiade de responsables de haut niveau venus des quatre coins du monde pour prendre part à cette rencontre stratégique et partager l’expérience de leur pays dans le cadre de l’autonomisation des femmes à travers l’économie des soins. Plusieurs représentants de pays africains, arabes et asiatiques ont pris part à la discussion.
Au Djibouti par exemple, il est question d’adopter une nouvelle stratégie d’investissement sur le capital de l’infrastructure ferroviaire et routière, mais aussi sur le capital humain, à travers la création de fonds de résilience car « quand on investit dans le capital humain d’aujourd’hui on investit aussi dans le futur de demain qui réduira le déficit d’hier ».
Pour le représentant de la Gambie, « les soins sont les parents pauvres des politiques et restent souvent dans la sphère domestique et marginale ». Dans ce sens, le gouvernement gambien a soutenu plusieurs fonds d’aides aux femmes en besoin. « Il s’agit d’un programme qui est dans sa première phase et 8 millions de femmes bénéficient au premier semestre de ce programme pilote », explique le représentant.
Par ailleurs, le représentant de la Libye évoque une augmentation des pensions et allocations accordées aux veuves et aux personnes en situation d’handicap pour une meilleure justice sociale. Dans ce sens, « pas moins de 7 milliards de dinars libyens ont été distribués aux plus défavorisés. On a aussi crée des postes dédiés aux femmes pour les pousser à être au premier plan des postes de décision ».
D'autres représentants ont pris la parole dans le cadre de ce partage d’expériences, notamment des ministres de l’Azerbaïdjan, de l’Égypte, de la Jordanie, du Singapour, du Liban et de l’Arabie Saoudite.
Plusieurs pays arabes ont participé à cette table ronde. Les femmes de ces pays sont d’ailleurs celles qui souffrent le plus de leur faible part dans le marché du travail, a soulevé la directrice régionale du bureau d’ONU Femmes pour les États arabes, Susanne Mikhail Eldhagen. « Le travail domestique des femmes arabes ne leur permet ni de rentrer ni de sortir de la tranche de la population travailleuse ».
De plus, les hommes, pour la majorité dans la région de pays arabes (67 %) souhaiteraient passer plus de temps avec leurs enfants et prendre en charge plus de responsabilités, mais sont obligés de travailler pour pouvoir subvenir aux besoin de leur famille, précise-t-elle. « Si on investit dans l’économie des soins cela sera différent, les revenus familiaux pourraient augmenter de 47 % en intégrant les femmes dans le marché du travail et les hommes pourraient s’engager davantage dans le travail domestique et l’éducation des enfants ».
Enfin, Mohamed El Azizi, le directeur général de la Banque africaine de développement (AfDB) pour l'Afrique du Nord présente quelques recommandations urgentes pour promouvoir l’économie de soins, notamment un plan d’action détaillé sur l’économie des soins dans le cadre d’un partenariat entre le secteur privé la société civile et les régions. Il s'agit également de promouvoir, prévoir et diriger les incitations vers des entreprises habilitées à répondre aux besoins de la société civile, et de créer des incitations pour renforcer l’engagement du secteur privé dans le cadre de l’émancipation des femmes, notamment à travers le déploiement des crèches dans les entreprises pour les employés et employeurs
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